Lisbonne, le casse tête éthique
De la même façon que Barcelone, Dubrovnik, Venise et tellement d’autres villes dans le monde, Lisbonne subit de plein fouet les effets d’un tourisme sans répit, qui cannibalise la vie même de la cité des bords du Tage. Outre la surconsommation, les problèmes d’eau, d’énergie,de logements il me vient des scènes qu’aucun pourraient qualifier de cocasses, voir de dérisoires, mais qui après plusieurs mois me mettent toujours mal à l’aise. Réflexion sur le voyage.
Lisbonne octobre 2018
Temps splendide, arrière saison exceptionnelle, trop chaude surement, mais là est une autre question (quoi que…). Nous déambulons dans le quartier de l’Alfama avec une nonchalance et une vitesse digne d’un escargot …la faute à une farouche volonté de découvrir la ville à notre rythme, en s’immergeant dans les petits commerces, en prenant les petites rues, en parcourant la ville un peu en marge.
Sauf qu’à la marge, même en octobre, ça veut quand même dire d’énormes paquebots battant pavillon de grosses compagnies de croisières de l’Europe entière. Tous les jours de Porta do Sol, un lieu magique où le Tage offre sa magnificence et sa couleur de paille à tous, gratuitement, enfin cela c’était avant, car de nos jours il faut se pencher pour voir l’eau et l’on voit plutôt une annexe du salon nautique.
Le tourisme version casque audio et tête dans le guidon
Ce premier avant-gout pas très agréable aurait pu nous mettre en garde contre les dérives de l’overtourisme, las le lendemain attablé devant un bacalhau a Bras dégusté dans un lieu pittoresque, on a assisté à une lente procession, triste et fade. Cette procession c’est celle de milliers de personnes suivant comme des robots des « guides » qui font croire à leurs hôtes d’un jour qu’ils visitent une des plus belles villes du monde. Mais ces personnes se rendent-ils compte
que là ou ailleurs c’est finalement du pareil au même : ils ne connaîtront malheureusement pas la fièvre, la moelle de la ville. C’est sur ils l’auront parcourue, au pas de course, au moins font-ils de l’exercice me direz-vous. Terrible constat, car au delà de l’aspect visite bâclée et nourriture aseptisée, on pourrait dire ils font bien ce qu’ils veulent tout de même…oui mais, cette scène ne cache t-elle pas un mal plus profond et plutôt nauséabond : l’effet de groupe et ses terribles ravages. Comment se loger à l’année dans l’Alfama, comment vivre au milieu de centaines de milliers de personnes qui regardent dans votre appartement? Je ne me l’imagine pas et ne le souhaite à personne.
Un voyage, mais quel voyage?
Et puis moi pauvre hère, peut être un semblant plus éclairé sur la réalité du tourisme de masse que la moyenne de ces voyageurs, qui suis-je pour donner des leçons finalement? Qu’est ce que je faisais moi aussi à Lisbonne ville vampirisée par la tornade Airbnb, ou quelques jours avant mon séjour a eu lieu une grande manifestation des Lisboètes contre la marchandisation des logements et pour un logement décent pour tous. Ma réflexion est sortie aiguisée de ce voyage, ou modestement j’ai essayé de faire travailler des locaux, d’éviter les pièges, d’être poli, souriant Cette ville me l’a bien rendue au centuple. Mais est-ce suffisant?
Sans jouer les moralisateurs, privilégiez les petits groupes, les logements responsable (auberge de jeunesse, hôtels mettant en oeuvre les principes du développement durable, logements chez l’habitant pour rencontrer et dialoguer avec les locaux, Fairbnb !). Pour la restauration marchez (de toute façon Lisbonne se parcourt avec de bonnes chaussures) et évitez le tape à l’œil, laissez vous guider par votre instinct. Votre comportement enfin doit être celui que vous attendriez d’un visiteur dans votre ville : la courtoisie, la propreté et n’ourliez pas : vous ne verrez pas tout (heureusement) donc adopter le pas du randonneur. Levez les yeux et le nez…et vous verrez votre séjour n’en sera que plus inoubliable!
Un lien intéressant écrit par des habitants de la capitale Portugaise, à méditer : http://www.lisboa-does-not-love.com/fr#solution
Par Guillaume Chassagnon
Amoureux des montagnes, des hommes y vivant. j'aime les parcourir, les photographier, les découvrir et donner envie de les fréquenter. Sac à dos, livres et appareil photos sont mes outils quotidiens. Je travaille aussi pour de la presse quotidienne pour notamment montrer le dynamisme culturel et associatif de mon territoire. A bientôt sur les sentiers, autour d'un bon verre de vin, d'un plateau de fromage ou dans une librairie! Et à la fac d'Avignon of course
Les 5 derniers articles de Guillaume Chassagnon
- Les artisans de Chartreuse dynamisent et accélèrent la transition sur le territoire
- La lente agonie des centres de vacances
- Une tournée par les sentiers au rythme du pas de l’âne
- Au château du Clos de Vougeot : un livre enchanteur!
- 2020 une année qui compte pour les ramassages de déchets en montagne !
Voir tous les articles de Guillaume Chassagnon
Découvrez nos abonnements
15 voyages sélectionnés par Voyageons-Autrement.com
Informations utiles pour voyager
FORUM TOP RESA – Comment être acteur du changement durable ? La deuxième table ronde vise à s’interroger sur « Comment être acteur du changement durable ? », notamment sous le prisme des changements récents dans...
Développement touristique en montagne : le temps des choix est arrivé Pierre TORRENTE – Directeur adjoint ISTHIA –CERTOP – UMR 5044 CNRS – Université Toulouse 2 ~ par Pierre Torrente...
Accueil paysan : 33 ans d’ouverture aux autres... et au monde ! Accueil paysan : 33 ans d’ouverture aux autres... et au monde ! ~ par Jerome Bourgine...
Pour une montagne accessible à tous : opération 5 000 jeunes à la montagne ! Depuis janvier, 5 000 jeunes de toute la France peuvent prétendre à un séjour en montagne grâce à un dispositif soutenu par le Fonds...
Création d'un réseau responsable réseau de bloggueurs et de sites d'influence dans le domaine du développement durable comptant pas moins de 250 sites/blogs qui s'entraident pour diffuser une information pertinente...
Paroles de Greeters… 25 ans après avoir été inventé aux Etats-Unis, le phénomène des greeters s’est mondialisé tout en rencontrant dans notre pays un écho unique. ~ par Jerome Bourgine...