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Slow Tourisme Catalogne

A l’ouest (de la Catalogne) du nouveau!

| Publié le 16 décembre 2017
Thèmatique :  Bons plans   Conseils   Initiative régionale   Monde 
             

En ce froid décembre, cap au sud dans une Catalogne plus secrète, mystérieuse que nous vous invitons à découvrir à pas de loups. 9 lieux à parcourir avec volupté et grâce.
Barcelone a la fâcheuse manie d’éclipser le reste de la Catalogne. Quittons les ramblas pour découvrir les Terres de Lleida qui se déploient jusqu’au Pyrénées. Entre oliviers, vignes et montagnes spectaculaires, cet arrière-pays à 2 h de Barcelone, a au moins 9 bonnes raisons d’occuper l’avant-scène.

1 : Far West catalan : le Train des Lacs

Installées confortablement dans les wagons d’époque du Train des lacs qui va de Lleida jusqu’à La Pobla de Segur, on s’apprêtait à somnoler après une petite heure de trajet quand la soudaine apparition d’un canyon au détour d’un virage nous a réveillées.

Le Train des lacs, le Far west Catalan © Virginie Suères

Sitôt vu, sitôt disparu, on venait d’entrer dans un tunnel. À la sortie la falaise était encore là. Longtemps on a roulé à l’aplomb de ses parois abruptes au pied desquelles se tortillait une rivière. Le paysage désertique et grandiose avait quelque chose de l’Ouest américain. Des Peaux-Rouges allaient-ils attaquer notre cheval de fer ? Dans le haut-parleur, la voix suave d’une hôtesse racontait l’histoire de la ligne. « Sa construction dans les années 1950 a nécessité l’édification de 31 ponts et le percement de 41 tunnels. Elle devait relier Séville à la France, mais les difficultés de l’entreprise ont eu raison de cette folle ambition. » Adios Paris ! Terminus à La Pobla de Segur où en 1914, un Canadien du nom de Pearson acheva le plus grand barrage d’Europe qui allait former le magnifique lac de Sant Antoni.
www.trendelsllacs.cat

2 : Les boutiques d’antan de Salàs de Pallars

À Salàs de Pallars, petit village au bord du lac de Sant Antoni, le professeur Cisco Farras plutôt que de se distraire en faisant du pédalo préfère collectionner toutes sortes de biens de consommation. Sa période de prédilection : 1870-1970. Trente ans que ça dure et forcément ses deux maisons n’ont plus suffi à stocker son butin. Il a alors déployé sa collection dans d’anciennes boutiques qui avait mis la clé sous la porte. Dans la rue Escoles, on les visite comme autant de cavernes d’Ali Baba. La pharmacie regorge de médicaments en poudre et de boites de talc, le bureau de tabac est bien achalandé en paquets de tabac gris frappés de l’aigle franquiste, la mercerie pour femmes exhibe d’antiques soutiens-gorges, le bar des bouteilles d’alcool n’ayant plus cours depuis longtemps. La première boutique-musée a été l’épicerie. Thomas, le jeune guide, étudiant à la fac de Barcelone, se plait à montrer l’évolution du papier-toilette, depuis les feuilles de journal coupées en carré au rouleau de papier, la collection de bouteilles d’anis, les cierges qu’on achetait par morceaux, la machine à moudre le café… tout un univers qui recompose les boutiques d’antan. Les vieux retrouvent un goût d’enfance, les jeunes plongent dans un passé qui les dépassent. Mais tous s’extasient dedans cette accumulation foisonnante. Avec 12 000 visiteurs en 2016, Thomas assure : « Ça sauve le village, car il n’y a rien d’autre à voir ici! »
www.botiguesmuseusalas.cat

3 : Un lieu de résidence atypique,  le Centre D’art et Nature de Farrera

Des kilomètres de routes tortueuses, puis enfin, accroché au flanc de la montagne rocailleuse, le village de Farrera sans doute ravitaillé par les seuls corbeaux.

Un centre Art et Nature en pleine montagne, à Ferrara © Virginie Suères

Au-delà plus rien. La route s’arrête là comme épuisée d’avoir trop grimpé. C’est ici, dans ce splendide isolement, que Lluis Llobet, géographe de profession, a créé une résidence dédiée à l’art et à la science. « On peut venir rédiger un mémoire, composer de la musique, peindre, sculpter. Des étudiants en géographie sont venus dernièrement faire des interprétations de paysage. Nous pouvons accueillir jusqu’à 20 résidents. Ils viennent du monde entier.» Cette folle initiative comble des étudiants et artistes en quête de tranquillité et fait revivre le village. « Depuis 100 ans, la région perd des habitants, il ne reste que 20 habitants à l’année à Farrera et un seul troupeau de moutons l’été. Mais grâce à l’attractivité du centre, plusieurs maisons ont été rachetées et retapées par des estivants. » Impossible de venir à Farrera sans vouloir y retourner un jour pour écrire un livre, se promener, ou tout simplement glander.
www.farreracan.cat

4 Les liens du vin, rendez-vous à Vallbona de les Monges

A l’Olivera, on n’hésite pas à casser les codes. En témoigne le choix du bleu pour la couleur des bouteilles de vin.

