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La grande itinérance est en marche !

| Publié le 13 avril 2015
Thèmatique :  Acteur associatif   Territoire 
             

Faisant suite à la rencontre de Florac visant à rassembler un réseau pour la Grande Itinérance, une deuxième table-ronde s’est tenue à Paris le mercredi 8 avril à l’initiative de l’association « Sur le chemin de R.L. Stevenson », de la Grande Traversée des Alpes (GTA) et de la Fédération Française de Randonnée (FFRandonnée). A nouveau, elle a rassemblé un large spectre des différents itinéraires de randonnée qui sillonnent la France (voire plus…) mais aussi quelques parcs régionaux. Marquée par une volonté d’aller de l’avant et de construire le réseau afin de mutualiser les expériences, elle a permis d’affiner les besoins et de créer des commissions de travail qui seront autant de piliers pour appuyer les actions de demain.

Paris Maison des Sports

Le monde de la randonnée est en marche !@GClastres

Prioriser les actions

Lors de la première réunion de Florac, une question avait été posée qui résume peut être toute la complexité de construire un réseau : « Les grands itinéraires et la grande itinérance : c’est quoi ? » Il avait alors été accepté que l’on parlait d’itinérance lorsque le voyageur a la possibilité de faire étape deux nuits consécutives à deux endroits différents quand les itinéraires sont des parcours à la fois culturels, paysagés et naturels avec une histoire, des rencontres, porteurs de sens et de valeurs. Il est toutefois clair qu’entre des grands itinéraires tels « Les Chemins de St Jacques » ou « Grandes Traversées du Jura » et des chemins plus confidentiels à l’image de Gaston Couté ou de l’association « Sur les pas des maîtres sonneurs », les besoins, moyens et attentes ne sont forcément pas les mêmes. Lorsque certains cherchent plus de visibilités, d’autres doivent gérer et aménager des sentiers foulés par des milliers de randonneurs chaque année. D’où l’importance, comme l’a précisé Claude Hüe, présidente de la FFRandonnée, dès l’ouverture de la réunion, de bien redéfinir les objectifs afin de prioriser les actions à mettre en place, les règles de fonctionnement de l’ensemble et les engagements de chacun…

Définir des valeurs communes

Parmi les nombreux points débattus ce 8 avril, a été évoquée la possibilité de mettre en place une promotion commune et la forme qu’elle pourrait prendre (outils papiers, promotion digitale, évènementiels, etc.). Toutefois, au-delà des outils, plusieurs questions de fond ont vite émergées : qu’est-t-on prêt à mettre en commun ? Le réseau est-il ouvert à tous ? Ne faut-il pas d’abord définir une stratégie et des objectifs communs ? Une charte ? Quels seraient les valeurs et le sens que l’on souhaite donner à l’itinérance pour mieux communiquer ensuite ? Guy Chaumereuil (Grande Traversée des Alpes), a rappelé que l’itinérance est à la fois un voyage intime qui permet de revenir à soi mais aussi une ouverture sur l’autre, le dialogue, la découverte, permettant de faire jouer les solidarités qu’elles soient humaines ou territoriales. Marc Levy, (ADT Bas-Rhin/Massif des Vosges) a illustré ce besoin de clarification en comparant la vision du « Chemin de St Jacques » telle qu’elle est vécue dans son département, qui a facilité la mise en place des coquilles pour aider au « balisage » et au cheminement des pèlerins en quête de sens, et un flyer découvert en Autriche ou le « St Jacques » était résumé à trois étapes/trois chefs étoilés. « On ne parle pas là de la même chose ». Au final, il semble qu’un consensus ait été trouvé sur un besoin de communiquer ensemble, reste à définir un discours commun ou du moins, des points de convergences…

Ensemble on est plus fort

Deuxième point abordé au cours de la matinée : comment devenir une force de frappe auprès des partenaires institutionnels ? Sur ce point, qui a surtout donné naissance à des retours d’expérience ou des réflexions de fond, Pierre Muller (Chemin de Saint-Guilhem le Désert) a rappelé l’importance de l’étiquette afin de maîtriser l’image que l’on souhaite donner au chemin. Guillaume Millot (Commissariat de massif du Jura) a déploré les politiques de chapelle, avec des élus locaux qui souhaitent garder les touristes chez eux et ne jouent pas assez le jeu de la mutualisation. Muriel Faure (Grande Traversée des Alpes), a souligné l’importance de mutualiser les connaissances pour être plus forts. Marc Carballido (ACIR Compostelle) a noté qu’il était fondamental que les habitants s’approprient leur patrimoine pour le partager. Christian Brochier (Association Stevenson) a rappelé que le chemin de Stevenson est une porte d’entrée qui permet ensuite aux randonneurs de découvrir le territoire. Marc Levy (ADT Bas Rhin) a pris l’exemple d’une EuroVeloroute qui traverse le territoire quand les boucles plus locales permettent d’affiner sa découverte. Guy Chaumereuil (GTA) a toutefois rappelé l’importance du lobbying direct, sur un point qui reste toutefois à affiner.

