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Megan Epler Wood, pionnière et visionnaire mondiale de l’écotourisme

| Publié le 7 août 2012
             

A l’approche de la Ecotourism and Sustainable Tourism Conference 2012,  Voyageons-Autrement a souhaité interviewer une grande figure du monde de l’écotourisme. Megan Epler Wood a été la fondatrice, Présidente et Directrice de l’IETS (International Ecotourism Society) pendant douze ans avant de créer sa  propre société de consulting EplerWood International, spécialisée sur les stratégies de tourisme durable dans les pays en voie de développement. Première professeure à enseigner le tourisme durable à la Harvard University Extension School, elle est également co-Directrice de la fondation Planeterra. Retour sur le parcours passionnant d’une femme énergique et engagée qui a donné ses lettres de noblesse à l’écotourisme dans le monde.

1) Comment vos débuts professionnels ont-ils influencé la création de l’IETS ?

Diplômée d’un Master en biologie, spécialité vie sauvage, j’ai commencé à travailler pour l’ONG WWF des Etats-Unis à Washington sur des questions globales de préservation de la nature. Son Président, Russel Train, était un écologiste reconnu qui avait été à la tête de l’Agence nationale de protection de l’environnement. Très bien connecté dans ce milieu, il a su rassembler de grandes personnalités comme Russell Mittermeier, l’actuel président de l’ONG Conservation International et Edward Osborne Wilson, un grand biologiste,  chercheur et écrivain. Toutes ces rencontres avec ces grands personnages m’ont bien sûr fortement marqué.

2) Comment vous est-venu l’idée de créer l’IETS ?

Mon travail au sein du WWF Etats-Unis m’a évidemment influencé. Grâce à une bourse Fulbright en Sciences de la communication, mon mari et moi avons vécu dans la forêt tropicale de Colombie qui était à l’époque menacée et y avons réalisé un documentaire d’éducation environnementale sur le préservation de ce type de forêt, ce qui m’inspira à travailler sur de nouvelles stratégies de développement durable. De retour à Washington, je proposais à l’une des plus anciennes sociétés de préservation de l’environnement, The National Audubon Society, de produire un film “The environmental tourist” dans le cadre de leur série TV “World of Audubon”. Ce documentaire me permit de mener les recherches sur les problématiques d’alors liées à l’écotourisme et de rencontrer les pionniers de ce secteur. Je produisais donc ce documentaire au moment de la création de l’IETS en 1990. L’IETS devint rapidement une ONG internationale centrée sur la diffusion de l’écotourisme comme outil de préservation et de développement durable. Nous connections le monde de la préservation de l’environnement avec le secteur des voyages.

3) Qui ont été les premiers supporters et membres de l’IETS ? Quelles ont été vos premières actions ?

Les premiers supporters ont été des ONG comme le WWF, Conservation International, The Nature Conservancy, the National Audubon Society…Parmi les premiers membres du Conseil d’administration se trouvaient les fondateurs de International Expeditions et Wildland Expeditions, Richard Ryel et Kurt Kutay,  un indien, Pradeep Sanghala…David Western, un biologiste établi au Kenya, devint le premier président de l’IETS. Nos premières actions furent très pratiques:

  • Constituer le conseil d’administration de l’IETS
  • Lever des fonds auprès des fondations Liz Claiborne et The Merck Family
  • Annoncer la définition de l’écotourisme au cours d’une conférence de presse en 1990
  • Embaucher une première employée pour lancer le programme d’adhésion des membres
  • Publier notre premier ouvrage “Ecotourism, guide for planners and managers”, qui devint un best-seller international et le premier livre à rentrer dans le monde académique
  • Organiser nos premiers ateliers de formation sur l’écotourisme
  • Diffuser une newsletter bi-mensuelle pour tous nos membres

4) Quelle était la situation de l’écotourisme il y a 20 ans ? Comment a-t-elle évolué  au fil des ans ?

Au début des années 90, les environnementalistes et biologistes étaient très sceptiques sur le bien-fondé de ce tourisme dit écologique. Il y avait une grande préoccupation au sujet du tourisme qui pouvait abîmer les parcs nationaux. Le Kenya et le Costa Rica étudiaient la manière de protéger leurs parcs alors qu’ils les transformaient en attractions écotouristiques et que le tourisme augmentait. L’IETS plaidoyait pour une augmentation des tarifs d’entrée dans les parcs nationaux. Le résultat d’une de ses premières campagnes à succés fut de pouvoir convaincre le Costa Rica de les augmenter et d’investir davantage de fonds touristiques dans leurs parcs nationaux.

Au milieu des années 90 apparut la tendance des écolodges. Le premier forum international sur les écolodges fut organisé à Maho Bay Camps, à Saint John, dans les îles vierges US. A l’époque, Stanley Sevengut fut le premier constructeur d’écolodges avec du matériel recyclable. Les débats portant sur l’amélioration des techniques d’écoconstruction permirent à l’IETS de publier deux livres sur la construction des écolodges afin de diffuser ces connaissances aux professionnels.

En 1996-1997, ce fut l’organisation de conférences au Kenya, en Equateur et en Malaisie pour discuter de l’amélioration des bénéfices apportées aux populations locales par l’écotourisme. L’IETS montait ces événements avec des ONG locales et organisait des ateliers avec des professeurs et des spécialistes afin qu’ils puissent former les professionnels du tourisme sur place.

5) Avez-vous des chiffres-clefs sur l’écotourisme ? Quelles sont les destinations-phares de l’écotourisme aujourd’hui ?