L’oliveira, le vin qui joue un rôle social fort © Virginie Suères

L’entreprise s’est aussi distinguée en embauchant des handicapés et des personnes en rupture avec la société. Pour Carlos, le directeur : « L’insertion c’est l’âme du projet !». En effet la moitié des salariés présente un handicap reconnu. Dans le magasin d’expédition, Oscar, Cisco et Miquel Angel enlèvent les étiquettes endommagées et astiquent les bouteilles. « Ils détectent la moindre anomalie et sont très minutieux, explique le chef d’équipe Madior, mais il faut leur donner des travaux adaptés.» La coopérative accueille aussi des volontaires qui veulent se faire la main. Hélène est venue de Colmar pour travailler pendant 4 mois: « Comme je n’ai pas de famille dans le vin, et que je veux me lancer dans cette activité, je fais mes armes ici. » Nourrie, logée et pas payée selon la formule du wwoofing, elle met la main à la pâte depuis le déchargement des raisins jusqu’à la bodega. « J’ai découvert ici des vins blancs avec beaucoup de finesse, malgré la chaleur ». À l’Olivera, vous dégusterez des vins charmeurs fabriqués par une entreprise généreuse.
www.olivera.org

5 Les Nonnes ecolos de Vallbona de les Monges

À l’abbaye de Santa Maria de Vallbona, les sœurs croient en Dieu et à l’écologie.

l’abbaye de Santa Maria de Vallbona © Virginie Suères

Plus de 800 ans après la fondation du premier monastère de femmes de Catalogne, une nouvelle génération de nonnes entame sa conversion verte sous l’impulsion de l’ordre cistercien, précisément la congrégation de la Couronne d’Aragon à laquelle elles appartiennent. Conformément à une déclaration de protection de l’Environnement 2009, les religieuses s’activent pour limiter leur impact sur la nature : 4000 m2 de jardins et de vergers à la pointe de la biodynamie, chauffage géothermique avec 19 pompes qui vont puiser à 120 m de profondeur l’eau chaude, réduction des emballages et tri sélectif. Mais ça fait doucement rigoler sœur Gloria quand on lui demande si elle est devenue écolo : « Nous avons toujours vécu en accord avec nos valeurs spirituelles et de manière autosuffisante sans sortir du monastère. » Une preuve supplémentaire de son engagement ? Ses chaussettes visibles dans ses sandales sont tricotées main.
www.monestirvallbona.cat

6 : le village à peindre de Penelles

Ici une immense chouette bleue déployant ses ailes, là Alice ramassant une marguerite dans un drôle de pays des merveilles, ailleurs, une cigogne construisant son nid au creux des mains d’un enfant …Toutes ces visions fleurissent sur les murs des bâtisses fatiguées du village de Penelles grâce à Mar et Jordi, fondateurs du festival Gargar. En mai 2016, ils ont donné carte blanche à des pointures du street-art pour redonner des couleurs aux vieux murs. « Bientôt viendra le tour de l’église, le curé a dit oui ! hallucine Jordi. Avant c’était un village triste, maintenant il respire la vie. » Après deux éditions du festival, on compte déjà 52 fresques d’artistes du monde entier. Fiers du nouveau Penelles, les habitants proposent volontiers de servir de guides aux touristes de plus en plus nombreux.

www.gargarfestival.com

7 : Du nougat pour les braves dans la ville d’Agramut

Pour un Catalan, un Noël sans touron, c’est comme le Camp Nou sans le FC Barcelone, Dalí sans ses moustaches, c’est impensable. Les Espagnols l’appellent turrón, les Catalans torró. Pour déguster ce prestigieux nougat, direction la ville d’Agramunt connue pour être la patrie du touron depuis 1776. Fèlix est l’un des derniers à respecter à la lettre la recette catalane. « En Espagne, ils utilisent des amandes, mais moi, je perpétue la tradition en utilisant seulement des noisettes, du miel et des oeufs. La recette est simple, mais il faut la respecter. » Il sait toutefois innover avec des plaquettes de touron au chocolat, noix de coco ou whisky. Si le nougat vous rend gaga, goûtez le touron de Fèlix, le meilleur de la Catalogne.
www.torronsfelix.com

