Innover dans le tourisme – aller toujours plus loin ?

Suite à une étude portée par le Cabinet MKG à la demande de la Direction Générale des entreprises sur l’innovation dans le tourisme, on apprend que 10% des entreprises traditionnelles du tourisme sont porteuses d’innovation, soit 35 à 40 000 entreprises. C’est bien, mais cela pourrait encore être mieux. Quelques pistes et solutions pour aller toujours plus loin… Toujours plus loin ?

ColloqueInnoverEntreprendre©DGE – J.Coatmeur

Qui innove aujourd’hui dans le tourisme ?

Après avoir sondé un échantillon de plus d’un millier d’entreprises de l’économie « commerciale » ou collaborative, s’être référé aux modèles allemands et espagnols, le Cabinet MKG vient de publier une étude où il ressort que la France n’est pas si conservatrice qu’on pourrait le penser. Ainsi, d’ores et déjà 10% des entreprises traditionnelles du tourisme sont porteuses d’innovation, dont 2 500 à 5 000 externes au secteur, pour un total de 35 à 40 000 entreprises. Et contrairement aux idées reçues, sur le lot, les start-up représentent moins de 5% du total.

Côté géographie, le cabinet MKG a identifié la région Île de France (50% des entreprises innovantes) et notamment Paris (34,8%) comme la zone la plus dynamique.  Toutefois, les stations et le littoral ont également connu un bel élan et continuent à aller de l’avant. Ainsi, partout se développent des structures d’accompagnement spécialisées, le Welcome City Lab à Paris, mais aussi French Tech Culture, The Bridge, Les Tremplins, SNCF Voyageurs Connectés, autant de points d’appui pour les porteurs de projets en quête de suivis et de financements.

Et si l’on regarde les secteurs qui innovent, on constate que 50,6%  font parti du secteur Marketing & Commerce (musées, monuments, parcs d’attraction…), le secteur des transports est également bien représenté avec 32,7% de l’ensemble. A l’inverse, la restauration et les hébergements restent à la traine. Le taux d’innovation des entreprises du tourisme durable a été quant à lui quantifié à 6%, avec donc de vrais progrès à faire là aussi. Enfin, le tourisme de loisirs semble beaucoup plus exploré que le tourisme d’affaire (à peine 3%) et les innovations principalement destinés à l’usager final – B2C – (près de 80%) et non aux opérateurs traditionnels (B2B).

Twizzy – La voiture innovante@GC

Aller plus loin et innover toujours plus ?

Si le constat reste positif sur le fond avec un vrai vivier d’entreprises innovantes, un écosystème financier bienveillant, des incubateurs publics, privés, voire issus de grandes écoles, l’étude révèle toutefois des possibilités d’optimiser encore plus cette tendance. Pour cela, elle publie toute une liste de préconisations. Déjà, améliorer la lisibilité du financement public, avec un « portail unique de référence » et une approche centrée sur les usagers afin qu’ils trouvent les dispositifs adaptés à leurs cas et des financements plus opérationnels (exonérations de charge, accès aux salons, traductions, etc.). L’Europe est justement en train de publier un petit guide en ce sens. En outre, pour améliorer et soutenir l’essor des entreprises innovant dans le tourisme, MKG propose de mettre en place un dispositif licorne, soit une chaîne d’accompagnement pour les porteurs de projets capable de soutenir les entreprises à fort potentiel (pour éviter notamment l’effet « copie »).

Autres pistes : favoriser le développement des entreprises à l’international, assouplir la législation sur les agences de voyage, améliorer toujours et encore l’accompagnement, soutenir l’innovation dans le tourisme en Outre-mer, renforcer la visibilité des entreprises innovantes et la mise en réseau des acteurs, favoriser des expérimentations in-situ, facilité l’accès aux données (Open Data, observatoires, etc.), renforcer la compétitivité, etc. Autant d’idées et de pistes lancées, pour faire de la France le leader mondial de l’innovation touristique….

LesTransportsduFutur©DGE – J.Coatmeur

Reste à réfléchir sur le fond. Où va-t-on ? Jusqu’où veut-on aller ? Pour quel tourisme ? Quelles rencontres ? Quelle planète ? Il y a trop souvent encore un décalage entre une réalité touristique decorrélée des problématiques des populations locales ou autochtones et ce que peut vivre un voyageur qui ne chaussera que des lunettes uni focales. Le dernier ouvrage de Sylvie Brieu sur la Birmanie donnant la parole aux femmes et aux peuples autochtones en est une illustration claire –  le voyageur veut-il découvrir une Birmanie fantasmée ou la Birmanie dans toute sa complexité ? Ainsi, on peut souhaiter que toute cette énergie innovante soit aussi mis au profit d’un touriste mieux informé pour des pratiques voyageuses plus  justes et mieux en prises avec les territoires visités.

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Birmanie – Les chemins de la liberté. Sylvie Brieu – Albin Michel, 2016, 377 pages, 22 euros.

Ce dossier est réalisé par Voyageons-autrement.com en partenariat avec ATD (l’association des Acteurs du Tourisme Durable) et le cabinet ID-Tourism (Conseil en marketing, ingénierie et développement durable du tourisme). Pour être partenaire de nos dossiers, contactez nous.