Marraine du Green Orizonte Festival de Calvi, Nathalie Pisibon s’engage pour l’inclusivité !

C’est une marraine humble et engagée que l’Office de Tourisme Calvi Balagne a choisi pour la 2^e édition du Green Orizonte Festival. Directrice de programmes chez STUDIO 89 PRODUCTIONS (Groupe M6), Nathalie Pisibon ne peut comprendre qu’après la fièvre des Paralympiques, la question du handicap soit soudainement retombée dans l’indifférence générale. Celle qui se bat pour que les mondes des valides et des personnes en situation de handicap se rejoignent et se côtoient, a décidé d’œuvrer concrètement avec un nombre de projets impressionnants en tête. Rencontre calvaise avec une femme déterminée à faire bouger les lignes…

VA/ Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Nathalie Pisibon, je suis directrice de programmes pour Studio 89 où nous créons de nombreux programmes de divertissement pour le groupe M6 (Top Chef, Cauchemar en cuisine, Les Traîtres, Mariés au premier regard…). Je me suis engagée dans la  Mission Handicap du groupe en tant qu’ambassadrice, un engagement qui me tient à cœur car mon frère est lourdement handicapé. Il est bien entouré, c’est ce qui est important quand on est porteur d’un handicap.

VA/ Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous engager plus avant encore ?

Tous les mardis, en allant travailler, je passais devant l’association Notre-Dame à Neuilly qui accueille des enfants, des adolescents et des adultes en situation de handicap.  Avec la mission handicap, nous avons poussé la porte et j’ai très vite décidé de leur rendre visite régulièrement. J’y ai rencontré des personnes formidables (résidents, encadrants et personnel soignant) et j’ai eu envie de faire ma part, d’initier quelque chose avec eux. J’ai réalisé qu’ils se mélangent peu avec les valides. On ne voit pas beaucoup de personnes handicapées dans la rue. J’ai donc décider avec l’accord du Groupe de les accueillir chez M6 à travers des actions faciles à mettre en place. Une fois par mois, les ados viennent déjeuner à notre cantine. Pour nous, c’est banal, mais ils ressortent de là avec des étoiles dans les yeux. Ensuite, on leur fait visiter les studios, on leur explique comment on tourne le Journal Télévisé. Autant de choses qui leur permettent de partager un moment, de parler avec des personnes valides, et d’être considérés comme des humains comme les autres.

VA/ Des actions simples effectivement, mais qu’il est difficile de réaliser pour les centres qui accueillent des personnes handicapées ?

Tout à fait, j’ai pris conscience que ces associations qui accueillent des personnes polyhandicapées en internat ou en externat n’ont pas un budget illimité. Le budget qui leur est alloué par l’ARS prend en compte la cantine, le transport pour les externes, mais côté loisirs, c’est plus restreint. Or beaucoup d’adolescents ou d’adultes aimeraient sortir plus souvent et rencontrer des personnes valides. C’est pour cela que le directeur de Notre Dame et ses équipes ont été très enthousiastes quand je lui ai proposé de les inviter à M6 régulièrement. Je me souviens, la première fois, c’était un déjeuner avec les ados autour d’un steak-frites à notre cantine, et pour eux, c’était les meilleures frites du monde ! J’ai alors réalisé qu’on est tous capable de donner un peu de notre temps pour changer les choses et avoir une interaction avec eux.

VA / Comment s’est passé le contact avec les salariés du groupe M6 ?

Extrêmement bien. On leur a expliqué notre démarche et le contact s’est fait naturellement. Beaucoup de salariés sont venus les saluer, puis, après la visite, on a amené les adolescents regarder la fin du 12h45 de Xavier Desmoulin. Ils étaient super contents. « Ma grand-mère vous regarde ! » « Je vous ai vu à la télévision ! »  Pour moi, c’était aussi l’idée de leur faire faire des choses qu’ils ne font pas d’habitude. Je me souviens de Marie qui, après un AVC à l’accouchement, sort des Grosses Têtes et me dit : « Je me suis sentie vivante, il n’y avait plus de barrière entre le public et moi, nous étions égaux ».

VA / C’est ce qui vous a donné envie de prolonger les choses avec un projet d’association ?

Effectivement, j’aimerais bien élargir ce que nous faisons avec M6 en créant une association active sur toute la France. Chez nous, ils visitent une chaîne de télé, mais ça pourrait être un vignoble, une menuiserie… L’important, c’est l’échange qui se crée, le mélange des publics, que les valides et non valides puissent être ensemble et dialoguer. Par exemple, dans une usine, ils pourraient déjeuner avec les ouvriers, passer du temps avec eux, s’intéresser à ce qu’ils font. Et je tiens à préciser que cette association ne serait pas uniquement tournée vers les enfants ou les adultes en situation de handicap, mais aussi vers tout le personnel encadrant qui fait un travail extraordinaire pour un salaire discutable et à qui il faut rendre hommage. Eux non plus ne sortent pas beaucoup, ils font don de leur personne, c’est très important de les valoriser également. Ils sont les premiers heureux quand il y a des sorties à la cantine, au cinéma.

VA / Une association qui aurait pour but de mettre le handicap au cœur de la société ?

Tout à fait, mon idée est de démocratiser le handicap, le rendre visible, le banaliser, l’intégrer complètement à la ville ou à la campagne. Certains centres manquent de personnel ce qui fait que les personnes handicapées ne sortent pas beaucoup. Mon objectif est de trouver des partenaires pour remédier à cela. Le Green Orizonte Festival m’a d’ailleurs permis de rencontrer des personnes formidables comme David Giffard (Groupe SOS), Stéphanie Gateau (fondatrice et dirigeante de Handiroad, entreprise spécialisée dans les solutions d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite), Kyllian Heslot qui œuvre pour l’association Tous pour chacun, ou encore Laurent Lungeri avec SeeOnSea, entres autres…. Je pense aussi à eux. Au travail formidable qu’il accomplisse, avec humilité et détermination. Ensuite, il va me falloir un budget de fonctionnement, embaucher des gens de confiance, des personnes du social, qui ont une appétence pour ce genre de choses.

VA/ Et vous avez même écrit un prime time pour M6…

Tout à fait, j’ai écrit un projet pour la télé, un prime time, qui inclurait des personnes valides et non valides et que j’espère lancer en 2026. Je me bats pour qu’on en finisse avec cette barrière entre le monde du handicap et les valides. On n’est pas habitué à les côtoyer or je souhaite que le handicap pénètre toutes les strates de la société : des écoles aux entreprises. Même pour le film « Un petit truc en plus » qui a fait plus de 11 millions d’entrées au final, Artus s’est battu. Le film a failli ne pas voir le jour. M6 a coproduit. On a pris le risque. Ce n’est pas quelque chose qui donne envie au premier abord.

Pour moi, le vrai problème reste l’éducation… si on était plus habitué à vivre avec le handicap depuis tout petit, on penserait plus à l’accessibilité pour tous et au vivre ensemble.s.