Les îles Vanille, territoire à l’honneur de la JMTR 2013
Les Iles Vanilles regroupent six territoires – Madagascar, la Réunion, l’Ile Maurice, les Comores, Mayotte et les Seychelles – qui ont éprouvé le besoin de se regrouper pour faire face à la crise et aux besoins du marché international, forme de marque ombrelle permettant d’améliorer leur visibilité. A l’honneur lors de la JMTR 2013 consacrée aux îles, elles ont exprimé leur envie de continuer à accueillir des voyageurs tout en prônant un développement touristique éclairé, respectueux des ressources et des populations.
Une activité touristique déjà bien implantée
Les Iles Vanille représentent un marché touristique conséquent, plusieurs millions de touristes par an dont, en 2012, 965 441 à Maurice (+ 13%), 446 500 à la Réunion (dont 50% de touristes affinitaires), 252 000 à Madagascar, 170 000 aux Seychelles, 48 000 à Mayotte et 30 000 aux Comores. En outre, ces touristes viennent d’horizons divers, si les Français sont majoritaires à la Réunion, les touristes asiatiques affluent aussi à Maurice. Or, on ne propose pas forcément les mêmes produits entre des Chinois qui aiment à grouper plusieurs territoires, des Français qui viennent parfois allier retrouvailles familiales et découvertes, des Allemands en manque de soleil… avec, en sus des moyens très différents d’une île à l’autre, expliquant cette volonté de s’allier pour être plus fort, façon de mettre en place des opérations communes profitables à chacun. Les Maldives devraient d’ailleurs prochainement se joindre à cet ensemble, ajoutant près d’un million de touristes supplémentaires à cette logique d’union.
Un milieu naturel fragile
Dotées d’une biodiversité exceptionnelle, les îles Vanille tirent une bonne partie de leurs ressources du tourisme (l’autre partie venant de la pêche), des « hot spot » malheureusement mis à mal par des pressions environnementales difficiles à endurer. D’après Pascal Saffache, ces territoires fragiles ont un environnement côtier sous le seuil de subsistance. Chaque année, sur l’île de la Réunion, près de 3 000 tonnes de sédiments au km² viennent se déverser dans le milieu marin, provoquant des panaches turbides (l’eau est plus épaisse, plus chargée en terre, et donc quelque part étouffe les écosystèmes – nécrose des coraux – fossilisation des fonds marins). A Maurice, depuis la découverte du territoire en 1507, la couverture forestière n’occupe plus qu’1% de la superficie totale de l’île. De même, à Madagascar, où si la déforestation se poursuit, on prévoit qu’il n’y aura plus du tout de forêt d’ici cinquante ans. Mis à rude épreuve par l’activité touristique (mais aussi par l’urbanisation galopante et les activités industrielles), les îles peinent à protéger leur environnement. Ainsi, à Maurice, 95 hôtels occupent 30% du littoral, faisant reculer des côtes de plus en plus érodées. Quant au Seychelles, 5 000 lits sont le fait d’hôtels installés sur la frange littoral avec un impact direct sur la stabilité de la frange côtière. Or, quand on sait que le niveau de la mer ne cesse de s’élever, est-il raisonnable d’implanter des hôtels en bordure d’océan ? Cité dans Iles Pionnières, Claude Colin, attaché à l’ambassade de France des Seychelles précise : « Nous avons actuellement 170 000 visiteurs par an, mais le plan qui a été établi prévoit une fréquentation d’environ 230 000 visiteurs par an au maximum, afin de préserver un accueil de qualité (…) et en ce qui concerne les infrastructures d’hébergement et d’approvisionnement en eau. »
Conjuguer les intérêts de uns et des autres
Protéger les zones naturelles est donc indispensable si l’on veut promouvoir le tourisme. Responsable Délégation de Mayotte à Paris, Siadi Vita explique : « Quel que soit le devenir de Mayotte, il faut prendre en compte la conjugaison d’intérêt. Le seul pétrole de nos îles, c’est le tourisme, comment faire pour que la conjugaison d’intérêt soit profitable aux uns et aux autres. » Et de souligner l’importance de partir de la base, la création de parcs marins protégés mais aussi, des décisions plus politiques mais toutes aussi fondamentales, comme celle de réserver les titres de propriété de l’île aux Mahorais afin d’éviter que Mayotte ne passe entre les mains des grands groupes internationaux. Une régulation foncière fondamentale pour éviter les mirages du tourisme international. Dans les années 70, la Costa Del Sol a vendu ses terrains à des sociétés internationales extérieures, aujourd’hui, les petits fils des propriétaires sont domestiques en Europe du Nord. Autre réponse, aux Seychelles, via la création en 2012 d’un label spécifique – Label Tourisme Durable des Seychelles – dont l’objectif est de préserver le territoire et de garantir un tourisme plus responsable. Basé sur 105 critères inspirés de labels reconnus à l’international, il s’adresse principalement aux hôtels et prend en compte les questions d’environnement mais aussi les communautés et les clients. Pour l’heure, trois hôtels sont labélisés sur le territoire. Il est donc fondamental d’identifier ce qui se fait en tourisme et de calculer les retombées économiques et les seuils à ne pas franchir sous peine d’irresponsabilité.
Vers une gestion verte
La gestion verte peut créer de nouveaux emplois verts. Tel est, semble-t-il, ce qu’il ressort des débats centrés sur une bonne gouvernance, garante d’actions concertées, intelligentes, prenant en compte les ressources limitées et la fragilité sociale. A terme, les îles Vanille pourront peut être aussi s’appuyer sur des lames de fond plus globales, à l’image de Zoritza Urosevic, qui a présenté l’inscription du tourisme durable dans le cadre décennal du Programme de l’OMT : Le tourisme durable, proposé par la France, est l’un des programmes à développer pour les dix prochaines années. Il y a là clairement une opportunité pour l’ensemble des îles de s’allier et de participer à l’élaboration de ce programme. A l’Unesco, Peter Debrine a également pour mission de mettre en place les piliers du tourisme durable dans son programme tourisme et culture. Au-delà des îles, les choses bougent, autant de possibilités d’ouvrir de nouveaux champs d’investigations pour mettre en place, autant que possible, une gestion durable de territoires pour l’heure fragilisés.
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A lire aussi : http://www.ile-en-ile-mag.com/Le-tourisme-durable-quel-avenir-pour-les-iles-de-l-ocean-Indien_a67.html
La JMTR est organisée par la CITR et se décline dans plusieurs pays. Programme à suivre sous ce lien.
Certains chiffres et faits ont été emprunté à l’excellent ouvrage : Îles pionnières, PHILIPPE VALLETTE & CHRISTINE CAUSSE Actes Sud & Nausicaà, Mare Nostrum, octobre 2012. Photograhies d’Alexis ROSENFELD et cartes de Jean-Pierre MAGNIER. Préface d’Isabelle AUTISSIER. 37 €.
A suivre aussi sur notre portail les vidéos de Grace Daya, qui reviendront sur la journée du 3 juin en mettant en lumière quelques uns des acteurs de cette journée.
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Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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