Furaha Tours & Safaris : l’agence francophone pour découvrir la Namibie autrement !
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Implantée depuis 2006 à Windhoek, Furaha Tours & Safaris fait référence chez les voyageurs francophones en Namibie. Forte de quinze années d’expérience, elle organise des safaris privatifs sur mesure en prenant soin que la majeure partie des revenus touristiques ne quittent pas le pays pour permettre un développement équilibré et harmonieux des acteurs en présence sur le territoire. Nous avions envie d’en savoir un peu plus alors nous nous sommes « visioporté » sur place pour rencontrer Delphin Llunga, son directeur.
VA/ Pouvez-vous présenter un peu plus avant Furaha Tours & Safaris ?
Furaha Tours & Safaris est une agence locale namibienne qui existe depuis quinze ans. Spécialisée sur le marché francophone (95% de notre clientèle), elle représente un marché de niche quand on sait que la Namibie est surtout très fréquentée par les touristes allemands ou britanniques. Ainsi, avant la crise sanitaire, nous accueillions une moyenne de 700 à 900 touristes français chaque année. Nous organisons des safaris à la carte pour de petits groupes ou des individuels, principalement en campement, et parfois en lodge, en fonction du budget. Nous nous focalisons particulièrement sur les voyages découvertes, en nous concentrant sur la faune, la flore, les populations locales et les paysages. Nos hôtes peuvent ainsi rencontrer des villageois et découvrir les us et coutumes des différents groupes ethniques présents dans les régions que nous traversons.
VA/ Pourquoi avoir rejoint le collectif indépendant d’agences de voyages locales et francophones Nomadays ?
Déjà, il faut noter que nous sommes une structure purement namibienne quand au départ, les sociétés implantées en Namibie étaient surtout étrangères. Nous sommes donc l’une des rares agences à mettre l’accent sur les communautés locales. Elles doivent pouvoir profiter du tourisme pour faire émerger une classe moyenne, pour permettre aux jeunes de travailler sur nos territoires et qu’ils puissent utiliser le levier de l’activité touristique pour rester au pays. Pour toutes ces raisons, Nomadays nous soutient, car il s’agit des valeurs partagées au sein du collectif. Le tourisme ne doit pas dépendre uniquement des agences basées à l’étranger ! En ce sens, nous sommes à 100% local. Enfin, Nomadays donne de la visibilité à nos produits grâce à sa plateforme web et cette publicité nous amène des clients. Nous pouvons alors traiter directement avec eux. Nous avons rejoint le collectif en 2019 mais le Covid est passé par là. L’an dernier, nous avons ouvert uniquement en aout et nous avons eu entre dix à quinze clients grâce à ce réseau. Cette année, cela repart, nous avons beaucoup de demandes, même si les clients hésitent encore un peu à cause d’un contexte mondial complexe et incertain.
VA/ Le tourisme durable pour Furaha…. c’est ?
Nous faisons tout pour être écolo. Par exemple, quand nous donnons de l’eau, nous prévoyons des bidons de cinq litres afin que nos clients puissent remplir leur gourde régulièrement. Nous surveillons notre consommation d’électricité, utilisons des ampoules basse consommation. Nos véhicules fonctionnent au diesel et à l’essence mais nous souhaitons passer à des carburants plus écolo. Nous pratiquons le camping mais en faisant très attention à la faune, aux arbres, aux ressources. Quand nous visitons des sites sensibles, à l’ouest ou au nord du pays, dans le désert du Namib, nous faisons très attention à ne pas laisser de traces. Nos déchets sont systématiquement laissés dans les poubelles de tri que l’on trouve partout. Nous faisons tout pour promouvoir le recyclage. Si un matelas est usé et doit être remplacé, au lieu de le jeter, nous le donnons à des écoles ou à des centres plus démunis.
VA/ Limitez-vous parfois certains groupes pour ne pas déranger les animaux ou pour éviter d’être trop nombreux sur certains lieux ?
Tout à fait, nos groupes sont limités à 12 personnes maximum. Cela nous permet de conserver une forme d’intimité avec les personnes rencontrées en évitant de débarquer à vingt par exemple pour visiter un petit village authentique. Il faut également préciser que nous n’avons pas du tout de tourisme de masse en Namibie et ce, même avant le Covid car voyager chez nous déjà coûte cherEn outre, la Namibie possède une méthode de conservation de la nature très pointue. Au Botswana, il est possible de quitter la piste pour voir un lion manger une antilope de plus près. Chez nous, il faut suivre les panneaux indicateurs et rester sur les pistes. On ne se trouve donc jamais très proche des animaux, rarement à deux mètres. Nous respectons cela et faisons en sorte que cela continue afin que les générations futures puissent également découvrir ces animaux. En plus, certains Parcs nationaux tel qu’Etosha, bien qu’étant ouvert au public, est encore sous la protection et la surveillance de l’état. On peut en visiter une grande partie en restant sur les pistes principales mais le reste du parc est protégé par des rangers. Il sera ouvert peu à peu aux générations futures. Cela permet de préserver notre faune, à l’image du rhinocéros. Nous sommes le seul pays où on le trouve encore en liberté. Nous avons aussi un centre de conservation des guépards. Nos parcs sont ainsi protégés du braconnage, qui peut encore sévir dans certains endroits.
VA/ Lorsque vous visitez les villages Himba, comment s’organise la visite ? N’y a-t-il pas une surenchère entre les villages pour être sur vos circuits ? Ces derniers obtiennent-ils des compensations financières pour l’accueil de visiteurs ?
