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Le nouveau classement des auberges collectives

| Publié le 26 mai 2023
             

Bien loin du parc hôtelier qui compte 12 000 établissements classés, les auberges collectives représentent entre 3 et 400 établissements sur le territoire. Des établissements attractifs pour la jeunesse mais qui ont parfois un peu vieilli, alors, depuis septembre dernier, ceux qui se sont remis au goût de jour peuvent le faire savoir via le nouveau classement qui leur est dédié. Philippe Kaspi, secrétaire général d’Atout France, nous explique comment cela fonctionne.

Philippe Kaspi ©Atout France

VA/ Atout France a mis en place depuis septembre dernier un système de classement des auberges de jeunesse, pouvez-vous nous en dire plus ?

Le classement des hébergements par étoiles existe en France depuis 1937 ; la France a été l’un des précurseurs parmi toutes les grandes destinations touristiques dans ce domaine mais jusqu’alors, il s’appliquait à d’autres segments de l’hébergement, principalement l’hôtellerie, les terrains de camping, avec les étoiles qui leur sont attribuées en fonction des équipements, du confort, des services rendus, etc. Un dispositif de classement constitue à la fois un indicateur pour les clients d’un certain niveau de qualité de l’établissement mais aussi le moyen pour ce dernier de mieux se faire connaitre, de justifier une certaine exigence de qualité. Le fait que le classement soit prononcé par Atout France, opérateur de l’Etat, signifie qu’il repose sur des critères qui ont été prédéfinis avec les professionnels et qui sont objectifs et transparents, avec un contrôle du respect des critères opéré par des organismes accrédités.

VA/ : Est-ce à dire que les auberges de jeunesse vont monter en gamme ?

Le secteur des auberges de jeunesse est en pleine évolution. A un certain moment, il y a pu avoir une image un peu vieillissante de ces dernières mais c’est un secteur qui s’est énormément modernisé, avec de nouveaux services, une qualité renouvelée, de nouveaux acteurs, des produits innovants, et c’est justement cette évolution que vient reconnaitre la création d’un classement. Celui-ci va en effet contribuer à faire monter en qualité l’ensemble du secteur puisque son principe est qu’il y a un certain nombre de critères que doivent remplir les auberges de jeunesse pour pouvoir être classées. Dans certains cas, cela va donc demander des efforts d’amélioration du service rendu aux clients de la part de ses auberges.

VA/ Quels seront les critères pour être classé ?

A la différence des hôtels, comme on est sur un nombre d’établissements beaucoup plus réduits (entre 3 et 400 établissements), ce classement est binaire. Il n’y a pas d’étoiles, une auberge est simplement classée ou pas classée, sur la base du respect de critères qui ont été définis par arrêté ministériel. Ceux-ci sont au nombre de 43 pour ceux qui sont obligatoires et à cela s’ajoutent 49 critères optionnels qui, s’ils sont remplis, font l’objet d’une communication sur le site sur lequel est géré le classement. Concrètement, il y a des critères qui touchent aux équipements, à  l’accueil, à l’accessibilité, aux chambres, aux sanitaires ; d’autres qui concernent le service aux clients, l’information, la restauration. Pour donner un exemple en matière de développement durable, il y a un critère obligatoire qui porte sur le fait de proposer aux clients dans la partie restauration au moins trois produits issus de l’agriculture française, régionale, ou circuit court, équitable ou bio.

VA/ Comment tout cela se matérialise-t-il pour le client final ?

Il y a plusieurs éléments de communication. D’abord, sur l’auberge elle-même, il y a ce que l’on appelle un panonceau, c’est-à-dire un panneau métallique avec un pictogramme qui permet de visualiser d’emblée que l’établissement est classé. Il s’agit là d’un panonceau spécifique aux auberges collectives, qui a été défini par arrêté ministériel et qui sera apposé sur ces auberges. D’autre part, sur le site d’Atout France consacré au classement, la totalité des établissements classés sont répertoriés avec la possibilité pour ceux qui le souhaitent de connaitre les critères qui ont justifié ce classement. Enfin, chaque établissement classé a la possibilité de l’afficher sur son site et de faire savoir qu’il est classé dans sa communication. A noter que la demande de classement consiste en une démarche volontaire de l’établissement. 

Auberge de Jeunesse la plus écologique, Yves-Robert à Paris emblématique de la démarche DD

VA/ Quel est l’objectif derrière ce classement, revaloriser les auberges collectives ? Les promouvoir ? Etaient-elles un peu délaissés ?

Il y a deux objectifs. Le premier est de faire reconnaitre la montée en gamme et les investissements qui ont été consentis dans les auberges de jeunesse pour permettre un renouvellement et une modernisation de l’offre. En outre, le classement est aussi un outil pour faire progresser les auberges qui jusqu’alors n’avaient pas pris en compte des critères qui sont aujourd’hui devenus obligatoires. Elles savent que désormais, si elles veulent pouvoir être classées, elles vont faire des efforts pour atteindre le niveau de qualité et d’exigence voulu par le classement. Or cela va devenir de plus en plus important dans la communication qu’auront ces auberges vis-à-vis de leurs clients potentiels.

VA/ Ce classement va-t-il avoir une incidence sur le prix ?

Le prix est un élément effectivement fondamental ou en tout cas caractéristique des auberges de jeunesse. Elles maintiendront donc, classement ou pas classement, cette situation qui est un point essentiel de leur attractivité.  Cela étant, les auberges de jeunesse ne sont pas seulement un sujet prix, et l’intérêt de ce classement est de faire reconnaitre qu’il y a un certain niveau de confort, de qualité, de service aussi attendu quand on fréquente une auberge collective. C’est donc cette combinaison de prix et de qualité qui est importante. Enfin, il y a un troisième élément, plus traditionnel, dans le fait qu’il ne s’agit pas que d’un hébergement comme un autre. Il y a un côté plus collectif, le fait de partager la cuisine par exemple, ou les chambres, les espaces de détente, qui implique que l’on n’est pas juste seul dans sa chambre, dans l’hébergement, mais plus dans un lieu de rencontre et de partage. Il y a donc un état d’esprit recherché un peu différent de ce que l’on trouve dans d’autres hébergement. D’ailleurs les auberges s’ouvrent de plus en plus à d’autres clientèles que les jeunes, avec des clients moins jeunes et des familles.

VA/ Concernant le calendrier, quand découvrira-t-on les premières auberges classées ?

 Alors, le classement a été établi au mois de septembre lors de la publication et du décret correspondant à l’introduction du classement. Nous avons également deux organismes de contrôle accrédités. Depuis février, 9 auberges collectives ont été classées. UCPA Sport Station Hostel (Paris 19e), le Centre International de Séjour de (Narbonne), Beau M Hostel (Paris 18e), Jo&Joe Nation (Paris 19e), Jo&Joe Gentilly et Jo&Joe Hossegor, Hi Paris – Yves Robert (Paris 18e), Hi Cancale et Hi Nice – Les Camélias (Nice). Nous pensons en avoir plusieurs dizaines qui poursuivront ce processus de classement tout au long de l’année 2023.


Le nouveau classement des auberges collectives | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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