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Slow Tourisme Catalogne

Sur les chemins blancs avec 66° Nord

| Publié le 23 janvier 2017
Thèmatique :  Acteur privé   Monde   Territoire 
             

Chaque année, quelques poignées d’élus se lancent dans l’aventure du Grand Nord, au cœur de ces ultimes royaumes immaculés qui flirtent avec le Pôle. Les déserts glacés du Spitzberg et du Groenland voient alors passer ces cordées de l’extrême arrimés dans leurs parkas grands froids et tirant leur pulka jusqu’au prochain bivouac. Quelques ours étonnés contemplent également le spectacle de ces courageux marcheurs du grand froid.  Dans ces confins arctiques, tout est organisé pour s’immerger dans le blanc du blanc le temps d’un séjour qui ne laissera pas de trace, si ce n’est la force du vécu, du souvenir, et le bonheur d’avoir marché dans les pas d’un Paul Emile Victor…

Raid à Ski au Spitzberg

Raid à Ski au Splitzberg @DR

Invités sur le territoire de l’ours

Guide aguerri de ces territoires de l’extrême mais aussi directeur de production et coordinateur de l’ensemble des équipes de 66° Nord, Quentin Beauvy précise d’emblée l’esprit de ces raids à ski : « Nous sommes invités sur le territoire de l’ours, pas question de nous imposer. Au moindre problème avec l’animal, c’est nous qui partirons ». L’agence amène entre 60 et 80 personnes par an – concrètement en mars et avril (la saison des jours longs) – découvrir le Spitzberg ou le Groenland, soit deux raids annuels au Groenland et entre six et sept au Spitzberg. Les groupes sont restreints, huit personnes maximum, pour des questions de logistique, de sécurité, mais aussi d’impact environnemental. Quentin Beauvy : « Nous sommes dans une démarche d’impact minimum. Mis à part l’aérien que l’on ne peut éviter, on sensibilise nos clients à un label américain « Leave no trace » qui correspond à notre façon de voir les choses». Ainsi, pour ne pas laisser aux plantigrades ou aux autochtones les reliefs du passage, poubelles et déchets sont tractés dans les pulkas, les trous des bivouacs rebouchés, et seuls restent les déchets organiques qui passeront à la mer à la fonte de la banquise, car sinon le grand froid les condamnerai au grand blanc à perpétuité.

Dans l'immensité blanche du Grand Nord avec 66°Nord

Dans l’immensité blanche du Grand Nord @DR

Un huis clos dans l’immensité du désert blanc

Paradoxe de ce huis clos dans l’immensité glaciaire, l’horizon est infini mais le groupe omniprésent. On n’est jamais plus proche que lorsque l’espace s’étire en abîme. Marcher dans le grand blanc ramène à l’essence des choses. Le soir, il faut planter le bivouac et ne pas oublier que le Spitzberg est l’archipel habité le plus au nord de la planète. Dans ces confins, où l’on compte plus d’ours polaires que d’habitants, près de 3 000 tout de même, il faut aussi rester vigilant. Si les départs en mars et avril permettent d’optimiser les jours et ainsi la sécurité, la banquise reste le territoire de l’ours. Alors, pendant le sommeil des justes, un tour de garde s’organise, avec un guide armé pour protéger le camp. Evidemment, le fusil n’est là qu’en cas d’ultime recours. Tout est fait pour que la nuit se passe au mieux, la nourriture sortie du campement, la tente-cuisine mis à part, les toilettes éloignées, l’ensemble pour pallier à l’excellent odorat de l’ours, qui pourrait rappliquer malgré tout. Quentin : « Lorsque l’on voit des traces d’ours et que l’on organise un tour de garde, cela draine un sentiment très fort qui soude le groupe car au moment d’aller dormir, en 24h, des personnes qui ne se connaissaient pas remettent leur propre sécurité dans les mains des autres. Nous sommes toutefois là pour contempler la faune, mais c’est aux animaux de choisir s’ils souhaitent venir nous voir, ou pas. Les rencontres à l’image de notre mobilité restent douces et fortuites. »

