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Durable, économique, et pratique, l’échange de maison a la côte !

| Publié le 23 novembre 2023
Thèmatique :  Bons plans   Conseils   Initiative privée   Innovation 
             

Familles, jeunes couples, retraités, actifs, ils sont de plus en plus nombreux à sauter le pas et à préférer échanger leur foyer plutôt que de se retrouver dans un hôtel ou une location lambda. Une tendance qui n’est pas pour déplaire à Charles-Edouard Girard, cofondateur du site HomeExchange (initialement GuestToGuest) qui, avec 150 000 membres actifs et 270 000 maisons à échanger sur son site dans 145 pays du monde (3,7 millions de nuitées en 2022 !) commence à faire pâlir des mastodontes comme Airbnb ou Booking.

Charles-Edouard Girard, Fondateur de HomeExchange ©DR

VA/ Alors, HomeExchange, comment ça marche ? 

Charles-Edouard Girard (Co-fondateur et directeur du site)  : A la base, HomeExchange était un site d’échange de maison basé sur de l’échange réciproque. Je viens chez vous pendant que vous venez chez moi. On a rajouté un système de points (GuestPoints) qui permet de faire des échanges avec toute la communauté : « Je viens chez vous et je vous donne des points que vous allez pouvoir donner à d’autres personnes. ». Notre objectif c’est qu’il y ait le plus d’échanges possibles et pour cela, on fait payer un abonnement annuel de 149€ que l’on règle au moment du 1e échange. On peut ensuite faire autant d’échanges que l’on veut. Il n’y a aucun frais additionnel. Nos plus gros pays d’échange sont la France, les Etats Unis, l’Espagne, le Canada, l’Italie. C’est très européen mais on peut aussi faire des échanges avec l’Amérique, l’Afrique et même si l’Asie, ce qui reste toutefois marginal.

VA/ Qu’ont apporté à les GuestPoints aux clients et à votre entreprise sachant qu’ils représentent 70% des échanges aujourd’hui ?

CEG : Avant, lorsque vous souhaitiez faire un échange, un certain nombre de personnes répondaient qu’elles pouvaient vous accueillir dans leur  maison mais ne souhaitaient pas faire d’échange parce qu’elles étaient déjà venues dans votre ville, ou n’avaient pas les mêmes disponibilités. Et nous on trouvait cela dommage, car comme dans le troc, si on ne donne rien à l’autre, il y a un sentiment de perte. Les GuestPoints ont permis de rééquilibrer l’échange. Et très rapidement,  ils se sont imposés dans 70% des cas et même au début dans 80% des échanges. Personnellement, je ne fais pas tout le temps des échanges mais je reçois quand je ne suis  pas là, quand je vais voir ma famille par exemple. Cela me permet de gagner des points et de pouvoir les utiliser ensuite. On est donc dans un système d’échange dans lequel les GuestPoints jouent un rôle de facilitateur et on est ainsi passé d’un échange sur dix qui fonctionnait à 4 voire 6 échanges sur 10. Cela nous a aussi permis de grandir en rachetant plusieurs sites et de faire ainsi croître l’entreprise.

VA/ L’aspect non marchand, c’était important dans le projet d’HomeExchange ?

CEG : C’est la base et la grande différence par rapport à un système de location classique. Quand on est reçu chez les gens, on a un rapport différent aux biens, un regard différent qui créé une relation qui, de mon point de vue, est plus qualitative. On est reçu dans une vraie maison qui vit et donc beaucoup plus respectueux parce que l’on sait qu’on est comme invité. Et donc on garde un regard attentif en se disant, je suis invité donc je fais attention. Et puis,  quand on est invité quelque part, on nous donne quelque chose, c’est quelque chose de beau, l’hospitalité, et on va le prendre comme ça, accepter ce concept comme étant une faveur qu’on nous fait et en étant très attentif.

VA/ Vous avez récemment lancé un « HomeExchange Collection » un peu plus select avec des échanges réservés à certains membres plus aisés. Ne craignez-vous pas que cela nuise à l’ensemble de votre communauté dont toute la richesse est justement la diversité, dans tous les sens du terme ?

CEG : On est assez pragmatique par rapport à cela. En fait, on s’est rendu compte qu’il y avait de très belles maisons qui recevaient beaucoup de demandes et disaient toujours non. C’était donc assez désagréable d’autant qu’on finissait par voir partir ces personnes. Or comme nous souhaitons développer l’échange de maison quelle que soit la typologie des personnes, on s’est dit que plutôt que de perdre ces clients, on allait créer un système leur correspondant plus. Je ne sais si cela perdurera dans le temps ni si cela va fonctionner mais si il y a des personnes qui ont envie d’échanger qu’avec de magnifiques maisons, cela ne me dérange pas.

Crédit photo blog HomeExchange

VA/ De fait quand les personnes qui ont de très belles maisons s’inscrivent, on  leur propose directement d’aller sur HomeExchange Collection ? Comment cela se passe-t-il ?

CEG : Il n’y a pas deux choix. Vous n’arrivez pas sur le site et on ne vous propose pas les deux en vous disant que vous avez une très belle maison. En revanche, si la personne ne trouve pas son compte sur le site classique d’HomeExchange, elle va regarder s’il y a quelque chose qui réponde mieux à son besoin et c’est là où elle va nous trouver. Mais l’idée n’est pas de segmenter la population. Il existe aussi de magnifiques maisons sur HomeExchange. Mais on ne peut pas forcer les gens à faire quelque chose. Si les gens ont de magnifiques maisons et que pour eux, ce n’est pas un sujet, ils vont rester sur HomeExchange. Si en revanche ça leur pose un problème et qu’ils ne souhaitent pas échanger avec d’autres typologies de maison, dans ce cas ils iront sur HomeExchange Collection. C’est un peu plus cher mais ça leur correspond. En tout cas on ne segmente pas dès le départ, ce ne sera jamais le but.