La dernière étude sérieuse de l’Organisation Mondiale du Tourisme en 2002 évaluait à 5% le nombre d’écotouristes qui voyageaient des Etats-Unis vers des destinations internationales. Les grandes destinations écotouristiques sont le Costa Rica, les Iles Galapagos, l’Afrique du Sud, le Botswana, l’Inde…

Le Costa Rica regorge d’excellents endroits dans ses forêts tropicales pour y admirer ses oiseaux endémiques et pratiquer le tourisme d’aventure. Les îles Galapagos sont l’un des plus grands refuges de la vie sauvage au monde. Les voyageurs peuvent y observer ses légendaires tortues, ses colonies de pingouins, de fous à patte bleue ou d’albatros et découvrir son extraordinaire vie sous-marine. L’Afrique du Sud a de magnifiques parcs naturels et réserves marines, le Botswana est fameux pour le Delta de Okovengo, grand sanctuaire de la vie sauvage, l’Inde a de superbes réserves de tigres et une grande variété d’oiseaux à observer…

6) Le public est-il plus conscient de l’impact de ses vacances de nos jours?

Même si la plupart des gens connaissent le terme écotourisme aujourd’hui, il y a toujours un grand écart entre l’intérêt déclaré et le passage à l’acte, le fameux Green gap. Seulement 1% du total des voyageurs choisit réellement sa destination de vacances en fonction de ses pratiques de tourisme responsable.

7) Quels sont les principaux défis auxquels fait face le tourisme responsable actuellement ?

Trouver des moyens de créer des techniques de gestion dans le secteur touristique et au niveau gouvernemental afin de réduire les impacts du tourisme, en se fondant sur des ententes de commerce international ou d’autres avantages qui ne soient pas entièrement soumis aux impératifs du marché. Au cours des dernières années, de nombreuses grandes sociétés hôtelières ont largement investi dans le développement durable afin de réduire les coûts et de susciter le soutien de la communauté mondiale qui est de plus en plus motivée à investir dans l’efficience environnementale et dans la responsabilité des entreprises. Toutes les grandes chaînes hôtelières internationales ont développé de vastes programmes visant la réduction de la consommation d’énergie, la préservation de l’eau et le contrôle et la gestion de leurs déchets solides. Il y a aussi eu des avancées dans le marché du tourisme de luxe, comme Six Senses, qui développe des directives strictes de durabilité écologique afin de protéger les paysages, la flore et la faune, selon les critères du tourisme durable.

De nombreux gouvernements ne considèrent pas encore le tourisme responsable comme une priorité et ne le prennent pas suffisamment en compte dans leur politique touristique nationale.  Cela vient d’être démontré par la récente annulation du méga-projet Cabo Pulmo en Basse-Californie au Mexique, qui était destiné à être construit sur l’une des seules barrières de corail de cette réserve marine vulnérable. Les gouvernements continuent de promouvoir d’énormes développements touristiques de ce type attirés par les bénéfices économiques mais doivent encore démontrer que leurs projets respectent les standards du tourisme durable. 

8) En 2003, vous avez fondé EplerWood International et avez rejoint Planeterra Fundation, quelles sont vos principales activités sur ces deux projets ?

Avec ma société de consulting EplerWood International, j’ai été impliquée dans divers projets de tourisme durable auprès de gouvernements, du secteur privé et d’ONG dans des pays comme le Bélize, le Bangladesh, la République dominicaine, le Salvador, la Sierra Leone, le Mexique, le Cambodge, la Chine, l’Inde, le Sri Lanka…

Planeterra Fundation est la fondation de G Adventures, le plus grand opérateur canadien de voyages d’aventure dans le monde avec plus de 100,000 voyageurs annuels. Financée en partie par G Adventures, cette fondation soulève des fonds auprès de ses voyageurs et partenaires et travaille uniquement sur les destinations visitées. Elle soutient des projets d’écotourisme communautaire et des petits fournisseurs locaux grâce à de petites bourses et la mise en réseau avec le secteur du voyage.  Nous travaillons avec des communautés locales pour leur donner l’opportunité de se concentrer sur des programmes environnementaux et de conservation de leur culture et finançons leurs efforts pour améliorer leur santé et leur éducation dans le monde entier.

10)  Pour terminer, quelques mots sur votre intervention lors de la prochaine Ecotourism and Sustainable Tourism Conference en septembre en Californie ?

Durant la prochaine ESTC, je parlerai de nos programmes de bourses qui aident à transformer la vie des gens sur place, le but de Planeterra étant de soutenir graduellement des micro-entreprises locales sur certaines destinations touristiques afin qu’elles tirent profit de la filière touristique. Je veux démontrer comment les micro-entreprises dans les communautés locales peuvent devenir les partenaires professionnels de G Adventures et du secteur des voyages.

Rendez-vous à l’ESTC du 17 au 19 septembre 2012 à Monterey en Californie pour y découvrir les dernières tendances mondiales de l’écotourisme et y rencontrer des experts de plus de 30 pays…

 

Arvel partenaire de la couverture de l’ESTC 2012

 


Megan Epler Wood, pionnière et visionnaire mondiale de l’écotourisme | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Manuel Miroglio
Consultant-Formateur Spécialiste en Tourisme Responsable et Solidaire Co-fondateur du Cabinet conseil SPE Tourism Co-organisateur du 1er Forum National du Tourisme Responsable 2010 Co-organisateur du 1er Festival Partir Autrement 2008 Coproducteur et coréalisateur du documentaire "La Caravane solidaire en Afrique, sur la piste dun tourisme responsable" 2008 Membre du comité de sélection des Trophées du Tourisme Responsable de voyages-sncf.com 2009-2010 Membre associé de l'Association pour le Tourisme Equitable & Solidaire Membre du réseau Ecoturismogenuino.ning.com Membre du Réseau Archimède, acteurs du tourisme solidaire en Ile-de-France
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