Le massif du Canigó, paysage exceptionnel labellisé Grand Site de France et destination écotouristique
Thèmatique : Acteur associatif Espaces protégés Guides Initiative nationale Innovation Labels
Cet été, est sorti le guide du tourisme durable des Grands Sites de France. Fruit d’un long travail, celui-ci recense 20 exemples et expériences réussis dans la pratique d’un tourisme garant d’une meilleure pratique et d’une approche plus durable. Le réseau des Grands Sites fédère, au travers de tout le territoire, 41 Grands Sites dont, d’ores et déjà 14 d’entre eux ont été labellisés « Grand Site de France» par le ministère en charge de l’écologie. Celui-ci visant notamment à reconnaître les efforts effectués pour mieux accueillir les visiteurs, pour protéger où réhabiliter un paysage exceptionnel où encore pour permettre un développement économique local durable. Premier éclairage fort : le massif du Canigó, emblème Catalan s’il en est et superbe exemple d’un travail où la mutualisation a permis de rentrer dans une nouvelle dimension.
Une histoire, un mythe, en danger
La montagne des Catalans, est visible à des dizaines de kilomètres à la ronde. Phare éclairant la Catalanité et source d’attraits et d’excursions pour des milliers de personnes, le massif du Canigó ne laisse personne indifférent, et ce depuis des millénaires. « Il s’agit véritablement d’un territoire à part dans le pays Catalan » concède avec justesse le directeur du Grand Site Canigó, Florian Chardon. « On peut même parler de totem identitaire, d’un repère».
De plus, historiquement parlant, le massif a aussi eu une importance très forte, très marquée avec des lieux tels que l’abbaye de Saint Martin du Canigou, le prieuré de Serrabonne. Le site a également été un important lieu d’extraction du fer et a aussi accueilli nombre de scientifiques. Ainsi, le tourisme s’est considérablement renforcée au cours du 20e siècle. « Heureusement on a pu éviter que des projets fous se concrétisent, que ce soit remontées mécaniques où lignes à haute tension. « Mais le tourisme lui a déjà ses adeptes : le 1er refuge est ouvert en 1896 avec la 1ère piste. Les 30 glorieuses vont amener sur site un nombre de véhicules important, comme dans de nombreux autres sites touristiques d’ailleurs. Mais, dès les années 50, on assiste à un 1er classement du site pour protéger le paysage. La pompe est amorcée puisque, petit à petit le territoire va se structurer dans sa protection : il faut savoir qu’à l’heure actuelle le massif comprend une partie du parc naturel régional des Pyrenées-Orientales , des sites Natura 2000 où encore des réserves protégeant une bio diversité de faunes et flores. Le syndicat mixte Canigó Grand Site a été créé en 2002, il réunit le Département des Pyrénées-Orientales, les communes de l’ensemble du territoire et l’Office national des forêts. Il est le maître d’ouvrage de l’opération Grand Site. Cette opération et ce syndicat vont apporter une bouffée d’air au site de par leurs implications, les actions mise en place.
Un territoire à transformer touristiquement parlant
« Il y a quelques années, une majorité de personnes venait faire le pic, et ensuite regagnait soit le littoral, soit une autre destination… On a voulu passer du pic au site puis du site au territoire, en redonnant ses lettres de noblesses à l’ensemble du massif. » Reconnecter la montagne avec son piémont, si beau, et le faire découvrir.
Et notamment à ceux qui ne faisaient en somme que la « visite exclusive » du site sommital. Pour cela, les flux ont été mieux organisés, l’accès au massif pour les véhicules motorisés a été limité depuis 2000, en même temps 750 km de sentiers sont balisés, entretenus, valorisés : donnant ainsi le punch pour lancer cette destination 100% nature. De plus, l’excellent maillage des tours et boucles vont permettre une meilleure répartition du tourisme sur l’ensemble de ce territoire riche et pourtant si méconnu. L’itinérance, si chère à nos yeux, est devenue une réalité et offre une capacité de développement économique assez intéressante. D’ores et déjà, deux refuges de montagnes ont ouvert (en plus de ceux existant) et le nombre de nuitées augmentent. De même, un certain nombre de professionnels d’activités pleine nature s’installe. De nouvelles solutions pour l’accès aussi : transporteurs, âniers. Car il est évident que la volonté n’est en aucun cas de mettre le site sous cloche, mais de le faire découvrir différemment. Avec un plus grand angle pourrait-on dire.
