Migrantbus : Si tu ne viens pas à Lagardère…
Inventer une rencontre qui jamais autrement n’aurait pu avoir lieu : celle des migrants que nous voyons depuis quelques années affluer dans notre pays avec les populations des territoires ruraux. Tel est le but du projet Migranbus qui se mettra en route cet été. Petit aperçu de ce bel élan du cœur…

C’est l’histoire, désormais classique (mais néanmoins toujours aussi admirable) d’une personne qui abandonne une situation confortable pour se mettre au service de la planète et de son cœur. Cet humain-là s’appelle Ludovic Maugère. Il a d’abord été chef de produit marketing pour une entreprise connue où il gagnait fort bien sa vie. Puis il a tout lâché. « Pour m’occuper de développement durable. Au sens large. Mener des projets divers et avoir un impact concret sur la transition écologique ». Depuis, Ludovic multiplie les initiatives. C’est ainsi par exemple que constatant que l’actuelle pandémie et la vente à emporter qu’on y a associée augmentait, en restauration, la quantité de déchets de 30%, Il a lancé « influence 4 impact » (sur instagram) et concerné 500 restaurants partenaires en leur proposant de demander à leurs clients d’apporter leurs propres contenants !… Alors, déjà pour ça : bravo !
Agir…
Et puis donc, il y a cette action, distinguée par la Fondation Cognacq-Jay, visant à faire tomber nos préjugés sur les migrants et créer du lien social. Tout a commencé par une mission humanitaire de 4 mois à Lesbos, en Grèce, dans un centre d’accueil pour migrants où Ludovic consacre son temps à essayer de faire passer quelques moments « normaux » aux réfugiés : apprentissage de la guitare, cuisine collective, etc. Là, il réalise personnellement tout l’écart existant entre l’idée que se font ses compatriotes de ces personnes et ce qu’elles sont vraiment. « 58% des Français se déclarent convaincus que les migrants sont incapables de s’adapter. Hors 95% d’entre eux au moins n’en ont jamais rencontrés ! Tel était d’ailleurs mon cas avant que je ne parte là-bas où j’ai pu constater que les migrants étaient des gens e-xac-te-ment comme nous. C’est donc à déconstruire ce préjugé que j’ai décidé de m’atteler en rentrant ».

D’où l’idée du projet itinérant Migranbus visant à faire se rencontrer cet été dans plusieurs villages du pays migrants et population locale. « Mettre les gens en présence change tout ! Je l’ai personnellement constaté et le témoignage de ce couple s’étant retrouvé moralement « forcé » de prêter assistance à des migrants qui frappaient à leur porte (lequel couple en a, depuis, fait une habitude !) a achevé de me convaincre ».
Or donc, l’an passé, accompagné d’Emma, Ludovic créé son association et recrute Haider, un réfugié Afghan. Car leur but n’est pas seulement d’agir pour les réfugiés mais avec eux ! De fait, c’est Haider qui est en ce moment même en charge du recrutement des 4 à 6 migrants qui, cet été, iront successivement exercer leur talent dans 3 ou 4 villages français. Car, tout comme nous, ces « gens-là » (un Afghan, un Turc et une Ethiopienne so far) savent faire des choses. L’une est cuisinière, l’autre bijoutier, le troisième barbier et (l’actuel) dernier jardinier. Chacun mettra donc à profit ses compétences pour animer la vie du village quelque temps. « Une expérience de 15 jours par village qui sera pérennisée si elle fonctionne suffisamment bien ».
Sachant que le tout fonctionne suivant le principe du MVP (j’apprends des tas de trucs, dis-donc), soit « Minimum Valuable Project » : pas de tour de France aussi égotiquement ambitieux que polluant, mais plutôt un choix de villages point trop éloignés de la région parisienne pour effectuer cet essai (un en Essone et l’autre en Bretagne, déjà). Location d’un véhicule (électrique of course !) et d’une tiny house où toute l’équipe partagera, ensemble, l’aventure. Hébergement citoyen sur place qui sera la seule participation locale requise. Hormis la vôtre !!! Car, en dépit du coup de pouce donné par les anges de l’association Makesense, le projet a encore besoin de rentrer quelques sous. D’où le recours usuel (et urgent : fin de l’opé début juin) à Kisskiss…

NB : A l’issu donc d’un grand appel à projets (pour une dizaine retenus) Migranbus vient donc d’être distingué par la Fondation Cognacq-Jay qui depuis des années effectue un magnifique travail dans le champ de la solidarité sociale.
Sur les réseaux : https://www.instagram.com/migrant_bus/
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Par Jerome Bourgine
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