8 : la laine fraiche de Rialp

Alors qu’elle avait complètement disparu de Catalogne, la filière laine repart dans le Vall d’Assua

Le retour de la laine grâce au projet Xisqueta © Virginie Suères

grâce au projet Xisqueta dont Vanessa a la responsabilité : « Il fallait redonner de la valeur à la laine, alors on a recréé une école de bergers et de tonte, formé des femmes au nettoyage de la laine, au filage, à la teinture, au tissage et ouvert une boutique à Rialp pour la vente. » Maria fait partie des 150 jeunes bergers fraîchement formés, elle participe à la féminisation du métier réputé pour sa dureté et sa solitude : « les bêtes sont lourdes, mais avec de la technique, j’arrive à les porter. Je trouve que j’ai le plus beau bureau du monde. » Avec son chien Bram et son ganxo (long bâton-crochet), elle garde par intermittence un troupeau de 450 têtes au-dessus de Llessui à la lisière du parc national d’Aigüestortes i Estany de Sant Maurici. Plus bas dans la vallée, Lina récupère la laine dans sa belle maison de pierres. « Grâce à Xisqueta, je touche à tout. Je peux filer avec un rouet, je teins la laine avec des fleurs, j’ai une machine à tricoter et je fabrique écharpes et pulls que je vends dans mon atelier et sur les marchés. » Dire qu’il y a dix ans, on jetait la laine, car plus personne n’en voulait.
www.xisqueta.cat

9 : Au Plus près des étoiles  dans le parc Astronomique de Montsec

Sur les contreforts des Pyrénées, le massif de Montsec est l’un des meilleurs endroits du monde pour observer les étoiles.

Le parc Astronomique de Montsec © Virginie Suères

Un ciel pur, un air sec, l’absence de pollution lumineuse, lui ont valu la certification Starlight.  » Nous avons la meilleure météo de Catalogne, pas un nuage pendant 300 jours « , se rengorge le guide Javier avant d’entrer dans le télescope. Il ne pourra pas s’empêcher de nous annoncer l’affreuse nouvelle : il ne reste au soleil plus que 5 000 millions d’années à vivre. Dans le planétarium, munis de lunettes 3D nous sommes aux premières loges pour contempler planètes, nébuleuses planétaires et supernovas. Prière de ne pas déranger.
www.parcastronomic.cat

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PRATIQUE

Y aller :

Vueling:  Vols quotidiens Paris-Barcelone à partir de 33 €. www.vueling.com
Les Terres de Lleida se trouvent à environ 2h d’autoroute à l’ouest de Barcelone et en bordure de l’Aragon.

Où dormir :

Casa rural « Cal Menut », Belianes. Sur le toit une piscine chauffée avec une vue incroyable sur la vallée et le soleil couchant. Restaurant avec cuisine familiale.
www.calmenut.com
Monastère des Avellanes, Os de Balaguer. Une communauté de maristes propose 37 chambres pas monacales pour un sou. Remarquable menu à 20 €.
www.monestirdelesavellanes.com

Où manger :

Celler dels Joglars, Montardit de Baix. Extraordinaire restaurant troglodyte à la déco inspirée par Gaudí. Le chef Joan, un adepte du kilomètre zéro et du bio, propose un menu à 20 € à tomber par terre : jarret de porc parmentier à la truffe, crème de cèpes … Eva, sa femme tient l’hôtel de montagne Alcova avec 8 chambres spacieuses attenantes au restaurant.
www.elcellerdelsjoglars.com, www.hotelalcova.com
Hotel Bertran, Salàs de Pallars. La grand-mère officie au fourneau sans relâche depuis des lustres avec toujours la même carte. Les autochtones y viennent et reviennent pour le menu à 14 € (aubergines, pieds de porc, truites …)
www.hotelbertran.eu
Casa Bellera, Caregue. Vall D’Assua.
Une cuisine du terroir avec quelques fantaisies comme le saucisson au chocolat. Au digestif, Joan, le propriétaire, sort le ratafia et l’arbre généalogique qui atteste que sa famille vit dans cette maison depuis l’an 1500.
www.casabellera.com

À faire :

Les Salines de Cambrils/Pyrénées
Il y a des millions d’années, la mer baignait ces lieux. En se retirant, elle a laissé des poches d’eau salée qui ont été exploitées pendant 200 ans jusqu’en 1975. La municipalité vient de relancer les salines de montagne et organise des visites tout l’été. À ne pas rater, la piscine d’eau salée.
www.salidecambrils.cat 

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Plus d’infos : www.aralleida.cat, www.catalunyaexperience.fr

 


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Par Sandrine Mercier

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