La bible des plantes…et des randonneurs ?
Si le voyageur a son indispensable guide, le randonneur pourrait trouver dans la bible des plantes un nouvel opus idéal pour lui faciliter la rencontre avec la gente végétale. Car voilà un ouvrage qui devrait trôner à portée de main sur nombre d’étagères. Ecrit par l’herboriste Michel Pierre – il avait acheté dès 1970 l’une des plus anciennes herboristeries de Paris -, ce livre qui n’est pas son premier opus, loin s’en faut, est encore une belle somme sur ces plantes qui soignent. Il est d’autant plus utile que si le métier d’herboriste est une profession à part entière, son diplôme a été supprimé depuis 1941. Par conséquent, il devient bien difficile pour le spécialiste, sans statut désormais reconnu, de conseiller et de vendre les 400 à 500 plantes qu’il promeut généralement.
De fait, cette activité relève désormais du domaine exclusif des officines pharmaceutiques. Vu le nombre de plantes dont elles disposent (moins d’un cinquième en général quand elles en proposent), ces officines ne sont pas des pharmacies herboristes. Le conseil de l’ordre des pharmaciens d’ailleurs s’y oppose. Il en va bien sûr de la santé des patients précisent les pharmaciens qui redoutent, en l’absence de certificat diplômant, qu’un apprenti sorcier ne soit tapi dans chaque conseiller en plantes. Prétexte fallacieux dénoncent leurs détracteurs soulignant davantage la pression des laboratoires pharmaceutiques en connivence avec les officines soucieuses seulement de conserver les dividendes industriels de leur monopole médicamenteux. Fût-ce aux dépens de la santé de leurs patients. Les atermoiements actuels autour des statines censées réduire le taux de cholestérol en sont une très récente illustration.
Entre ses deux visions, le livre s’impose par le simple fait de nous rappeler l’usage traditionnel des plantes, de toutes les plantes ou presque, que nous avons oubliées. Un retour aux sources salvateur ; fait avec l’élégance de ces savoirs quand ils sont humblement partagés. Mais non sans méthode. Les 400 plantes abordées, classées alphabétiquement par leur nom scientifique, sont présentée à l’aune des différentes singularités qui caractérisent chacune d’entre elles : sa famille, ses composants, ses propriétés, son utilisation (quelles partie de la plante utiliser) aussi bien en usage interne qu’externe, ses précautions d’emploi. La description de la plante est généralement accompagnée d’une belle planche herbier.
Si l’on prend pour exemple le Cynara scolymus plus connu sous le nom d’artichaut, on apprend que cette plante vivace dérivée du cardon sauvage est la plante du foie par excellence. Ses feuilles séchées, bouillies et infusées soignent également les reins engorgés. Pour ceux qui ont en revanche les jambes lourdes une décoction de rameaux de cyprès devrait améliorer la circulation du sang. Si un doute subsiste entre décoction et infusion un petit bréviaire phytothérapique rappellera utilement quelques définitions. Une table des plantes (par leurs noms les plus courants) et des maladies permettent de s’approprier cette bible avec une grande facilité.
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La bible des plantes qui soignent, Michel Pierre, Chêne, 675 pages, 2017, 35 euros.
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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