Garde-boues, vent de face et priorités à droite… Vis ma vie de cycliste !
Le vélo dans la peau
Je ne saurais pas dire à quel âge j’ai commencé à pédaler, mais je me revois sur un vélo dans la cour de l’école maternelle. Enfant, je me baladais à vélo dans mon quartier (ah, les années 90… les enfants étaient encore libres !), attachais une carte à jouer sur les rayons de ma roue avec une pince à linge et dévalais les pentes du pâté de maison avec les copains assis sur le porte-bagage. Plus tard, j’allais au lycée puis à la fac en vélo. J’étais déjà vélo-taffiste sans le savoir ! Depuis 15 ans, le vélo est un indispensable pour me déplacer au quotidien. Bref, la petite reine a toujours fait partie de ma vie, sans même y penser.
Vélo électrique pour les courses et le boulot, VTC pour les balades et les sorties plus sportives… Je pédale souvent, beaucoup, et me sens rodée des dangers et des pièges que cache la circulation à vélo. Je suis équipée, aussi. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, rien ne m’arrête – enfin, si, la flemme, parfois. Nous avons la chance d’avoir aujourd’hui tout ce qu’il faut pour rouler équipés : vestes techniques réfléchissantes, casques avec visières, capes de pluie, pantalons étanches… C’est un petit budget, mais une fois que tout est acquis, ça tient un moment et ça coûte rapidement moins cher qu’un plein d’essence.
Aguerrie, prudente, je me retrouve toutefois, et de plus en plus, dans des situations qui m’interpellent (au mieux), m’agacent (souvent), ou me mettent en danger, et ça, j’aimerais éviter. Me rendant au travail à vélo, je traverse quotidiennement ma ville, parfois d’un bout à l’autre, à des heures de grande circulation. Le fait est que depuis quelques temps, je me sens parfois en danger sur mon vélo, chose qui ne m’était jamais arrivée auparavant. La circulation a-t-elle changé, ou bien est-ce moi qui vieillis ?…
Quand la circulation devient une jungle…
Il m’est aujourd’hui presque impossible de rouler 30 minutes sans me voir refuser une priorité (voire deux… ou trois…), freiner en dernière minute pour laisser une voiture me couper la route dans un giratoire, ou me faire klaxonner parce que je ne m’écrase pas contre le trottoir pour laisser passer un agréable automobiliste pressé. Sans oublier les fois où j’ai manqué de me faire renverser à un croisement route / piste cyclable, malgré mes lumières allumées et le feu au vert… pour moi ! Tout cela sans compter les piétons, qui se fient davantage au bruit qu’à la vue pour traverser (au petit bonhomme rouge) et se retrouvent régulièrement à sursauter en me voyant débouler – heureusement, s’ils sont de bonne humeur, ils comprennent qu’ils sont en tort et évitent de me reprocher de ne pas faire attention.
Récemment, je suis tombée à pleine vitesse, car en descente, sur une piste cyclable. Un piéton qui venait de se garer le long de ladite piste rejoignait le trottoir… sans un regard à droite ni à gauche. La chute a été relativement violente, mais je m’en suis sortie indemne hormis quelques bleus (j’en profite pour remercier mon casque, fidèle compagnon dans l’adversité). Je n’ai pas battu mon record de deux doigts cassés lors d’une glissade, en 2020, sur un pavé recouvert d’huile de moteur, gentiment laissée par un camion qui faisait ses livraisons. Oui, c’est dangereux, le vélo, mais j’ai jusqu’ici eu la chance de ne jamais percuter de véhicule…
Sauf que désormais, je roule en mode survie, notamment le matin à 8h30. Nuit, pluie, inattention et vitesse sont le cocktail parfait pour ne pas voir le cycliste avec son beau gilet jaune qui brille dans le noir ! Personnellement, me retrouver à l’hôpital à cause d’un.e automobiliste un peu trop pressé.e, très peu pour moi. Je tiens à ma vie, à mes bras et à mes jambes. En plus de 20 ans de bicyclette, je n’avais jamais eu peur à vélo. Aujourd’hui, je ne sais plus si la voiture qui accélère derrière moi m’a vraiment vue, si ce véhicule prêt à s’insérer au rond-point va bien me laisser la priorité, si cette dame qui vient de se garer pour aller chercher son pain va jeter un oeil dans son rétro avant d’ouvrir sa portière…
Partage de route et bienveillance, s’il-vous-plaît !
Je ne sais pas vraiment d’où vient le problème. Les gens portent-ils de plus en plus des oeillères ? Sont-ils en train de devenir vraiment aveugles, hermétiques au monde qui les entoure ? Le respect, la courtoisie, la considération sont-ils en train de disparaître ? Je finis par me demander si les automobilistes (dont je fais aussi partie) sont encore conscients qu’ils roulent au volant d’un engin de mort, et qu’un vélo n’a aucune chance face à une voiture… Pourquoi tant de vitesse inappropriée, de téléphone au volant, de non-respect du code de la route ? Pourquoi ne pas essayer de partir 5 minutes plus tôt pour éviter de rouler comme des fous ? D’autant qu’en ville, l’ironie veut qu’aux heures de pointe, les vélos vont bien plus vite que les voitures… Joe Dassin le savait ! Ne vaut-il mieux pas ouvrir un peu ses yeux et ralentir plutôt que de risquer d’envoyer un cycliste à l’hôpital ?
Quand je vois les aménagements cyclables des pays du Nord, je les envie. Allemagne, Danemark, Norvège, Pays-Bas… Je me souviens des « autoroutes de vélo » parcourues à Amsterdam, où le cycliste est roi et la voiture sait se faire discrète. Là-bas, avec leurs grands vélos Gazelle à rétropédalage, les hollandais roulent en toute quiétude, enfants à l’avant, courses à l’arrière, le long des voies aménagées spécialement pour eux… et entourés d’automobilistes respectueux d’un mode de déplacement pratique et écologique.
J’aimerais tant que tous les conducteurs que nous sommes lèvent enfin le pied, respectent vélos et piétons, et se souviennent à quel point nous sommes vulnérables face à une carrosserie de voiture. Nous ne pédalons pas pour embêter les voitures. Nous pédalons pour gagner du temps, pour nous défouler, pour faire des économies, pour l’écologie… Nous pédalons parce que nous aimons ça !
Merci, comme ils disent, de partager la route.
Par Mélusine Lau
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