TOP RESA – Retour sur le forum Développement durable & Tourisme responsable
Mardi 20 septembre, à l’occasion du Salon Top Resa, s’est tenu un forum sur le développement durable et le tourisme responsable organisé en partenariat avec Ecorismo. Première table ronde : Comment mettre en oeuvre le développement durable dans mon entreprise ?
L’idée de cette table ronde : partage et retour d’expérience.
Le développement durable est un sujet clé des 5 dernières années, mais concrètement comment cela se traduit dans l’entreprise ? Des processus amont avec les fournisseurs à la commercialisation des produits avec les clients, en passant par les processus internes avec les salariés, quels sont les impacts du développement durable sur l’entreprise ?
Et finalement est-ce qu’une entreprise « Eco-responsable » génère du business ?
Constat : Depuis ces dernières années, les dispositions réglementaires liées ne cessent d’augmenter afin de moraliser le fonctionnement des entreprises.
Dernier exemple en date : Le 11 juillet dernier, un décret est sorti obligeant les entreprises de 500 salariés à réaliser un bilan carbone au courant de l’année 2011. De fait, les grandes entreprises sont de plus en plus volontaristes dans leur volonté de lier « bonnes pratiques » et bussiness.
Marion Rivière – Ecorismo
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« Le tourisme durable englobe l’’environnement, l’homme, et la viabilité de l’entreprise. En outre, tous les métiers de l’entreprise sont concernés, que ce soit le responsable technique, les espaces verts, les ressources humaines, les achats…
Une direction est donc engagée. Or, le développement durable ne commence pas forcément par une approche environnementale. On peut aussi choisir d’aborder en premier lieu l’humain ou l’économique. Un pas, puis l’autre.
Plusieurs systèmes de certification ?
Il faut accepter la diversité des labels. Il n’existe pas une seule solution. Chaque label peut apporter sa solution. Cela peut être confus pour le public mais il ne faut pas hésiter à en parler.
Le durable, ça rapporte ou pas ?
Oui, il faut regarder devant. Aujourd’hui, en n’avançant pas on recule. Et même d’un point de vu juridique, on n’a plus trop le choix. Mais cela demande du temps, et un peu d’argent.
Agnès Weil – Club Méditerranée
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Au Club Méd, nous avons fait une demande de labellisation auprès de « Green Globe ». Il s’agit d’un label international de tourisme durable reconnu.
En 2007, une première expérience pilote a été mené. En 2008, nous avons aussi expérimenté l’Ecolabel européen, et, sur des villages en Amérique, Asie et France, le label Earthcheck. A présent, nous travaillons avec Green Globe.
En 2010, dix de nos villages ont été certifiés par un organisme tiers. Ces certifications sont pour nous un moyen d’aller plus loin, mais aussi, le seul moyen d’être crédible à l’extérieur, d’être audible.
Etre certifié parle bien mieux qu’un inventaire à la Prévert : régulateurs de débit, économie d’énergie, etc. En plus, ces labels marchent. Ce sont des référentiels bien faits. Tous les sujets sont bien couverts. Et ils sont efficaces car mobilisateurs.
Enfin, il y a même un côté ludique à obtenir un label. Cela permet de fédérer une équipe, toute l’entreprise pour un défi. Une façon de fonctionner proche de l’esprit Club Med.
La mise en œuvre :
Des chargés de mission sont formés, outillés, puis envoyés dans les villages. Ils expliquent la démarche, font un diagnostique et se mettent au travail. Cela crée aussi une dynamique vers les autres villages.
Pour l’heure, 12 villages sont certifiés. 15 sont engagés. On en prévoit 25 de plus pour 2012 (soit un total de 52 villages).
Objectif : Les ¾ du parc fin 2012.
Effet auprès des clients ?
Les chargés de mission appelés « Green Globe Trotters » ont des badges. Ils ont des contacts réguliers avec les clients. Cela permet de remonter le vécu et l’expérience des clients mais aussi des G.R. Or 90% des informations remontées sont positives. L’accueil est très bon.
Le temps de certification ?
