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Les trésors d’authenticité de la Sardaigne

| Publié le 19 mars 2019
Thèmatique :  Acteur privé   Bons plans   Guides   Portrait   Routes du Monde 
             

Longtemps tenue à l’écart du tourisme, la Sardaigne offre aujourd’hui à ses visiteurs une nature aussi enchanteresse que préservée. Mais également des richesses insoupçonnées et un contact authentique avec la population que favorise autant qu’elle le préserve l’agence Sardaigne en liberté, première agence d’écotourisme en Sardaigne. Rencontre avec son fondateur, Jean-Luc Madinier…

Voyageons autrement : La Sardaigne est une destination plutôt discrète. Cette discrétion lui a-t-elle garanti une sorte d’authenticité, préservé sa magie ?
Jean-Luc Madinier : Tout à fait. Longtemps, la Sardaigne fut réservée à un tourisme d’élite. C’est l’époque où l’Aga Khan venait réjouir ses yeux de la beauté de la Costa Esmeralda. Pour le reste, l’île est restée très sauvage. Et si l’on observe la montée d’un nouveau tourisme depuis trois ou quatre ans, cela reste raisonnable. Et également, très saisonnier : juillet et août. Le reste du temps, l’île s’offre aux curieux, notamment des régions aussi préservées que celle de la Barbagia, sur la partie est de la Sardaigne où n’existe aucun complexe touristique et où la population demeure encore réticente à l’arrivée d’« envahisseurs ». Cela garantit définitivement son authenticité et assure une qualité de rapports humains assez unique en Europe. En particulier dès que vous vous éloignez un peu de la côte. Dans l’ogliastra par exemple, nous travaillons avec des bergers qui accompagnent nos voyageurs sur une partie de leur parcours mais demeurent, avant tout, de vrais bergers. Je pense notamment à Manuel, un jeune de 25 ans qui se lève tous les matins à l’aube pour aller chercher ses chèvres à pied dans la montagne. Il faut l’accompagner ; c’est vraiment une belle expérience à vivre.

VA : On a du mal à visualiser ce territoire peu connu. Comment le décririez-vous et qu’est-ce qui vous y a touché au point de vous y installer ?
J-LM : La Sardaigne est la seconde plus grande île de la Méditerranée après la Sicile. 80% de sa superficie est occupée par des collines et des montagnes et l’île présente en fait une grande variété de paysages. C’est une de ces « iles continent » qui possèdent chacune une identité forte. Pour certains d’ailleurs, la Sardaigne ne serait rien d’autre que l’un des fragments restants de l’Atlantide. De fait, ce territoire sauvage et peu habité où les contacts humains demeurent authentiques, possède indéniablement un côté magique. Et, le parcourir, c’est vivre l’expérience du voyage à l’état brut, comme elle pouvait exister jadis. On s’y sent d’autant plus « Ailleurs » que, dans bien des endroits, nul réseau téléphonique ne permet de téléphoner. Cela crée un décalage aussi fort que salutaire avec nos vies citadines ; bienvenue sur une terre où le temps s’est arrêté !

VA : Vous êtes la première agence d’écotourisme locale. Qu’est-ce que cela signifie en termes de propositions ?
J-LM : Chez Sardaigne en liberté, nous essayons de réconcilier le territoire, ses habitants et la nature avec une forme de tourisme respectueux qui aide au développement économique et social de tous,  tout en permettant aux visiteurs de découvrir ces endroits merveilleux. On travaille avec les collectivités locales mais aussi les bergers, apiculteurs, herboristes, etc. des tas de gens qui sont au cœur des ressources naturelles des villages et de la vie locale. C’est du « slow tourisme » comme on dit aujourd’hui, qui s’effectue à pied, à vélo, avec des ânes ou encore en bateau à voile, en un mot : au rythme de l’homme. Sans oublier que si la Sardaigne est également surnommée « l’île des centenaires » (c’est en effet ici qu’avec certaines îles du Japon on en rencontre le plus), c’est certainement que nous avons un certain nombre de choses à apprendre de leur mode de vie.

VA : Vélo, rando, ânes, voile ; vous multipliez les moyens de découvertes « doux ». Quelle proposition de voyage pourriez-vous nous détailler qui vous paraisse idéalement adaptée au lieu ?
J-LM : La plupart de nos séjours sont organisés de la même façon, sur une semaine en général, mais davantage si les gens le souhaitent. Profitant du fait que la Sardaigne soit l’une des dernières régions qui pratiquent la transhumance, nous proposons au voyageur de suivre ces sentiers naturels de l’île, accompagné d’ânes sardes et, par épisodes de faire de belles rencontres : herboristes, bergers, petits artisans… Une itinérance qui s’effectue sans voiture, à pied le plus souvent, et permet de tout découvrir : faune, flore, culture locale. Du 100% durable.

VA : Vous êtes relativement centré sur la découverte de la nature avec un grand N. Mais pas que : bien-être, marche nordique, terroir & « cinq sens »… vos offres s’adaptent aux envies. Comment procédez-vous ? Sur mesure ?…
J-LM : Nous préparons d’une part des séjours fixes que proposent les agences de voyage, mais pratiquons à côté de cela un travail sur-mesure permettant de répondre aux souhaits de ceux qui ont des envies spécifiques. Quelles que soient celles-ci d’ailleurs. Nous allons ainsi recevoir un groupe de voyageurs qui souhaitaient compenser ses émissions carbone sur place. Nous nous sommes mis en relation avec l’ONF sarde, Forestas et ils pourront planter des arbres dans une zone à reforester; mais également échanger sur leur travail, la lutte contre les incendies.

