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Un Géoparc Mondial de l’Unesco en Bretagne ?

| Publié le 6 septembre 2018
Thèmatique :  Espaces protégés   Institutionnel   Labels 
             

Le Parc Naturel Régional d’Armorique (PNRA) élabore actuellement un dossier de candidature afin d’obtenir le label de Géoparc mondial UNESCO. Rencontre avec Noémie Courant, chargée du projet au sein du PNRA.

Geopark Armorique Logo

Le PNRA : géographie et chiffes clés

Le Parc Naturel Régional d’Armorique a été le deuxième Parc créé en France en 1969 et le premier en Bretagne. Situé au cœur du Finistère, son territoire s’étend des monts d’Arrée au littoral de la presqu’île de Crozon, en passant par la vallée de l’Aulne et la rade de Brest, et se prolonge en mer par les îles d’Iroise.

  • 125 000 hectares
  • 65 000 habitants
  • 44 communes adhérentes
  • 4 villes portes (Brest, Carhaix, Châteauneuf-du-Faou, Landivisiau)

Bonjour Noémie, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis chargée du projet Geopark Mondial Unesco au sein du PNRA. J’ai obtenu un Master en Tourisme et Développement Durable à l’Université d’Angers en 2015, et après de nombreuses expériences en France (Parc National des Pyrénées, Parcs nationaux de France – aujourd’hui institution incluse dans l’Agence pour la biodiversité française) et à l’étranger (Parcs Québec, Fédération EUROPARC…), j’ai décidé de m’installer en Bretagne. Passionnée par les espaces protégés et leur valorisation auprès du grand public, c’est aussi mon terrain de jeu favori pour la randonnée.

Comment pouvez-vous nous décrire le patrimoine géologique du PNRA ?

Le Parc Naturel Régional d’Armorique présente des paysages remarquables témoins de son histoire géologique. Un ensemble de terrains d’origine essentiellement sédimentaire et d’âge en grande partie paléozoïque (ère primaire). Ces terrains d’origine marine sont composés de formations gréseuses et schisteuses dont certaines sont extraordinaires :

  • le grès armoricain constitue les dômes du mont Saint-Michel de Brasparts et du Menez-Hom ou les grandes pointes de la presqu’île de Crozon (Cap de la chèvre, Pen-Hir..) ;
  • les schistes et quartzites de Plougastel forment, quant à eux, la ligne des crêtes des monts d’Arrée (Roc’h Trevezel…) ou le promontoire du belvédère de Rosnoën dominant la vallée de l’Aulne.

Le PNRA est un véritable musée à ciel ouvert de cette histoire géologique depuis 500 millions d’année et de la géo-diversité du territoire. La création récente d’une Réserve naturelle géologique en Presqu’île de Crozon et la Maison des Minéraux mettent en lumière cette histoire géologique spectaculaire. C’est justement pour valoriser ce patrimoine remarquable que le Parc souhaite candidater au prestigieux label Geopark UNESCO en devenant ainsi le premier Geopark de la façade Atlantique.

Pointe de Pen Hir - Presqu'Ile de Crozon - BRETAGNE

Pointe de Pen-Hir – Presqu’île de Crozon ©Diaphane Ell Prod

Un Géoparc mondial UNESCO ne fait-il que référence à la géologie ?

La géologie est le socle commun, mais c’est une démarche holistique qui prend en compte tous les patrimoines du territoire : naturel, culturel et immatériel. Lorsque l’on aborde la géologie, les liens avec ces différents volets sont nombreux, en particulier sur notre territoire :

  • la géologie façonne les sols donc l’agriculture, donc les produits locaux que l’on retrouve localement ;
  • la géologie façonne les paysages et donc les caractéristiques géomorphologiques d’un territoire ;
  • la géologie façonne la biodiversité (cortège d’espèces faunistiques et floristiques présentes) ;
  • la géologie façonne les usages du territoire (patrimoine bâti et architectural, utilisation des pierres locales, activités économiques : mines, carrières…)
  • la géologie façonne l’interprétation du territoire (légendes, mythes, patrimoine immatériel) avec l’exemple du Chaos de Huelgoat.

