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Comment vous allez sauver les dauphins de Sataya… (épisode 1)

| Publié le 13 septembre 2022
Thèmatique :  Acteur privé   Bons plans   Espaces protégés   Tourisme de masse 
             

Dans le lagon de Sataya, au cœur de la mer Rouge, les Humains peuvent approcher leurs sympathiques cousins aquatiques comme nulle part ailleurs. Résultat : les excursions à la rencontre des dauphins sont devenues un business si lucratif que se sont aujourd’hui par dizaines que les bateaux d’excursion déversent leur cargaison de touristes SUR les dauphins. Au risque de tuer la poule aux œufs d’or et nombre de mammifères marins avec. Or, depuis quelques années, Valérie Valton, une éthologue, essaie de sauver cet extraordinaire spot de rencontre inter-espèces. Vous pouvez l’y aider…

La première chose que l’on nous demanda de faire lorsque nous arrivâmes sur le Sharky Red Sea fut d’ôter nos chaussures. Six jours durant, nous allions vivre pieds nus. Et en maillot de bain, afin d’être… « Toujours prêts ! » Nous étions 17 à avoir répondu à l’appel de Valérie Valton. 17 à avoir signé pour ce « voyage éco-participatif à la rencontre des dauphins du lagon de Sataya » (organisé par Dolphinesse). Et nous avions passé une nuit affreuse. Les vols charter vers Marsa Alam ayant été annulés, nous étions arrivés vers minuit à Hurghada et avions enchainé avec 6h d’un bus pourri, puis deux heures trente encore de bateau pour rejoindre le lagon. Sataya est un anneau de corail (sublime !) posé en mer Rouge à quelques kilomètres de la côte égyptienne. Un lagon qui accueille chaque jour une colonie de plusieurs centaines de dauphins. Les dauphins sont des animaux qui chassent de nuit, en pleine mer. Puis à l’aube, la colonie se rapatrie dans le lagon aux eaux peu profondes afin de socialiser, faire l’amour, élever ses petits et surtout : dormir (quand on ne les en empêche pas !). Tout ceci à l’abri des requins qui ne parviennent à les surprendre qu’en fondant sur eux à grande vitesse depuis les profondeurs. Sataya, lagon aux eaux peu profondes, constitue donc depuis des siècles un refuge idéal pour les dauphins à long bec (une espèce ma-gni-fique !). Et si Valérie, au terme de son étude, obtient finalement gain de cause auprès des autorités égyptiennes, il en sera peut-être encore ainsi lorsque mon fils aura mon âge et se décidera à entreprendre cette merveilleuse odyssée afin d’offrir à ses propres enfants et petits-enfants des moments de communion avec les dauphins i-nou-bli-a-bles.

Chef d’œuvre en péril…

Mais pour l’heure, ruinés par les suspensions toutes virtuelles du car et assommés par la mauvaise nouvelle qui nous est tombée dessus à peine arrivés sur le bateau : « la clim ne marche pas ! », nous nous sommes affalés comme un seul homme dans les zones d’ombre du navire et avons dormi jusqu’à entendre les chaines de l’ancre grincer dans le sabord. Notre bateau est en train de mouiller au milieu d’un lagon turquoise, à quelque distance de trois autres petits navires de croisière hébergeant leur lot d’humains (une vingtaine par bateau) tout aussi avides que nous de sociabilisation inter-espèces.

