Les priorités de l’écotourisme
Qu’est-ce que l’écotourisme et qu’implique cette notion? C’est ce à quoi Jean-Pierre Lamic, directeur de VVE et Olivier Thaler, maître de conférence en biologie à l’UM2 ont tenté de répondre. Ce qui est sûr, c’est qu’être un écotouriste, c’est continuer d’appliquer les règles du quotidien à l’étranger, respecter les personnes rencontrées, s’informer sur les lieux visités, et peut-être, éviter de prendre l’avion. Mais, pour certains, ce n’est pas le plus important.

Jean-Pierre Lamic, directeur de l’association Voyageurs et Voyagistes éco-responsables, organisatrice du FNTR, lors de la présentation de l’organisme.
L’écotourisme par Jean-Pierre Lamic, directeur de VVE
Lors de la conférence de vendredi après-midi dédiée à la notion d’écotourisme tous ne semblent pas avoir les mêmes priorités. Jean-Pierre Lamic a abordé ce thème en posant une question : « L’écotourisme, c’est quoi ? Existe-t-il une forme frelatée nuisible à la biodiversité ? ». Sa définition montre que l’écotourisme ne se rapporte pas uniquement à la nature, mais justement, à toutes les valeurs évoquées plus haut : « C’est un tourisme axé sur la nature et qui possède une composante éducative. Une forme de développement qui contribue au bien-être des communautés locales et encourage leur participation. Un tourisme qui contribue à la protection du patrimoine humain, naturel et culturel. »
Un guide, une microéconomie, consommer moins
La composante éducative se traduit sur le terrain par la présence d’un guide, qui explique, détaille, prévient et informe le voyageur sur le territoire visité. Les us et coutumes des peuples, les informations naturalistes, là où il faut mettre les pieds, et là où il ne faut pas, et pourquoi. Par exemple, des personnes visitant seules les îles Galapagos pourraient vouloir s’écarter du chemin et, sans en avoir conscience, marcher sur un nid et le détruire. Avec un guide, ce genres de choses peuvent être évitées. Pour ce qui est de la question du bien être des communautés, l’écotouriste se doit de participer à une microéconomie, que l’argent qu’il investi dans son voyage ait des retombées directes sur le village visité, sur les familles rencontrées. Et puis un touriste responsable sait que le voyageur moyen dépense 300 litres d’eau par jour, soit cinq fois plus que la consommation usuelle en France. Quand on est en vacances, avons nous le droit d’oublier toutes les règles que nous nous imposons au quotidien dans notre pays, comme éviter le gaspillage de l’eau ? Évidement que non.

Olivier Thaler est Maitre de conférences en biologie à l’Université Montpellier 2, il est intervenu vendredi après-midi lors de la conférence sur l' »Écotourisme et la préservation de la biodiversité ».
« La biodiversité subit une crise, mais elle s’en remettra »
Jean-Pierre Lamic a également abordé le problème du bilan carbone du voyage. « L’aérien est absolument incompatible avec l’écotourisme, mais il est difficile de l’éviter », constate le directeur de VVE. Un point auquel Olivier Thaler, maître de conférence en biologie à l’université de Montpellier 2 et hôte du FNTR donne beaucoup moins d’importance. « Quelles sont les bonne pratiques concernant la biodiversité ? La biodiversité subi actuellement une crise, mais elle s’en remettra, pour nous les Hommes, c’est moins sûr ! » déclare, un peu acide, l’universitaire. Pour Olivier Thaler, les causes de l’ « érosion de la nature sont tout d’abord dues à la destruction des habitats, à la surexploitation, à la pollution généralisée, aux espèces invasives dues à la mondialisation, puis au changement climatique auquel participe les voyages en avion. Mais surtout, à la présence d’homo sapiens sapiens…. ».
« Le chauffage et la climatisation : des signes extérieurs de tourisme! »
Alors le carbone ne serait pas la priorité pour les écotouristes. « Et c’est l’axe sur lequel il est le plus difficile d’agir pour les acteurs de l’écotourisme. De plus, compenser, par des taxes par exemple, ne veut pas dire se dédouaner. » Sur les autres points, Olivier Thaler propose des solutions, déjà appliquées dans le monde des touristes responsables. Pour la destruction des habitats, « privilégier les hébergements légers, amovibles ». Pour la surexploitation de l’environnement, cesser « les voyages de chasse, manger localement, sensibiliser le grand public ». Pour ce qui est de la pollution généralisée, l’éducation et la sensibilisation priment ici aussi, mais également la gestion de l’eau, des déchets… Pour limiter la prolifération des espèces invasives, « il faut réglementer davantage, aux postes de douanes par exemple, et favoriser les espèces locales ». Et pour le changement climatique, déjà commencer par « éviter les saunas, chauffages et autres climatisation, qui sont des signes extérieurs de tourisme ! » Donc continuer de développer les énergies renouvelables, et « compenser. Par du bénévolat, par le financement de projets… »

Lors du FNTR, de nombreux professionnels constituaient le public, mais aussi beaucoup d’étudiants, entre autres en licence pro Tourisme solidaire.
L’écotourisme, c’est aussi à côté de chez soi
Alors on peut prendre l’avion et être un touriste responsable ? N’oublions pas que l’écotourisme n’a pas forcément lieu que dans des destinations exotiques, mais que l’on peut être un écotouriste sur notre propre territoire. Alors, ce que l’on peut éviter, évitons le.
Le tourisme responsable selon Olivier Thaler :
» Un tourisme qui intègre dans sa stratégie et son fonctionnement les conséquences environnementales, économiques et sociales de toutes ses activités. »
En savoir plus : Retrouvez l’association des Voyageurs et Voyagistes éco-responsables et à travers leur site Internet – vve-ecotourisme.com, des voyages, séjours et randonnées du premier réseau national d’écotourisme.
– la rubrique « écotourisme » sur Voyageons Autrement
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Par Aurélia Dumté
Journaliste, photographe à certaines heures du jour et de la nuit, marcheuse au rythme des papillons et des plumes qui jalonnent mon sentier, j'aime rencontrer les gens, d'ici, de plus loin, ce qui font des petites choses, ceux qui en font des grandes.
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