La nouvelle culture de la mobilité

Directeur de recherches au CNRS

La nouvelle culture de la mobilité

Les profondes mutations de la société constituent le fondement du débat actuel sur le développement durable :
– multiplication des richesses par dix en un siècle,
– 200 000 heures d’espérance de vie en plus sur la même période,
– baisse de la part consacrée au travail.

L’augmentation des possibilités de faire entraîne dans le même temps un sentiment important de manque de temps. La culture de la vitesse induit un paradoxe entre d’une part, l’augmentation de l’espérance de vie et d’autre part, le sentiment répandu de manquer de temps.

Un occidental dispose actuellement, en moyenne, de 700 000 heures de vie. Après avoir travaillé et dormi, 400 000 heures sont disponibles. La mobilité est consécutive de ce surplus de temps. De multiples pratiques sociales ont dû être inventées pour occuper cette masse de temps disponible. Les deux lieux principaux de captage sont la télévision et le voyage, qui sont en dialectique avec le travail, tout en constituant le lieu de régénération de la puissance créatrice des travailleurs. Le temps libre par ailleurs une formidable « école de la vie ».

D’une société monomaniaque religieuse, puis monomaniaque basée sur le travail dans laquelle on travaillait 7j/7, 12 heures par jour, nous sommes passés à une société d’équilibre qui induit de nouveaux processus de modes de vie basés sur la culture de la mobilité, de l’aléatoire, de la discontinuité. Ainsi, la société actuelle repose sur deux fondements symboliques : le temps libre et le temps de travail. Ce changement structurel très profond appelle une régulation nouvelle qui n’est pas encore tranchée.

Il convient de s’interroger sur les pratiques touristiques actuelles à la lumière de ce changement structurel profond qui a mis en place de nouveaux systèmes de valeurs, dont la culture de la mobilité.