L’Université d’été « Croissance verte et Voyagisme* », une vraie réussite !
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Pour sa première édition, l’Université d’été « Croissance et Voyagisme » s’est ouverte le 25 août à Hasselt (Belgique), sur une note de succès. La vingtaine de participants, venus de 17 pays et des 5 continents, représentants de nombreuses organisations internationales du tourisme en témoigne. Une belle réussite pour aborder la thématique mondiale de la croissance verte, liée au voyage et au tourisme !
Co-organisée par Greenearth.travel, (1) le parc national belge Hoge Kempen, l’Institut de recherche sur les transports de l’Université de Hasselt et soutenue par l’International Coalition of Tourism Partners (ICTP) (1), l’Université d’été a abordé les thèmes du changement climatique, de la mobilité durable et de la biodiversité, tous trois liés au secteur du tourisme.
Hasselt et province du Limburg; un territoire en reconstruction
Tout d’abord, pourquoi avoir choisi la région de Hasselt en Belgique pour l’organisation de cette université ? Elke Hermans, co-responsable et professeure à l’institut de recherche des transports (IMOB) de l’université de Hasselt explique : « Le gouvernement flamand est très intéressé par le développement du tourisme dans la province du Limburg du fait de la fermeture récente d’usines des environs ». Nous apprendrons également qu’une usine Ford fermera dans les prochains mois, provoquant très vraisemblablement le licenciement de 13 000 personnes. « Le tourisme est une piste de développement » ajoute Elke Hermans. « Depuis 2 années, l’Université de Hasselt a développé deux pôles d’excellence : les transports et la mobilité ainsi que le tourisme. Dans ce cadre, l’Université d’été « Croissance verte et Voyagisme » prend tout son sens sur notre territoire.» Actuellement, la province du Limburg emploie 25 000 personnes dans le tourisme et plus de 80% du tourisme est relié au patrimoine et à la culture.
5 jours ponctués de présentations académiques, de débats et de visites de terrain
Après l’introduction aux concepts clés tels que la croissance verte, la mobilité, la biodiversité et le voyagisme, chaque journée s’est concentrée sur chacun de ces thèmes afin d’en approfondir ses spécificités. Les participants ont également réalisé une étude de terrain dans le parc national de « Hoge Kempen » ou « Haute Campigne », l’unique parc national en Belgique suivi d’une visite guidée du parlement européen à Bruxelles.
Avant la clôture de l’Université, beaucoup de participants s’enthousiasment au souvenir de la soirée du mercredi « Maurice Strong Reflexions » (3). Ce moment dédié à la réflexion collective sur le thème de la biodiversité s’est déroulé dans l’atelier de l’artiste flamand mondialement connu Koen Vanmechelen (4). Entourés d’animaux empaillés, de lumières rouges tamisées, d’espaces sombres, le public a été plongé dans une atmosphère surréelle et fascinante. Ainsi, le travail de l’artiste porte sur la biodiversité liée aux problématiques de la modification génétique, au racisme, à la mondialisation. Des questions d’éthiques qui font actuellement débat et pas uniquement dans le tourisme…
Aviation et croissance verte : vraiment compatibles ?
Le transport fait presque automatiquement partie intégrante du voyage et du tourisme. La responsabilité de l’aviation dans le réchauffement climatique n’est plus à démontrer et représente environ 5% des émissions totales de CO2. En chiffres, l’aviation représente 3 milliards de passagers par an, 58 millions d’emplois directs, 3.4% du PIB mondial et 51% des arrivées mondiales se font par avion (réf : « Association de l’aviation européenne»). De nos jours, 28 000 avions survolent notre planète quotidiennement. Dans 10 ans, nous en compterons 18 000 de plus. Comment gérer ce flux ? Les biocarburants, l’innovation, l’amélioration des infrastructures, du matériel sont des solutions énoncées…mais restent discutables. En effet, la production de biocarburants à l’échelle mondiale pose question sur le long terme (monoculture, accaparation des espaces pour l’agriculture de denrées alimentaires, pollution des sols…).