Nous faisons de notre mieux pour ne pas visiter les villages les plus accessible sur les pistes principales car ils sont les plus fréquentés, que ce soit par les groupes ou les individuels. Nous préférons aller dans la région de Kaokoland au nord-ouest du pays où vivent les Himbas. Cela permet de découvrir des villages plus reculés. Nous organisons alors une rotation entre village pour que le maximum de personnes puisse bénéficier de nos visites. Lors de nos venues, nous apportons des denrées alimentaires (sacs de farine de maïs blanc pour faire le pap – sorte de polenta locale qui est l’alimentation de base, sucre, huile, thé, etc.) pour éviter les dons en argent et aborder la visite comme un échange. On fait tout pour répartir nos visites auprès des différents villages sur nos différents groupes.
VA/ Comment se passe l’échange ?
Nos visites chez les Himbas ont lieu à l’improviste car il n’est pas possible de les contacter à l’avance. Nous les rencontrons dans le cours de leur vie quotidienne, toujours avec un guide local Himba que nous prenons en plus de notre guide. Une fois arrivé sur place, ce dernier se rend au village pour prévenir que des visiteurs sont arrivés et pour demander si les villageois sont d’accord de les rencontrer. Il présente ensuite aux visiteurs la façon de saluer en Himba, puis explique les us et coutumes traditionnels. Le groupe peut poser des questions, circuler dans le village, parler aux gens grâce à l’aide du guide, prendre des photos avec eux (plutôt que de les prendre en photo) afin de partager ensuite ces clichés et de les montrer aux villageois, dans un échange équilibré. Certains villageois n’apprécient pas du tout qu’on les prenne en photos sans demander. Il est donc fondamental de respecter les consignes du guide. Il arrive que l’on pique-nique sur place et que nous les invitions à partager notre repas. Mais ils se nourrissent surtout de viande et n’apprécient pas vraiment nos sandwichs ou salades. Enfin, ils sont polygames et il existe quelques croyances animistes à respecter, par exemple certains lignes virtuelles sacrées (entre le feu sacré et la case de la femme principale, ou la première femme, choisie par les parents de l’homme), qui marquent la présence des ancêtres ou des sites précis particulièrement vénérés à ne pas traverser. Dans ces cas spécifiques, les groupes sont tenus de suivre exactement les indications du guide pour ne pas créer de tensions.
VA / Comment éviter une certaine forme de voyeurisme par exemple pour certaines coutumes très spécifiques comme chez le peuple Damara caractérisé par sa langue « à clic » ?
La plupart de nos séjours sont conçus pour rencontrer le peuple Damara lors de nos traversées du Damaraland. Il s’agit de rencontres qui ont lieu sur le bord des routes, lors de petits marchés, on ne visite pas forcément les villages. Ils vendent des cailloux, des petits souvenirs, et on peut également se rendre dans des écomusées pour découvrir leur tradition. Ils vous feront alors parler dans leur langue et vous enseigneront comment cliquer si vous souhaitez apprendre. Dans ces petits musées, l’artisanat local est vendu au nom de la communauté et le fruit de la vente partagé entre tous avec une somme un peu plus importante pour l’artisan.
VA/ La vente de l’artisanat se passe donc bien et sans concurrence entre villageois ?
En général cela se passe bien même s’il peut parfois arriver qu’il y ait quelques vendeurs à la sauvette qui montent dans le bus. Mais dans beaucoup de communautés locales, il y a une volonté de collecter l’artisanat auprès des villageois puis de le gérer sous forme de coopérative. Par exemple, chez les femmes Herrero, l’argent récolté est partagé entre tous. Evidemment, certains objets sont interdits à la vente, les objets en peau d’animal, en os, certaines pierres qui font partie du patrimoine mondial de l’Unesco et donc protégées. Nous avons notamment des forêts pétrifiées avec des arbres en pierre qu’il ne faut surtout pas toucher. Nous sommes également très soucieux de protéger le welwitscha, une plante endémique qu’il ne faut pas cueillir. Nos guides le précisent systématiquement et c’est également noté dans le dossier informatif que nous réalisons à l’attention de nos clients avant les safaris.
VA/ Quels types de projets de développement soutenez-vous ?
Nous soutenons beaucoup de petits projets locaux. Par exemple, entre les sites de camping communautaires et ceux des propriétaires riches des grands lodges, nous privilégions les sites de camping réalisés par des locaux. Nous avons aussi aidé à monter un site de camping en partenariat avec les locaux à Opuwo, qui est une petite ville dans l’un des coins les plus reculés du pays, où nous avions financé entre autres une pompe pour tirer l’eau du sous-sol. Sinon nous travaillons en collaboration avec l’association « Namib Aide » que nous avons aidé à monter. Nous sponsorisons également une école dans la région reculée des Himbas où l’on trouve plus de personnes nécessiteuses. Nous travaillons aussi avec une association humanitaire grâce à nos véhicules qui peuvent parcourir jusqu’à 800 kilomètres pour des distributions de denrées. Enfin, nous participons à un programme de conservation des animaux au Damaraland où les animaux sont encore en liberté (éléphants, girafes, etc.). Nous contribuons à travers une petite structure (Tosco) qui vient en aide aux rangers pour qu’ils prennent soin des animaux. Ils ont ainsi conscience de ce patrimoine vivant et le protège. L’association les fait vivre et plutôt qu’ils tuent les animaux pour vivre, ils les protègent.
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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Bonjour,
J’ai lu attentivement les commentaires qui caractérisent votre agence …
Pense vous pouvoir engager une ressortissante Belge diplômée dans le tourisme pour promouvoir et faciliter le tourisme francophone en Namibie. Je pense à ma fille qui s’est déjà rendue en Namibie et qui souhaiterait changer d’orientation. Est il aisé de se trouver du travail dans le domaine du tourisme en Namibie, avec ces 2 atouts : la langue française et un diplôme dans le tourisme ?
Merci pour votre réponse