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Le Tour de la route des grands vins, un trail qui réconcilie tourisme et préservation de l’environnement

| Publié le 25 avril 2019
Thèmatique :  Espaces protégés   Initiative privée   Territoire 
             

Dimanche 21 avril se tenait la première édition du Tour de la route des grands vins. Ce trail au cœur de l’Ardèche prouve qu’inscrire un événement sportif dans un cadre naturel est possible. Loin des géants que sont l’UTMB et la SaintéLyon, cette course à taille humaine a réussi à mettre en valeur son territoire.

Sébastien Goudard, vainqueur au bout de + de 100km de course

Dans la fraîcheur nocturne au cœur des montagnes ardéchoises ce sont des mois d’un minutieux travail de préparation qui se jouent. Il est 4h du matin et le village de Mauves s’anime. Le départ de l’ultra-trail, une course de 100 kilomètres, est imminent. Chauffés par un speaker bien réveillé, 114 coureurs de l’extrême s’apprêtent à gravir, pour la première fois en compétition officielle, les sentiers des alentours, et leurs 4400m de dénivelé positif à la recherche de sensations physiques et d’émerveillements visuels. Car au-delà de la performance, les sportifs accordent beaucoup d’importance au cadre qu’ils traversent.

“L’idée directrice est de proposer un événement sportif, touristique et culturel respectueux de la nature. L’amour pour la course doit se marier avec la richesse patrimoniale de l’Ardèche”

confiait en janvier dernier, Charles Tirel, président du club du Trail Runner du Grand Valence et organisateur de la première édition du Tour de la route des grands vins. C’est donc la bonne coordination de tous ces aspects qu’expérimentent les coureurs.

Quand l’activité humaine s’inscrit dans l’environnement naturel

Les chemins balisés pour la course doivent être aussi agréables à arpenter qu’à admirer. Une double mission pour laquelle le club du Trail du Grand Valence s’est particulièrement démené. Pour ce faire, il a du vérifier sans cesse la compatibilité du projet avec les exigences de conservation du patrimoine. Un dossier complet a alors été envoyé au syndicat Natura 2000 afin d’affiner les tracés ou encore de planifier les lieux de ravitaillements sans risquer d’altérer la biodiversité.

L’objectif reste d’inscrire avec humilité le coureur dans le paysage naturel. “Les activités pratiques humaines et la préservation de biodiversité ne sont pas incompatibles” estime Sylvain, ambulancier et membre actif du TRGV.

“En respectant le balisage et en ne laissant pas de déchets sur le trajet, on est en pleine communion avec la nature.”

Découvrir une nature préservée tout près de chez soi est un privilège que propose le TRGV aux participants.

Les côteaux de Cornas, paysage emblématique de l’Ardèche et de la Vallée du Rhône © Tristan Flages

Une nouvelle façon d’aborder le tourisme de nature

Et si, au premier abord, le mot peut surprendre, ce trail est bien une occasion de faire du tourisme à un prix abordable.

“Un des critères les plus importants était que le prix du dossard soit le plus bas possible”

souligne Charles Tirel. A moins d’un euro le kilomètre, le pari est réussi. Pour toutes les bourses, le trail tente aussi de répondre à toutes les attentes sportives. Quatre formats de course sont proposés, pour que la découverte de la nature ardéchoise ne soit pas le privilège des meilleurs. “J’envie un peu ceux qui arrivent bien après moi, ils ont le temps de profiter du paysage” sourit même Sébastien Goudard, vainqueur du 100 kilomètres.

Proposer un tourisme responsable, c’est aussi faire appel aux producteurs locaux. Au village-départ, un stand attire l’attention. Une longue file d’attente s’étend devant “Les Burgers de Sophie”, réputés dans toute la région. Raphaël, restaurateur ambulant, et époux de Sophie, est fier d’être présent pour cette première édition. “Un trail est un super événement pour valoriser les produits de la région. Découvrir la nature ardéchoise par la course et manger local à l’arrivée participent à l’élaboration d’une nouvelle forme de tourisme.” Toutes les composantes de cette première édition s’apparentent à une affaire de famille. Par sa dimension éthique et responsable, la visite du patrimoine naturel français semble retrouver une once d’éthique.

Départ de l’ultra-trail de Mauves à 4H du matin © Nicolas Tracol

Revenir à l’essence du trail

À contre-courant de la tendance actuelle du trail-business, des évènements organisés en grande pompe et financés par de puissants équipementiers, rassemblant parfois 15 000 coureurs comme sur la SaintéLyon, Charles Tirel veut revenir au trail à taille humaine. “Nous avions moins de 800 coureurs rassemblés sur les quatre distances. L’objectif est de remettre le coureur au centre de la course. Nous ne sommes pas comme les gros trails, où les participants arrivent dans l’anonymat. Là, en étant moins nombreux, on s’occupe mieux de chacun pendant la course et à l’arrivée”.

Retrouver un esprit familial, simple et humain, une démarche saluée par Ludovic Collet, speaker de la course, surnommé la « voix du trail » et star dans ce milieu :

« Je ne retrouve plus toujours l’esprit trail dans les grandes courses. Ici, je suis sûr que oui. La dérive vers la consommation me fatigue un peu. »

Tristan Flages et Ludovic Collet © Nicolas Tracol

Cette tendance d’un retour aux origines du trail s’oppose aux dérives, conséquences de l’engouement populaire qui dénature l’essence de ce sport. “À la base, faire du trail c’est le sport le plus simple. Il suffit d’avoir des baskets, de prendre une bouteille d’eau avec soi et la nature se transforme en terrain de jeu”, rappelle Christine, bénévole et adhérente au Trail Runner du Grand Valence. “Maintenant il faut payer une montre connectée, un sac à dos hors de prix, un cardiomètre, des chaussettes de compression… Tous ces accessoires inventés, combinés à l’augmentation du prix des dossards, c’est ridicule”.

Le Tour de la Route des Grands Vins vient donc concrétiser cette envie de simplicité avec une course à taille humaine. La première édition, réussie selon les participants a su partager l’idée principale de ce sport : le trail, c’est le voyage à portée de rien.

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Les bénévoles et coureurs du TRGV (enfin quelques’uns) © Nicolas Tracol

Article coécrit par Jean-Clément Martin Borella et Louis Berthelot

Un grand Bravo à tous les bénévoles de l’association et aux partenaires !
– La CCRC http://www.rhonecrussol.fr/
– La ville de Mauves https://mauves-ardeche.fr

La rencontre de 2 Mondes © Nicolas Tracol

Il aura fallu quelques rustines mais cette 1ère édition restera un vrai succès © Louis Berthelot


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Par Louis Berthelot

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