VA : Qu’est-ce qui vous fait dire que la Sardaigne est une destination idéale en famille ?…
J-LM : Le sourire des enfants qui y viennent ?… Il faut dire que nos séjours s’effectuent à un rythme qui leur convient parfaitement et répond assez fidèlement aux rêves d’aventure qu’ils nourrissent. Et comme leurs journées se partagent généralement entre tourisme de nature et tourisme balnéaire, eux-mêmes alternent souvent, dans la même journée, baignades dans la mer et baignades en rivière, ce, dans de petits coins paradisiaques. Ils adorent ce mixte. Sans parler du contact avec les animaux. Notamment nos ânes sardes, adorables.

VA : De quelle manière s’exprime votre engagement pour un tourisme responsable, équitable et éthique ?
J-LM : Il s’exprime dans nos propositions déjà ; dans leur nature autant que dans la manière de les mettre au point ; puis en œuvre, en collaboration étroite avec les territoires et leur population. C’est dans notre ADN, nous ne saurions faire autrement. Nous sommes également investis dans divers projets d’écotourisme, comme celui de la création d’un vélo-train. Il permettra aux visiteurs de se déplacer au milieu de la nature, en autonomie et sur des rails, en pédalant. Un projet qui réunit plusieurs collectivités locales et associations et devrait se concrétiser en 2020. Ce sera la première réalisation du genre en Italie. Et puis nous participons à la sauvegarde du patrimoine architectural local, riche mais en perdition. La Sardaigne est très réputée pour son patrimoine : tours, puits sacrés ou encore nuraghes, des mini châteaux-forts très beaux et généralement installés sur les hauteurs. On en compte plus de 7000 sur l’île dont beaucoup doivent être restaurés, valorisés, entretenus. L’île a enfin un carnaval très original avec masques, danses et musiques que nous soutenons en cherchant à le faire connaitre et en faisant venir, en février-mars, des voyageurs désireux de vivre ces traditions et… d’apprendre à danser !


VA : Quand vos clients expriment leur satisfaction, au retour du voyage. Que mettent-ils en avant qui fassent briller leurs yeux et réchauffe votre cœur ?
J-LM : En réalité, les voyageurs qui s’aventurent ici n’ont souvent qu’une idée très vague de ce qu’ils vont y trouver. Au mieux, ils imaginent une sorte de Corse, ou de Crête, et découvrent, étonnés, une riche civilisation nuraghique vieille de plusieurs milliers d’années, ainsi que des paysages – notamment de criques – sublimes. Et, dernier émerveillement surprise, la vie locale, encore grandement axée sur l’autosuffisance alimentaire leur garantit une nourriture extrêmement saine et savoureuse ; produite et fabriquée sur place. Ici, les gens vivent encore au rythme des saisons, incarnant des coutumes et traditions fortes, comme les vendanges pour aller au plus connu, qu’il est très agréable de partager en leur compagnie. Enfin, vous avez certainement déjà reçu, en voyage, de ces leçons de vie dont vous gardez longtemps le souvenir et qui vous arrivent de personnes n’ayant jamais quitté leur village et qui, pourtant, sont porteuses d’une vraie sagesse. Tel est le cas de certains bergers avec lesquels nous travaillons.

VA : Vous proposez une découverte de l’île en liberté ou accompagnée. Qui sont vos guides et qu’apportent-ils de plus précieux selon vous ?
J-LM : Tous sont sardes, naturellement, tant il est essentiel qu’ils puissent transmettre leur propre culture. Dans le but de favoriser les échanges avec le voyageur, nous avons d’ailleurs mis en place pour eux des cours de français. Ce qui fait la différence également, c’est que tous possèdent parallèlement un autre métier leur permettant de vivre lorsqu’il n’y a pas de tourisme. Mais pour ce qui est de transmettre, nous ne nous limitons pas non plus aux seuls guides et faisons très régulièrement appel, selon le type de voyage choisi, à des intervenants connaissant parfaitement la nature ou la culture locale, afin que leur savoir et leur passion viennent encore enrichir le séjour des visiteurs.

VA : Vous proposez également des « expériences », en lien avec l’archéologie et le passé de l’île. Pouvez-vous nous en dire un mot ?
J-LM : Beaucoup de gens ignorent qu’en – 2000 ou – 3000 avant Jésus-Christ a fleuri ici une civilisation avancée mais dont on ignore l’essentiel dans la mesure où elle était uniquement orale. C’est à cette civilisation que l’on doit les fameux nuraghes qui, découverts de nuit, à la lueur des torches, vous donne le frisson. On a vraiment l’impression alors d’être transporté dans le passé. Les historiens pensent que ces petits châteaux servaient, entre autres, à communiquer en cas d’invasion et nous nous sommes associés cette année à la grande manifestation qui les fera revivre le temps d’une nuit, en allumant de grands feux à leurs sommets pour fêter l’arrivée du printemps. Pour ceux que l’aspect patrimonial et historique intéresse particulièrement, nous organisons également des ateliers de fabrication d’armes, poteries et objets d’époque.

VA : Que n’a-t-on dit qui soit important pour vous ?
J-LM : Que la Sardaigne, tout en étant d’un accès extrêmement facile, vous garantit, en Europe, un dépaysement très important. Quant à la manière de la découvrir que nous proposons : de la randonnée associée à une sorte de cabotage en bateau (catamaran ) à voile qui permet de découvrir des criques fabuleuses, elle est tout simplement unique en son genre.

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—– https://sardaignenliberte.com/


Les trésors d’authenticité de la Sardaigne | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Jerome Bourgine
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Une réponse à Les trésors d’authenticité de la Sardaigne

  1. Karine a commenté:

    Sublime île..Très certainement ma future destination..

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