Au coeur du grand nord

Quentin tirant sa pulka @DR

Le Spitzberg – porte d’entrée de l’Arctique

Au Spitzberg, l’unique village compte 2 500 habitants. L’archipel a été colonisé par l’homme au 17e siècle et peu à peu, les pêcheurs et chasseurs de baleines ont vu poindre une citée minière. Elle est encore en activité aujourd’hui mais les services et un brin de tourisme ont pris le dessus. Les groupes arrivent à l’aéroport de Longyearbyen, dorment une nuit au chaud et partent ensuite pour l’aventure : des journées de six à sept heures en ski de randonnées à tirer les pulkas, puis le montage du campement et enfin le réconfort. Avec des températures avoisinant les – 20 à – 25 °, il est important de rester toujours actif avant de se poser dans la tente principale du bivouac, un thé bouillant entre les genoux. Les circuits forment des boucles, avec des guides formés aux itinéraires qui n’oublient pas non plus GPS et boussole. Quentin : « Notre volonté est d’aller dans des zones isolées, de profiter du Spitzberg, très sauvage, et de sa faune, les ours mais aussi les rennes, les phoques, les renards polaires… » Sur place, les itinéraires ont été réalisé spécifiquement par 66°Nord. Malheureusement, avec la fonte de la banquise, il arrive que les zones de banquise se réduisent et que certains séjours deviennent problématiques, ou qu’ils faillent trouver des itinéraires bis. Le réchauffement climatique n’est pas que dans les livres…

La nuit tombe sur le Grand Nord Spitzberg

La nuit tombe sur le Grand Nord @DR

Sur le terrain de chasse des Inuits du Groenland

Au Groenland, la calotte polaire est énorme, les raids suivent les pistes des chiens de traineau des chasseurs groenlandais qui filent chasser sur la banquise. Aujourd’hui, les Inuits sont en pleine transition, avec un mode de vie qui bascule entre tradition et modernité. Si l’ancrage traditionnel reste fort, avec encore des chasseurs de phoque, de nombreuses questions demeurent sur l’avenir et la relève, interrogeant la volonté des jeunes Inuits de perpétuer la tradition. Sur place, les groupes ont souvent l’occasion de rencontrer et d’échanger avec les chasseurs, de mieux comprendre ainsi leur mode de vie. Le Groenland apporte de l’humain là où le Spitzberg abonde en faune. Les petits groupes favorisent les rencontres et l’immersion, jusqu’au petit bonheur la chance : relever les filets de pêche des esquimaux, partir ensemble à la chasse, ou s’abandonner dans les cabanes de chasseurs pour déguster un ragoût de phoque.

Aurore boréale au-dessus du campement au Groenland

Aurore boréale au-dessus du campement @DR

Ces voyageurs en transit

De Paul-Emile Victor aux trekkeurs des glaces d’aujourd’hui, l’homme n’a cessé d’être fasciné par ces territoires hostiles dont les paysages sublimes ne s’offrent qu’à de rares élus. De nos jours encore, ne part pas qui veut dans ces confins. Certes, le matériel grand froid permet d’éviter bien des désagréments et l’expérience et le savoir-faire de 66° Nord facilitent également l’aventure mais il reste fondamental d’avoir une bonne condition physique et mentale pour pouvoir enchainer les longues journées de randonnées à ski suivies du montage du campement et du confort sommaire qu’il implique. Quentin : « On fait passer un entretien à toutes les personnes qui partent avec nous pour être sûr de bien cibler notre clientèle. Et souvent, la plupart revienne l’année suivante pour une deuxième expédition. Les territoires où nous allons sont encore très sauvages. Beaucoup souhaitent y aller avant que ce soit trop tard… ». Pour l’heure, seul les Français ont développé ce type de raids à ski au cœur de la banquise. Est-ce l’héritage de Paul-Emile Victor et des grands explorateurs qui planent encore, les lectures d’enfances bercées par Apoutsiak, le fait est que les rares groupes ne croisent quasiment personne. Quentin : « Quand on nous voit partir depuis le dernier spot en dur, on nous prend pour des fous. On a essayé de proposer le concept à des agences étrangères mais pour l’heure, il n’y a pas de demande. En France, nous avons un unique concurrent et l’on peut dire que si 300 personnes partent dans ces confins chaque année, c’est déjà un miracle. »

———– Aller plus loin ————————————————-
www.66nord.com
l
e catalogue : https://www.voyageons-autrement.com/voyage-66nord/


Sur les chemins blancs avec 66° Nord | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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