La qualité, maitre mot d’une destination à vocation écotouristique
La qualité dans la préservation de la beauté du site, dans l’accueil, les explications, les sorties, l’hébergement, la nourriture. Tout ce qui va conférer à créer une expérience mémorable et une volonté d’élargir son séjour de découvertes en découvertes. Ainsi, pour les nombreux randonneurs parcourant le massif, une offre gastronomique locale a été mise en place. Les refuges, nombreux sur le massif (une quinzaine et 5 gardés du printemps à l’automne) travaillent en symbiose pour faire profiter leurs hôtes d’une offre de restauration inspirée de tradition locales avec un choix de produits régionaux. De plus, les prix sont calculés pour être très compétitifs. La proximité de lieux de productions permet aussi une bonne rotation et un approvisionnement en produits frais très intéressant. Pour les marcheurs partant plusieurs jours il y a en plus l’avantage de ne jamais manger deux fois la même chose. Le visiteur s’approprie un peu plus le territoire via une nourriture ancestrale et une production agricole de grande qualité. Un réseau d’ambassadeurs a aussi été créé : ces professionnels travaillant sur le Grand Site sont des garants de la transformation durable du site. Ils en sont aussi les principaux acteurs. Ce sont des conservateurs nature, travaillant sur les réserves, des gardiens de refuge, des transporteurs. Ils montrent aussi que ce territoire est un terreau d’innovation, de recherches et de vie. Recherche de qualité aussi quant à la mise en valeur du Patrimoine, omniprésent ici, favorisant ainsi sa compréhension, sa lecture et donc son appropriation.Il s’agit de vivre pleinement l’esprit des lieux dans toutes ses dimensions : esthétique, sensorielle, culturelle…
200 sites de pratiques natures ont été identifiés, qualifiés et promus depuis quelques années, permettant une pratique de nombreux sports dans des endroits superbes et préservés. Le chantier n’est bien entendu pas terminé, reste à améliorer l’offre hôtelière notamment, mais les choses ont énormément avancé, et on ne peut que s’en féliciter.
Pour conclure
L’expérience Grand Site de France se vérifie particulièrement sur le massif pré-cité. Un vrai travail en complémentarité, une mise en réseau qui permet, aujourd’hui, de dire que le Canigó est une destination écotouristique, dynamique, ouverte, avec un fourmillement d’idées et des visiteurs nombreux, qui restent plus longtemps et de fait, font que la saison ne se limite plus à juillet-août. Un site qui s’est encore plus ouvert, trouvant dans les approches du réseau des Grands Sites de France des raisons d’avancer et de mettre en valeur ses richesses : un accueil personnalisé, chaque visiteur étant unique, une offre de services de qualités. Le tout avec une démarche vers un tourisme et un développement durable qui est visible et comprise par tous. Ainsi chacun aura une vision plus large, plus complète lors de sa découverte du massif, il sera informé des actions mises en place et sera lui même acteur de la préservation des Grands Sites de France. Enjeu crucial pour que les générations futures puissent elles mêmes en prendre aussi plein les yeux.
Un label exigeant pour une réussite à la hauteur des ambitions de préservation.
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Pour aller plus loin :
http://www.grandsitedefrance.com/
http://www.canigo-grandsite.fr/
http://www.grandsitedefrance.com/images/stories/docs/Guide_tourisme-BD.pdf
Par Guillaume Chassagnon
Amoureux des montagnes, des hommes y vivant. j'aime les parcourir, les photographier, les découvrir et donner envie de les fréquenter. Sac à dos, livres et appareil photos sont mes outils quotidiens. Je travaille aussi pour de la presse quotidienne pour notamment montrer le dynamisme culturel et associatif de mon territoire. A bientôt sur les sentiers, autour d'un bon verre de vin, d'un plateau de fromage ou dans une librairie! Et à la fac d'Avignon of course
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