A la découverte de l’étonnant Kirghizistan !
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Hérissé de montagnes superbes et ayant conservé toute l’authenticité de sa culture nomade, le Kirghizistan réserve de multiples surprises au visiteur : nature, traditions, gastronomie…. Vers lesquelles les guides passionnés de l’agence Kyrgyz What ? les conduiront avec bonheur. Rencontre avec Nazira, sa conseillère voyages francophone…
Voyageons autrement : Pour être sincère, j’aurai un peu de mal à placer précisément le Kirghizstan sur la mappemonde ; pouvez-vous m’y aider ?
Nazira de Kyrgyz What : Le Kirghizistan, ancienne république du bloc soviétique, se situe en Asie centrale ; c’est un pays montagneux serti entre le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et la Chine…
VA : Pour aller au Kirghizstan, que faut-il aimer ? Quels paysages ? Quelles activités ? Comment décririez-vous le pays et la manière d’y vivre ?
Nazira : Nous sommes ici en terres nomades, le patrimoine culturel matériel y est donc peu important, mais la nature et la culture orales en revanche sont très présentes. Paysages alpins, grandes vallées, steppes, canyons et quelques zones désertiques se partagent un territoire occupé à plus de 90% par les montagnes, dont 3 sommets à plus de 7000 bien connus des alpinistes. Le trek et le cheval sont donc des ingrédients forts de la recette kirghize, mais également l’art de vivre local, mes compatriotes étant rarement pressés, se réglant encore sur le soleil et sachant surtout profiter de la vie et de ses plaisirs…
VA : La destination semble un terrain de jeu idéal quand on aime les grands espaces. En quoi est-elle « LA destination trek d’Asie centrale » comme on le lit souvent ?
Nazira : C’est le pays le plus montagneux de la région, le plus sauvage également. Au point que certains endroits ne sont pas encore véritablement cartographiés, balisés. Pour les amateurs de treks et d’ascension, il demeure beaucoup à faire, à créer : en traçant et ouvrant de nouveaux itinéraires, de nouvelles voies. Les amateurs de sentiers non battus sont ici exactement chez eux et ne croiseront au cours de leurs périples originaux que quelques bergers et habitants locaux. Parmi les trois pics à plus de 7000, nous proposons l’ascension du pic Lénine (et de ses 7134 m) ainsi que celle du sommet voisin, le Razdelnaya, un 6000 ; mais il existe des tas de sommets moins élevés, dans les 4, 5 mille mètres, parfaits pour se faire le pied. Rien que la vue depuis notre capitale, avec toutes ces montagnes au loin, est déjà impressionnante. On réalise mieux à ce spectacle à quel point ce pays est avant tout fait de grands espaces. Il compte certes quelques grandes villes, éloignées les unes des autres, et puis, la nature, la nature, la nature… encore peuplée ici de bergers et de chevaux.
VA : Justement, le cheval tient une place considérable dans la culture locale. Et les amateurs d’équitation seront ici chez eux ?
Nazira : Oui, bien sûr, s’ils ont l’esprit… ouvert ! Car le rapport au cheval est ici plus complexe que chez vous (de nos jours). Le cheval accompagne le Kirghize toute sa vie, c’est vrai ; dès l’âge de trois ans, les enfants commencent généralement à monter. Mais il existe deux sortes de chevaux différents : une race de chevaux de monte, chevaux de courses (traditionnelles) et jeux équestres et une seconde race, plus rustique, élevée pour la vie quotidienne, les travaux et… que l’on mange également. Les grandes fêtes familiales sont, entre autres, l’occasion de partager, ensemble, ce met de choix tandis que les saucisses de cheval, les tchoutchouk sont notre plat traditionnel. Beaucoup de choses tournent autour du cheval dans notre culture et le marché aux bestiaux est un endroit à découvrir. Quant aux amateurs d’équitation, ils seront comblés : de la ballade de quelques heures à la véritable chevauchée nomade en autonomie de plusieurs jours, les randonnées à cheval sont un des points forts de la destination.
VA : Pouvez-vous nous détailler le circuit de cette « grande boucle » qui permet de découvrir l’essentiel du pays ?