Nous savons que le tourisme ne peut exister sans un déplacement qui est souvent assimilé aux transports. Quelles seraient les préconisations pour diminuer les impacts du tourisme liés aux transports ? Elke Hermanns partage sa vision : « Un changement drastique du comportement des consommateurs doit être fait en voyageant moins, ou plus près du lieu de résidence et en utilisant des transports plus respectueux de l’environnement. Les destinations doivent informer et faciliter cet accès aux transports en commun. De plus, c’est leur tâche de tout mettre en œuvre pour promouvoir la durabilité dans les transports. Cependant, nous ne pouvons en vouloir aux consommateurs s’ils veulent payer moins et voyager plus. Par contre, je pense que les prix « Low Cost » ne seront plus disponibles dans quelques années du fait de l’augmentation du coût du pétrole. »
En conclusion, quelques phrases clés des intervenants
« En Asie, c’est trop ! Trop de changements, trop vite, ayant trop de conséquences et trop peu de ressources ! Cela entraine une perte des valeurs, des traditions et un déracinement profond des personnes. Dans le secteur du tourisme, on assiste à une forte augmentation du tourisme religieux par exemple, démontrant cette volonté de reconnecter avec nos racines », Imtiaz Muqbil éditeur –journaliste de « Travel Impact Newswire ».
« Nous sommes maintenant tous interconnectés par des réseaux, des machines mais avec une certaine déconnection entre les humains. » Ou encore « La crise nous offre une opportunité unique de changer. Serons-nous prêts à la saisir ? » Ignace Schops, directeur du parc national de Kempen en Maasland.
« La notion de « croissance » n’est pas encore associée automatiquement au mot « vert ». Il semble important d’aller au de-là de la mesure de cette croissance, et d’en évaluer davantage ses impacts. » Geoffrey Lipman, directeur de Greenearth.travel et président de ICTP.
« Les communautés locales ont besoin d’avoir un pouvoir de décision sur leur territoire ! Mais rappelons que le tourisme existe grâce aux visiteurs tout comme une destination existe si des personnes s’y intéressent et s’y déplacent. Un équilibre doit donc être trouvé entre touristes et bien-être de la population locale » professeur Valere Tjolle de Totem Tourism
« Le GreenWashing inclue trop d’aprioris et décourage les entreprises de promouvoir leur action de peur d’être critiquées par les médias. Après 1992 et le sommet de Rio, l’opinion publique a divisé le monde en deux : les bons (ONG) et les méchants (grandes entreprises). De nombreuses entreprises font des choses très bien pour améliorer leur durabilité et leur impact environnemental. Ces exemples de bonnes pratiques, ainsi que les connaissances techniques nécessaires à leur mise en place devraient être enseignés directement aux étudiants à l’école et à l’université. » Professeure Rebecca Hawkins du « the Responsible Hospitality Partnership » (Royaume Uni).
Professeure Hawkins ajoute : « La RSE (Responsabilité Sociétale d’Entreprise) ne doit pas se limiter à un département d’une organisation mais doit être réellement intégrée dans une vision globale de gestion d’entreprise ».
* Voyage + Tourisme s’associent devenant ainsi “Voyagisme” …
(2) International Coalition of Tourism Partners (ICTP) http://www.ictp.travel/
(3) Maurice Strong : http://www.mauricestrong.net/
(4) Artiste flamand Koen Vanmechelen: http://www.koenvanmechelen.be/
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Par Marie Secrétant
Je travaille actuellement comme coordinatrice du réseau européen European Alliance for Responsible Tourism and Hospitality à Bruxelles. Je suis engagée pour un tourisme respectueux des communautés d'accueil et des territoires qui incluent l'enrichissement culturel, économique, environnemental et social autant pour la population réceptrice que pour le visiteur. La durabilité, la responsabilité et la solidarité sont pour moi trois valeurs clés qui doivent être intégrées dans le tourisme. Je suis une voyageuse sans fin et le mouvement, la vie, la différence sont des moteurs de motivation. J'ai habité dans plusieurs pays tels que l'Espagne, l'Italie, l'Angleterre, le Mexique, le Vietnam et maintenant la Belgique et j'en ai partiellement découvert tant d'autres en tant que voyageuse, qui je l'espère fut le plus responsable possible.
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