C’est variable. Au plus court, 3 à 4 mois. Au plus long un an. La moyenne : une saison.
Le budget ?
En moyenne, on investit 20 à 25 000 € par village. Que l’on récupère dans les deux ans. Mais c’est très variable, sur l’eau, l’énergie, le retour sur investissement. Certains lieux, comme en Turquie, on est amendé si on ne remplit pas certaines conditions, donc pas le choix.
Le durable, ça rapporte ou pas ?
Cela commence doucement à rapporter. Cela participe aussi de la fierté d’appartenance. On évite de perdre. Sur la gestion des ressources, intérêt bien compris, dans le sens de l’économie.
En conclusion :
La certification est fédératrice et mobilisatrice en interne pour les salariés du club. La difficulté majeur reste d’être efficace sur tout quand on parle de 350 critères pour 75 villages.
Les équipes sont déjà sous pression. On leur demande du temps, de changer leurs habitudes. Il faut aussi sans cesse justifier les coûts que génèrent ces efforts. Difficile d’entretenir le feu sacré et sur le terrain, et auprès de la hiérarchie.
La prochaine étape, serait peut être de faire entrer dans les consciences que loin d’être une contrainte, le « durable est désirable ».
Martina Hornakova – Pierre & Vacances Center Parcs
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Chez Pierre & Vacances Center Parcs, nous avons un département Développement Durable depuis 2005. Et une démarche de partenariat avec le WWF depuis 2005.
Sur nos sites, nous menons des actions de sensibilisation.
Ex : Charte de restauration durable. Ou. Charte de gestion écologique des espaces verts développé en partenariat avec le WWF.
Différents labels :
En 2010, le bilan était très positif. A présent, notre démarche a mûri et s’est enraciné dans toutes nos actions et sur nos projets immobiliers et touristiques. En 2010, nous avons intégré différents labels en fonction de nos sites : Clef verte, l’Ecolabel européen (pour nos résidences Adagio), Iso 14001 pour Center Parc.
Depuis 2010, nous avons mis en place un système interne de management de développement durable : BEST. Le 1er audit BEST a eu lieu en France. Puis on continuera avec l’Espagne, l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas.
La perception des salariés ?
Certains sites sont exemplaires. D’autres moins. Mais tous les sites vont peu à peu être soumis à ce système.
Ex : Au siège, nos acheteurs sont engagés depuis 2008. Ils ont des formations. Leur rémunération intégre une partie liée aux objectifs sur l’intégration de la démarche Développement Durable dans leur mission. Ils ont également des réunions trimestrielles de pilotage des achats durables.
Le durable, ça rapporte ou pas ?
La démarche permet la maitrise des coûts et des risques, et de se démarquer de la concurrence par l’innovation.
Jean-Michel Coeffe – Cap France
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Cap France gère 107 villages vacances. Ces entités sont indépendantes les unes des autres en terme de gestion, contrairement au Club Med.
Dès 2000/2001, nous avons initié une réflexion sur le tourisme durable. A l’époque avec un professeur de la Sorbonne. On suivait un label mis en place au Brésil. Puis, on a essayé de voir ce qui nous convenait dans nos villages. On a édité un « Guide de bonnes pratiques »
Et finalement, en 2004, le Label Chouette Nature est né. Il s’agit d’un label qui s’adresse aux villages volontaires. Et, à un moment où il n’existait pas encore tant de labels qu’aujourd’hui, on voulait un label qui prenne en compte tous les aspects du fonctionnement de nos villages.
Les premiers villages se sont lancés. Progressivement, la démarche s’est améliorée. En 2006, nous avons créé un référentiel : déchet, eau, intégration paysagère, achat, animation, implication des salariés et des clients, etc.
Mais la démarche est restée fondée sur le volontariat. Cela a permis de créer un projet d’entreprise dans le village vacances. Le personnel (ménage, cuisine, etc.) y possédant un rôle important et son mot à dire.
Puis, en 2007, nous avons eu une reconnaissance extérieure grâce aux Trophées du Tourisme Responsable. Cela a mis un coup de buzz. On est passé de 26 villages certifiés en 2006 à 42 en 2008.