Ce sont tous ces éléments que le Geopark doit donc mettre en lumière auprès du grand public sur la base d’un ensemble de sites, appelés géosites, Ils doivent permettre de raconter l’histoire géologique du territoire tout en mettant en valeur une offre touristique complémentaire. C’est en ça que le concept de Geopark est original. Il prend en compte toutes les facettes d’un territoire et en dévoile les richesses au plus grand nombre, en associant un maximum d’acteurs de façon à soutenir l’économie locale et à contribuer au développement touristique durable.

Les collines de l’Aulne - PNRA

Les collines de l’Aulne ©GPO

Qu’est-ce qui justifie à vos yeux la labellisation de votre territoire ?

  • Des paysages à couper le souffle
  • Un héritage géologique unique
  • Des patrimoines aux multiples facettes
  • Une longue histoire humaine
  • Un territoire à découvrir au travers d’événements tout au long de l’année

Sans oublier la discipline scientifique puisque le territoire du PNRA a toujours été un territoire de recherche sur l’histoire du Massif Centre Armoricain et sur la chaîne hercynienne (les Monts d’Arrée à l’Est, témoins de ces montagnes qui ne le sont plus). C’est aussi un territoire vivant : des hommes, des activités économiques, des acteurs qui se mobilisent pour la protection et la valorisation de ces différents patrimoines à travers des sorties, des séjours, des produits touristiques durables … Nous fonctionnons déjà comme un Geopark, ce que nous visons c’est la reconnaissance internationale du caractère exceptionnel des lieux à l’échelle de l’UNESCO.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples d’actions concrètes en matière de tourisme durable sur votre territoire ?

  • L’aménagement récent de la Pointe de Pen-Hir, de façon à canaliser la fréquentation et à en limiter ses impacts sur le site.
  • Le soutien aux acteurs locaux œuvrant en faveur du développement durable grâce à la marque Valeur Parc du PNRA. Ce réseau existant constituera à terme le réseau d’ambassadeurs du PNRA.
  • La mise en place d’une flotte de vélos électrique à destination des visiteurs du PNRA en lien avec les prestataires de tourisme du territoire.

Comment sélectionnez-vous les géosites que vous souhaitez soumettre à candidature ?

Pour la sélection des géosites, un premier groupe de travail s’est déjà réuni en Mars avec un réseau d’experts locaux, géologues et scientifiques. La prochaine étape de sélection sera effectuée grâce à une expertise géologique du territoire permettant de faire ressortir les futurs géosites.

Des critères de choix sont à respecter aux yeux de l’UNESCO de façon à identifier les sites les plus emblématiques et à même de recevoir la fréquentation de demain, en jouant sur la saisonnalité et la connaissance des sites sur le plan environnemental. Certains sites ne seront pas inclus volontairement puisque trop vulnérables à cette fréquentation. Seront donc préférés les sites facilement accessibles, avec une interprétation et une valorisation existante, les plus emblématiques ou reconnus pour leur beauté, rareté, esthétique et racontant une anecdote en lien avec le thème d’interprétation du Geopark Armorique. Un géosite parfait serait par exemple celui qui permettait d’aborder en même temps la géologie, l’archéologie, le patrimoine culturel et naturel sur un site unique.

Une enquête est en cours pour impliquer les habitants du PNRA dans ce travail de sélection.

Village de Saint-Cirq-Lapopie, vallée du Lot

Visite commentée du village de Saint-Cirq-Lapopie, perché au dessus de la vallée du Lot et découverte des géosites ©PNRA

Est-ce que le périmètre du Géoparc dépasserait celui du PNRA ?

Oui, cela se justifie aux yeux de l’UNESCO car le dossier de candidature doit justifier d’une cohérence géographique et géologique. C’est le cas si l’on étend le périmètre à l’échelle de la Rade de Brest et en incluant les villes de Plougastel-Daoulas, Loperhet et Dirinon par exemple. Cela se justifie également si des sites d’exception sont présents et c’est justement le cas pour la commune de Plougastel-Daoulas qui se compose d’un site géologique d’intérêt international : la Pointe de l’Armorique. La commune possède également un site archéologique d’intérêt patrimonial important, le Rocher de l’Impératrice, actuellement en fouille mais les découvertes sont incroyables.

Il est donc possible d’étendre le périmètre à condition d’avoir une convention entre les communes et le PNRA et une gouvernance adaptée.