Cette menue poignée d’embarcations occupe une position stratégique unique. Les bateaux d’excursion mettant 2h30 à l’aller comme au retour pour relier le port au lagon, ils n’y séjournent que trois ou quatre heures, en milieu de journée. Le reste du temps, de 5h30 du matin à 10h30, puis de 15h jusqu’à la tombée de la nuit, le lagon et ses dauphins (quand ils sont là) sont entièrement à nous !! (quand Valérie estime qu’ils sont réceptifs). Entre 11h et 15h en revanche, il faut les partager avec les quelques centaines, voire milliers de touristes littéralement « déversés » sur eux par les bateaux d’excursion partis de Marsa Alam. Nous savons tout cela, bien sûr. Puisque c’est précisément dans l’espoir d’obtenir des autorités égyptiennes de véritables mesures de protection (comme il en existe dans d’autres endroits du pays) que nous avons décidé d’aider Valérie à mener à bien son étude comparative sur la population locale des dauphins. Il n’existe par exemple aucune limite en termes de durée ni de nombre de touristes et l’encadrement de l’activité est inexistant). Par chance, une première étude a été menée il y a 15 ans et il lui sera donc possible, en les comparant, de montrer les éventuels dégâts causés sur la population des dauphins par cette surexploitation de leur sociabilité naturelle. Mais nous n’en sommes pas là. Nous en sommes au moment où notre petite bande hirsute se réveille, alertée par les manœuvres du bateau et les cris de l’équipage. Bougons pour les uns, ahuris pour les autres, tout sourire pour quelques bonnes natures que l’Aventure du Voyage galvanise toujours. Heureusement, un super petit-déj nous attend (une semaine durant, le chef fera des merveilles)… et nous attendra encore un peu. Car déjà… « Ils sont là !!! »    

La promesse de l’aube

Ils sont là, oui, une troupe d’une soixantaine de dauphins qui nagent, sautent, jouent et se dirigent manifestement vers notre embarcation… Alors nous, forcément, on fait la girouette en direction de  Valérie… « Vous voulez y aller ?… ». Un peu qu’on veut. On est venus pour ça, non ?… Branle-bas de combat général. Tout le monde s’affaire autour des palmes, masques et tuba (the sacred triptyque) avant de se mettre à l’eau. Valérie est à la vigie, sur le pont supérieur. Elle nous guide : « Surtout, ne nagez pas vers eux. Les gens font ça à longueur de journée : leur palmer dessus comme des malades. Alors, ils fuient. Mettez-vous plutôt en file indienne et nagez lentement en parallèle de leur trajectoire tout en restant à distance. Ça va les intriguer ».

Les intriguer ?… Doutant un peu de  ce stratagème, on s’exécute. La quinzaine de bipèdes qui s’est jeté à l’eau (32°, une caresse) tire son sillage sous le soleil qui a commencé d’escalader le ciel. Et… Et… ça les intriguent, bon sang ! Ça les intrigue pour de vrai. Les voilà même qui arrivent vers… « Ils viennent sur nous, Coincoin ! » (alias Sandra, ma mie), « ils viennent sur nous, je te dis !!! ».

Les dauphins, des dizaines de dauphins, parmi lesquels nombre de mères accompagnées de leurs petits, ont mis le cap sur notre petit train incongru et passent à présent à travers nous, paisiblement, comme si nous étions un nouveau jeu. Ils vont, viennent, nous frôlent et chahutent, virevoltent, discutent entre eux et nous regardent en passant du coin de l’œil (cette étincelle dans le regard, cette Présence, derrière !). Curieux, amicaux, princiers. Guillaume qui assiste Valérie sur ce voyage où il anime le programme d’apnée (il est triple champion du monde et la moitié des participants sont des plongeurs réguliers) descend loin en dessous de nous et se met à vriller sur place, tête en bas. Amusé, un jeune dauphin s’approche et commence à lui tourner autour, dans l’autre sens. Et voilà que tous deux se mettent à improviser un ballet aquatique qui restera longtemps dans nos mémoires. Pour la première fois (et il en sera ainsi les jours suivants : jour 2, jour 3, jour 4…), je sens les doigts de Sandra broyer les miens. Notre cœur n’en croit pas nos yeux : ils sont là, partout autour de nous, surgissant de babord comme de tribord, nous régalant de leur grâce et de leurs facéties. On est venus pour vivre ça, exactement ça, et cela nous est donné dès la première seconde. Des années, que dis-je, des décennies qu’on en rêve et c’est Maintenant. C’est génial, unique, bouleversant.

Comme ça durant une demi-heure, trois quart d’heure, une heure de PUR bonheur. A un moment, Sandra qui s’initie pour l’occasion à la respiration avec tuba, connait quelques ratés. Et là, étonnement, le dauphin qui venait de nous dépasser fait demi-tour et vient quasiment coller son bec sur son masque, l’interrogeant du rostre : « ça va ?! ». Bouleversée par cette attention inimaginable, Sandra, du coup, manque s’étouffer pour de bon.

A suivre…

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Comment vous allez sauver les dauphins de Sataya… (épisode 1) | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Jerome Bourgine
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