Nazira : De la capitale Bishkek, on s’envole vers le sud du pays et la ville d’Och. Bazar, cascades et étonnante forêt de noyers vous y attendent, puis balade à cheval jusqu’au lac saphir de Sary-Chelek. Après avoir traversé des paysages variés, on arrive aux abords du fameux lac Son-Kul et des steppes qui l’entourent. Ce lac, aussi incontournable que la Tour Eiffel chez vous, a la réputation d’être magique et attire les gens comme un aimant. Autour pourtant, ne se trouvent toujours que les yourtes des pêcheurs et celles de quelques bergers. Mais c’est un endroit magnifique où tous les habitants du pays aiment venir se ressourcer. Et apercevoir des yacks ! Qui sont élevés en nombre dans la région. Balades à pied et à cheval sont bien entendues chaudement recommandées. On rejoint ensuite la route de la Soie et l’on s’arrête dans le caravansérail de Tach Rabat à l’atmosphère du XV° siècle prégnante. A Kochkor, rencontre avec l’artisanat local et un aiglier (chasseur utilisant encore un aigle). Le célèbre canyon de Skaska (qui signifie « Conte de fée ») doit son nom aux nombreuses formations rocheuses en forme de personnages qu’il héberge. Puis viennent les « 7 taureaux » de Jeti-Öghuz, un paysage de carte postale lui aussi célèbre (et célébré sur les timbres) et le lac d’Issky-Kul, second plus grand lac de montagne après Titicaca. Après avoir découvert ses pétroglyphes, on choisira, au choix, les activités nautiques sur la berge nord, qui est balnéaire, ou les promenades sauvages le long de la berge sud. Et puis ce sont encore des randonnées, des panoramas superbes, des vallées et rivières de montagne magnifiques comme Chon Suu, le « Spa d’Or » (sources chaudes) d’Altyn Arachan, un rafting revigorant sur la rivière Chuy et le retour vers la capitale et son grand marché. Le tout en 20 jours, très bien remplis !
VA : A quelles clientèles êtes-vous sûrs de faire plaisir ?… Qui se rend – ou devrait se rendre ! – chez vous ?
Nazira : Des clientèles très variées. Randonneurs et amateurs d’authentiques bien entendu, déjà ; prêts à vivre dans des conditions très correctes mais non luxueuses. Et puis tous les vrais voyageurs, ceux qui aiment la différence : de paysages, culture et… cuisine ! Car, on le sait peu, mais la cuisine kirghize est réputée ; à juste titre ! Tout le monde (ou presque) cuisine très bien chez nous !
VA : De quelle manière s’exprime votre engagement pour un tourisme responsable ?
Nazira : Nous en sommes encore aux débuts du tourisme, mais nous faisons cela en essayant d’entrainer tout le monde avec nous car, petit à petit, le tourisme est devenu une source importante de revenus et, plus important encore, de développement ! Lorsqu’un berger construit une yourte supplémentaire pour y accueillir des étrangers de passage et qu’il leur loue ses chevaux, l’argent gagné va souvent directement à l’éducation des enfants, lesquels, très vite, en retire l’envie d’apprendre davantage, de voyager, découvrir, comprendre. Dans le même temps, ce contact permet aux populations locales de s’ouvrir l’esprit à d’autres réalités et, tout simplement, au reste du monde. Nous pratiquons beaucoup l’hébergement chez l’habitant, idéal en randonnée et rendu plaisant par la grande faculté d’accueil des Kirghizes. Et, dans nos régions, autre point positif, les gens coopèrent beaucoup et s’organisent entre eux pour accueillir au mieux les touristes.
VA : Qu’est-ce qui a le plus étonné et comblé vos clients quand ils repartent et vous parle de leur voyage ?
Nazira : Justement : ils sont souvent étonnés – et réjouis ! – de la chaleur spontanée et simple de l’accueil local. Sur les questionnaires récoltés en fin de séjours, émerge en particulier une famille à laquelle les gens s’attachent tellement au cours des deux ou trois jours qu’ils passent avec elle qu’ils nous racontent avoir pleuré en la quittant. De la même manière, ils nous confient souvent l’étonnement et la satisfaction éprouvés en découvrant la cuisine locale.
VA : Peut-on approcher la culture nomade ?
Nazira : C’est tout l’intérêt d’être hébergé chez l’habitant, dans ses yourtes. De plus, au fil des treks, les rencontres avec les bergers et les paysans sont nombreuses, et pas programmées pour un sou ! On découvre donc tous ces gens au cœur même de leurs activités quotidiennes. Mais aussi, à d’autres moments, le soir ou les jours de repos, au travers la célébration de festivités populaires.
VA : Quels avantages y a-t-il à découvrir ce pays pendant qu’il se trouve encore en dehors des sentiers battus ?
Nazira : Pour les urbains que nous sommes presque tous devenus, ce retour aux sources offre un dépaysement to-tal ! Vie simple, hordes d’enfants en liberté s’égayant dans les campagnes (ils sont accueillis à la campagne par leurs grands-parents au moindre congé, car ici, la notion de clan et de solidarité familiale restent très fortes), découverte d’une culture réellement différente, parfois désorientante, paysages d’une beauté à couper le souffle, étendues sauvages à perte de vue (6 millions d’habitants seulement !), perpétuation des traditions anciennes (vous verrez forcément quelqu’un fabriquer devant vous de la crème fraîche ou du feutre). Et puis, plus important encore que ce que vous verrez, il y a la façon dont vous serrez reçu : comme un hôte et un voyageur, non pas comme un touriste ou un porte-monnaie sur pattes… Au Kirghizistan, vous découvrirez le vrai pays, pas quelque vitrine à la réalité déformée. Et c’est devenu quelque chose de très rare, aujourd’hui.
Par Jerome Bourgine
Ecrire et voyager. Voyager et écrire... Depuis 50 ans.
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J’ai hâte d’effectuer un voyage dans les conditions de découverte, de respect des populations locales et de découverte de leurs manières de vivre dans des contrées qui me fascinent+