VA/ Existe-t-il beaucoup de litiges et quels sont les problèmes qui reviennent le plus souvent ?

CEG : La première problématique est qu’il ne s’agit pas d’un système de réservation. On ne réserve pas un lieu mais on contacte des personnes pour organiser un échange, donc c’est un peu plus complexe et cela peut parfois en décourager certains. Le 2e sujet pour nous, c’est la partie annulation dans un système entre deux particuliers. J’ai eu le cas d’un échange où la personne avait eu un décès dans sa famille. Elle m’a appelé une semaine avant. Dans l’industrie touristique, un hôtel ne s’arrête pas. On se devait de garantir ces cas-là et donc, on a créé un système ou dans 92% des cas, on retrouve un échange. Sinon, dans 8% des cas, on indemnise les personnes pour qu’ils puissent se loger. Sinon, la partie dommage est assez faible mais on on assure s’il y en a. On veut que les personnes passent de bonnes vacances. Mais les principaux sujets sont les différences d’approche sur la propreté, le rangement et la communication, c’est à peu près les trois principaux axes où on peut avoir des problèmes. Par exemple quelqu’un qui laisse une poubelle dans une maison et ça sent mauvais quand on arrive. Ou quelqu’un qui met un 4 sur 5 en propreté alors qu’on a le sentiment d’avoir tout laissé nickel. C’est difficile parfois difficile de se sentir jugé quand on n’a pas les mêmes repères.

VA/ Comment vous perçoivent vos principaux concurrents, les loueurs, les hôteliers, Airbnb ?

CEG : Les gens qui vont à l’hôtel cherchent quelque chose d’assez différent. Je ne pense pas que l’on concurrence l’hôtellerie. En revanche, nos vrais concurrents sont effectivement ceux qui font de la location. Or nous pensons que les façons de faire des sites que vous avez cité étaient peut-être bonnes au début mais ne le sont plus maintenant. Aujourd’hui, les gens cherchent de l’authenticité, un lieu qui soit vrai, et à travers l’échange de maison, c’est ce que l’on propose. Vous allez chez de vraies personnes, c’est vraiment habité, vous allez trouver des chambres avec des jouets, une cuisine avec des aliments. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout vider et partir sans remplacer. Ça veut dire que quand vous arrivez, vous n’êtes pas dépourvu de tout. Il y a du papier toilette, des draps, une maison habitée, des conseils des personnes, et pour moi, cela change tout dans la relation. On ne trouve pas cela dans la location aujourd’hui. C’est pour cela que je crois que l’échange de maison se développera plus que la location et prendra vraiment sa place sur le marché.

Palampur - V Resorts
Révolution dans le Tourisme : l’Échange de Maison avec HomeExchange

VA/ Et sur ce segment de l’échange de maison, quels seraient vos principaux concurrents ?

CEG : On a plus beaucoup de concurrents. Quand on a créé GuestToGuest, on a racheté plusieurs sites qui existaient déjà, un site espagnol, deux sites français, un site anglais, et même un site canadien. L’objectif c’était d’avoir le plus d’annonces possible au bon endroit. Pour moi, c’est la garantie de bien fonctionner. Il faut que vous puissiez trouver une maison partout dans le monde. Par exemple, si on regarde l’offre sur Colmar en hiver, on constate qu’il y a plus de maisons sur HomeExchange qu’il n’y en a sur Airbnb. En fait, pour moi, le fait d’avoir concentré l’offre est une garantie de trouver un échange. On n’a donc plus vraiment de vrais concurrents.

VA/ Avez-vous noté que certains combinent du Airbnb, limité dans le temps, et du HomeExchange pour louer ou échanger un bien ?

CEG : Ce n’est pas ce qu’on préfère. Je suis choqué par les gens qui achètent des tonnes d’appartements pour les mettre sur Airbnb, ce qui rend les endroits un peu inhabités, car on a un rapport au lieu de location qui est différent de l’échange de maison. Nous, ce qu’on crée, c’est plutôt positif. On va remplacer une famille par une autre famille et donc, on a besoin de commerces. Les gens qui viennent ne sont pas là uniquement pour dormir. S’ils choisissent l’échange de maison, c’est qu’ils viennent pour consommer, pour avoir des conseils, pour aller au restaurant, ce n’est pas du tout un système où je viens juste pour dormir puis je vais aller visiter Paris. C’est complétement différent. Et comme nous ne sommes pas un site marchand, personne ne peut acheter un appartement pour le mettre  sur HomeExchange, cela n’a aucun intérêt financier. En fait, l’’échange de maison répond exactement à ce que devrait être une ville : composée de résidences principales, qui, quand elles sont inhabitées pendant les vacances, vont être occupées et assureront une continuité dans l’utilisation des commerces, des restaurants, des pharmacies, des lieux de vie.

Marseille
@GClastres

Révolution dans le Tourisme : l’Échange de Maison avec HomeExchange


Durable, économique, et pratique, l’échange de maison a la côte ! | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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Une réponse à Durable, économique, et pratique, l’échange de maison a la côte !

  1. SEVER a commenté:

    Bonjour,
    La limite de ce système est que les personnes qui disposent de résidences secondaires peuvent échanger quasi sans limite et bénéficier de guest points, qui leur permettent ensuite d’aller gratuitement partout. Ceux qui n’ont qu’une résidence principale et des vacances limitées, n »ont que très peu de possibilités d’acquérir des guest points , et sont donc totalement limités aux échanges réciproques toujours plus difficiles à trouver. C’est complètement déséquilibré. Les résidences secondaires ne devraient compter que pour un petit nombre de GP avec un plafond maximum.

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