En 2007, on a également fait appel à un organisme extérieur : ISO 14001.
Il fallait être cohérent et on s’est retrouvé à devoir nous mettre à niveau pour cette nouvelle certification. Cela a freiné un peu les nouvelles démarches des villages. Il nous a fallu cinq ans et on a perdu quelques villages en route qui n’ont pas pu suivre mais on s’est aussi fait aider de partenaires, des étudiants d’Anger.
Depuis juin 2011 : 45 villages sont Chouette Nature. 41 sont ISO 14001. 6 sont dans une période de remise à niveau. Aujourd’hui, quand un village obtient le label Chouette Nature, il lui faut 8 mois de remise à niveau pour être certifié, l’année suivante, Iso 14001.
Et demain ?
Il faut faire en sorte que les clients y voient un plus. La communication sur le village est quelque chose d’important à mettre en œuvre.
Un autre problème aujourd’hui, est de démystifier la difficulté de l’Iso 14001 en valorisant le travail fait en interne.
Il faut compter trois mois de travail. Il faut revenir au « durable désirable », à la biodiversité, à la table joyeuse.
Le durable, ça rapporte ou pas ?
Ca favorise l’activité. Mais il ne faut pas que cela coûte trop cher.
A Chouette Nature, on demande à certains villages de refuser la certification pour l’heure, car l’investissement serait trop lourd. En Haute Provence, sur un chiffre d’affaire de 400 000 €, on a dépensé 10 000 € pour le durable. Donc ce n’est pas possible partout.
Sylvia Nepote – Effia Synergie pour la SNCF
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La SNCF est engagée dans le développement durable depuis longtemps.
Il y aurait beaucoup d’actions à citer, au niveau du développement local, du management… En outre, à la SNCF, il me semble que le développement durable est déjà désiré. Nos achats durables sont de plus en plus importants. Les commerciaux SNCF trouvent de plus en plus d’acheteurs responsables et veulent des fournisseurs responsables.
Formations organisées : « Mettre ces forces de vente en situation »
Double but : – Cibler la maturité développement durable de l’acheteur (social, environnemental)
– Mettre en place l’engagement de la SNCF.
Autre façon de sensibiliser : par des outils de force de vente : des plaquettes, des calculateurs carbone. Notre travail, focalisé sur l’humain, passe par le dialogue.
Adhésion des commerciaux ?
Enthousiasme et attente. Il y a un intérêt commercial aussi. Car le durable est désiré. Il est aussi générateur de business. Cela rend plus solide, plus attractif. Mais il faut que ça passe par une vraie économie.
Frédérique Nicoli Ly – CSC – Consultante.
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Comment mesure-t-on le développement durable dans l’entreprise ?
Il existe des indicateurs importants :
– pour le pilotage
– pour générer du business, de la valeur
Aujourd’hui, on constate que toutes les entreprises sont déjà engagées dans le durable, mais les actions sont très différentes et morcelées.
Elles sont difficiles à structurer.
Faut mesurer l’ensemble des risques.
Le problème de la remontée des données pour mesurer le durable :
Faut faire attention : quelles données remonter ? Le qualitatif ou le quantitatif ? Enquêtes de satisfaction ? Mais comment faire pour avoir des données fiables ? Sur qui s’appuyer ? Combien d’indicateurs on prend. Micro ou macro ? La fréquence : des remontées mensuelles, annuelles ? On remonte toutes les filiales ? La France ? Que le local ? Problème aussi du comparable, nucléaire en France contre charbon en GB.
Le durable rapporte-t-il à l’entreprise ?
Tout le monde se pose la question. Actuellement, certains tentent de traduire les missions de développement durable en revenu et ça marche.
Deux exemples :
– Un opérateur de Service de l’eau. Sur la gestion des fuites. A investi dans le captage/stockage des fuites. Economie d’eau = économie financière
– Sur l’achat durable
Si le fournisseur est plus mature sur les achats durables, c’est autant de jours à le convaincre qui seront gagnés. Economie de temps = économie d’argent.
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Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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