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Quand la biodiversité s’invite dans les gites

La Fédération Nationale des Gites de France avait déjà créé les gites Panda (avec le WWF et les Parcs Naturels Régionaux), puis les Ecogites. A l’occasion de la révision des référentiels dédiés à ces hébergements, elle invite la biodiversité à faire partie de ses propositions… dans tous les gites ! Thierry Hours nous guide dans ce survol apéritif d’un engagement toujours plus fort en faveur de la nature.

Thierry Hours des Gîtes de France, directeur du réseau dans les Hautes Alpes et les Alpes de Haute Provence

Voyageons Autrement : Thierry Hours, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Thierry Hours : Je suis un ancien du réseau des Gîtes de France, directeur du réseau dans les Hautes Alpes et les Alpes de Haute Provence, deux départements historiquement très investis dans la démarche environnementale et la valorisation des bonnes pratiques des gites.

VA : Où en est-on de l’aventure des écogites ? Pouvez-vous nous la résumer ?

TH : Au début des années 2000, nous avons donc voulu valoriser les gites dont les propriétaires s’engageaient volontairement dans une démarche vertueuse. Et notre réflexion a débouché sur la création de la qualification Ecogite. Dans le réseau nous disposions déjà du label Gîte Panda ; les hébergements concernés sont des lieux « privilégiés » à partir desquels découvrir facilement un territoire et sa biodiversité, grâce notamment à l’hébergeur lui-même et son rapport à la nature.  Ecogite vient  distinguer le bâtiment lui-même, la qualité des matériaux utilisés et ses performances environnementales. L’idée de départ était avant tout de valoriser les propriétaires ayant recours aux énergies renouvelables et limitant les émissions de CO² à travers des hébergements exemplaires. Un label spécifique aux Gites de France soutenu par l’ADEME et la région Provence-Alpes Côte d’Azur et qui a été testé dans cette région en 2005. Le référentiel a ensuite rapidement été adopté par la fédération nationale et étendu à l’ensemble du réseau ; les techniciens ont été formés. A cette première vague d’hébergeurs « militants » engagés pour la préservation de l’environnement sont venus s’ajouter peu à peu un public plus classique. Le système a été revu une première fois en 2012 et élargi aux usages, à la sensibilisation du public et à la connaissance du milieu naturel local. Et enfin, cette année, suite notamment à la nouvelle réglementation environnementale de 2020, nous procédons à une nouvelle refonte, amenant la révision de certains critères …

gites Panda, Ecogites et panneaux solaire

VA : Quelles sont les principales « nouveautés » ?

TH : Les techniques évoluent et progressent. Les nouveaux écogites sont bien plus performants que ne l’étaient les premiers. On a vu apparaitre des bâtiments dont certains à énergie positive avec des systèmes de chauffage avec de meilleurs rendements permettant un recours facilité aux énergies renouvelables (solaire, bois), des systèmes de ventilation de type double-flux ou des pompes à chaleur avec de très bon niveau de performance sont à prendre en compte. Ce que l’on refusait jadis comme le recours à l’électricité pour le chauffage, on peut aujourd’hui l’accepter dans certains cas : quand une maison est tellement bien isolée et conçue qu’il suffit d’un petit radiateur électrique pour la chauffer, pourquoi dire non ? Plus globalement, parti d’un impact limité à quelques actions, nous avons aujourd’hui élargi à l’ensemble des critères environnementaux : circuits courts, matériaux biosourcés, meilleure prise en compte de l’énergie grise, valorisation de la biodiversité et des ressources locales, etc. Dernier élément d’importance : il y a quelques années encore, on parlait très peu de biodiversité. Ce n’est plus le cas et la biodiversité est désormais une problématique largement abordée par le nouveau référentiel.

VA : Sent-on un nouveau souffle depuis la covid ?

TH : Rapport du GIEC, Accords de Paris, problèmes climatiques récurrents… je ne pense pas qu’il y ait un rapport direct avec la covid mais on observe de fait un certain renouveau de l’intérêt des propriétaires pour ces questions depuis un an ou deux. Les gens, globalement, prennent cette problématique plus au sérieux.

VA : Du côté des vacanciers, la demande augmente-t-elle ?

TH : La particularité des écogites est qu’ils ne sont pas des produits touristiques en eux-mêmes, leurs qualifications techniques ne les rendent pas directement plus attractifs. Et pourtant, ils sont en effet plus demandés que les autres. Car les éléments qui font qu’ils sont plus écologiques et durables impliquent souvent qu’ils soient plus attractifs. Si on utilise des matériaux locaux, l’endroit aura davantage de charme et si on se soucie tant de l’environnement, c’est sûrement parce que celui-ci est de grande qualité. Ce qui a amené les écogites à réclamer et obtenir cette distinction les rend souvent plus attrayant, originaux, créatifs, vivants… Et ce phénomène sera encore augmenté par l’apparition dans le nouveau référentiel des critères liés à la biodiversité.

VA : Et la biodiversité alors ?

TH : L’idée n’est pas d’aboutir à une labellisation environnementale pour tous, mais plutôt de tirer vers le haut l’ensemble des hébergements Gîtes de France. La valorisation de la biodiversité à partir des lieux de séjour nous semble être une démarche intéressante car accessible à tous et porteuse d’intérêt pour le public..  Il semble important Que tous ceux qui souhaitent valoriser la biodiversité et agir dans ce sens puissent le faire, même s’ils ne sont pas labellisés Ecogites ou Gîte Panda. En devenant, via leurs relations sociales avec les visiteurs, des relais de l’attention qu’il nous faut porter à la biodiversité, ces hébergeurs se trouveront eux-mêmes valorisés. Et l’ensemble du réseau aussi. En termes de durabilité, les Gites de France jouaient déjà pleinement leur rôle en tant qu’acteur économique local, utilisant les matériaux, savoir-faire et les produits locaux. L’attention désormais portée sur la biodiversité vient compléter cet engagement dans le durable.

gites Panda et Ecogites, le bâti

VA : De quoi n’avons-nous pas parlé qui soit important ?

TH : Du réseau lui-même. C’est aussi à nos agences territoriales d’évoluer et de se montrer plus exemplaires. Certains de nos collègues se lancent dans une démarche RSE . Si nous souhaitons être pleinement cohérents avec les actions que nous menons en faveur de l’hébergement écolabellisé, nous devons aussi nous soucier d’améliorer nos pratiques et d’être nous-mêmes exemplaires. Ainsi nous pourrons’être cohérents dans l’ensemble de notre démarche.


Quand la biodiversité s’invite dans les gites | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Jerome Bourgine
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