Il y a sept Géoparcs en France, avez-vous eu des échanges avec le réseau des Geoparks français pour vous aider dans votre candidature ? Ou le réseau international ?

Oui, de nombreux échanges ont déjà eu lieu :

  • Au niveau national: participation aux Rencontres Geoles en avril dans le Geopark mondial UNESCO des Causses du Quercy et rencontre avec les Geoparks UNESCO français et certains Geoparks candidats. Nous avons régulièrement de très nombreux échanges avec les chargés de mission Geopark des 7 Geoparks français.
  • Au niveau européen: le PNRA est lauréat d’un appel à projet européen, programme INTERREG Atlantic area, aux côtés de partenaires anglais, gallois, irlandais, portugais et espagnols qui va permettre d’animer durant deux ans cette démarche de candidature au label Geopark. Ce projet INTERREG a commencé en 2017 et va se poursuivre jusqu’en 2019. Une chance pour le PNRA de pouvoir s’entourer de ce réseau de partenaires puisqu’il nous permet d’avoir des conseils avisés et un accompagnement du réseau sur notre candidature.
  • Au niveau international: j’ai participé en juin dernier à la formation internationale sur les Geoparks UNESCO portant sur le thème de la géo-conservation. Environ 40 participants étaient présents et composés de Geoparks mondiaux UNESCO et Geoparks candidats. Une merveilleuse occasion de rencontrer les experts UNESCO Geoparks et les territoires déjà labellisés ou en projet.

Le PNRA participera également au congrès mondial des Geoparks UNESCO qui a lieu cette année dans les Dolomites, en Italie. L’occasion à nouveau de tisser des liens et surtout de présenter le projet Geopark Armorique au grand jour.

Maison des Minéraux - PNRA

Maison des Minéraux ©PNRA

De quel soutien avez-vous besoin ?

De tout le monde, et autant que possible ! Habitants, élus, institutions, professionnels, scolaires, artistes, associations, bénévoles… C’est toute la société civile que nous souhaitons impliquer dans le projet Geopark. Ce n’est pas le projet du PNRA mais le projet d’un territoire, il est donc primordial de faire participer le plus grand nombre de façon à ce que les habitants deviennent les meilleurs ambassadeurs du territoire, en relation avec notre structure porteuse. Cela implique d’animer un réseau d’ambassadeurs, d’entreprises engagées dans la démarche, d’avoir des instances politiques et une gouvernance ouverte sur le territoire. Pour faire vivre ce réseau, nous allons mettre en place un programme d’animation célébrant les temps forts ainsi que des sessions de formation auprès des acteurs. Cette mission Geopark est un véritable outil de développement local et de cohésion des acteurs autour d’un projet concerté.

Quelles sont les dates clés d’avancement du projet ?

Il est prévu de déposer le dossier de candidature à l’UNESCO en 2020. D’ici-là, nous souhaitons mettre en place de nombreuses actions et impliquer autant que possible les différentes parties prenantes du projet. L’objectif étant que le territoire fonctionne comme un Geopark un an avant la candidature. La restitution finale des travaux sur la sélection des sites aura lieu en 2019. L’envoi du dossier est prévu pour novembre 2020, les visites des experts de l’UNESCO pour le printemps 2021 et la réponse finale printemps 2022.

Quelles seraient les conséquences de la labellisation Géoparc mondial Unesco ?  

Le label va permettre de densifier les actions de préservation et de valorisation du patrimoine géologique dans la continuité de la Réserve naturelle géologique de la Presqu’île de Crozon.

Le projet prévoit également de développer le tourisme durable des territoires cibles. Une grande démarche marketing et touristique va ainsi être mise en place pour porter le territoire et à travers laquelle les visiteurs pourront faire l’expérience du paysage et de la géo-diversité de manière ludique et innovante.

La renommée du label Geopark UNESCO sera donc un véritable atout pour le territoire du Parc d’Armorique par le renforcement de son attractivité et de sa notoriété en valorisant ses atouts géologiques par les valeurs et l’image portées par l’UNESCO.

Pour + d’infos :

La page Facebook du projet : https://www.facebook.com/GeoparkArmorique/

Le page web dédiée à la candidature : http://www.pnr-armorique.fr/Candidature-GEOPARK


Un Géoparc Mondial de l’Unesco en Bretagne ? | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Sophie Squillace

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