Constitution de réseau

Table ronde Itinérance@GClastres

Approfondir la connaissance

Le besoin d’approfondir la connaissance de l’itinérance par des recherches scientifiques a été ensuite évoqué, désignant autant les retombées économiques que les valeurs qu’elle porte et transmet. Les travaux du réseau AsTres qui vise à structurer les universités ayant des formations et des thématiques de recherches identifiées dans le domaine du tourisme ont été évoqués, appuyé par Michel Legros (Réseau européen Sur les traces de R.L. Stevenson) qui a rappelé l’importance de la recherche et de la formation pour faire avancer le réseau. Julia Steiner (IPAMAC), a également fait allusion aux entreprises et fondations, qui, sur un territoire, peuvent être des partenaires de poids. Dans le Limousin, le plateau de Millevaches travaillent ainsi avec trois centres d’art contemporains. Pierre Muller (Chemin de Saint-Guilhem) a proposé de mettre en place une grille pour évaluer les points forts et points faibles de chaque itinéraire mais certains ont précisé que des initiatives existent déjà. Marc Levy (ADT Bas-Rhin) a évoqué le « Leading Quality Trail », une initiative de la Fédération Européenne de la Randonnée Pédestre et Guy Berçot (FFRandonnée) a donné l’exemple des schémas de cohérence que met en place la FFR, et qui s’appuient sur quatre critère : l’entretien des chemins, leur balisage, les hébergements et les études réalisés.

Mise en place de commissions de travail

Les grands axes ayant été définis, le début d’après midi s’est rouvert sur la question cruciale du « qui fait quoi ? » afin de ne pas enterrer toutes ces bonnes idées dans le tourbillon de la vie. Assez vite, plusieurs propositions ont émergées qui se sont traduites par différentes commissions de travail. Pierre Muller (Saint-Guilhem), rejoint par Guy Chaumereuil (GTA), Sébastien Penari (ACIR Compostelle) et la FFRandonnée, a proposé de prendre en charge la commission visant à mettre en place la grille de critères et la charte du réseau. Marc Levy (ADT Bas-Rhin), aidé de Patrice Souc (FFRandonnée) et Julien Manino (Maison de la Transhumance) pilotera une « bourse aux stages » afin de lister les sujets intéressants pour le réseau qui pourront faire l’objet de stages pour les futurs écoles ou masters de tourisme. Le portail voyageons-autrement.com a accepté de faire le relais vers ses différents partenaires universitaires et les nombreux étudiants concernés. Une autre commission pilotée par Muriel Faure (GTA), avec Séverine Ikkawi (FFRandonnée), José Mortini (Parc naturel régional de Corse) et Julia Steiner (IPAMAC) identifiera les travaux et thèses en cours sur l’itinérance et les différentes études existantes. Laura Léotoing (Stevenson) prendra en charge la création d’outils collaboratifs et de partage pour aider le réseau à fonctionner. Christian Brochier (Stevenson) animera une commission sur les valeurs de la marche, la littérature, les réflexions philosophiques, avec Claude Hüe (FFRandonnée), Michel Legros (Réseau européen Stevenson) et Sylvain Penna (Fédération Française des Associations des chemins de Saint Jacques de Compostelle et Fédération Française des Itinéraires Culturels Européens). Enfin, Jean-Michel Humeau (FFRandonnée) aidera à clarifier la forme que peut prendre ce réseau : cluster informel ? Association ? Avec également la définition d’un règlement intérieur simplifié.

Et l’avenir ?

Et l’avenir est déjà ponctué de rendez-vous et de réunions pour mettre en commun tous ces travaux. La prochaine se tiendra probablement lors du Grand Bivouac à l’automne prochain, où il sera également possible d’organiser un débat, une conférence de presse, de partager un stand commun, tout est ouvert… Patrice Souc (FFRandonnée) a également proposé de mettre à disposition une journée technique du RAPN (Réseau Activité Pleine Nature)/Idéal Connaissance, pour non seulement offrir au réseau la possibilité de se réunir à nouveau, mais aussi lui permettre de se faire connaître et de partager ses objectifs auprès des collectivités territoriales. Une journée, qui, dans un premier temps, pourra être précédée par la mise en place d’une web conférence. Autant dire que le monde de la grande itinérance est en marche et déterminé à ne griller aucune étape !

——- ALLER PLUS LOIN ———————————-

A LIRE :

– L’itinérance pédestre, nouvelle chance pour les massifs. Grande Traversée des Alpes. Actes du Colloque. 2e assises nationales du tourisme itinérant. Ceillac (Hautes-Alpes). Septembre 2011. Une mine d’information et de réflexion sur l’itinérance.

Sur le Leading Quality Trail :

http://www.snh.gov.uk/docs/A916176.pdf

http://www.mullerthal-trail.lu/leading-quality-trails-best-europe

Pour un réseau de la Grande Itinérance – 2 décembre 2014
https://www.voyageons-autrement.com/pour-un-reseau-de-la-grande-itinerance


La grande itinérance est en marche ! | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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