L’écovolontariat : un tourisme à découvrir et à adopter
Thèmatique : Acteur associatif Acteur privé Conseils Initiative privée Projet solidaire
Donner du sens à ses congés, partir loin ou au contraire à côté de chez soi selon ses envies, ses motivations, donner du temps, de ses qualités à des missions plus ou moins ponctuelles, se rendre utile….beau programme non? En ce milieu d’été et si certains en sont encore à se demander « je fais quoi pour ces congés ou les prochains ? » Ou bien « je m’ennuie dans mon travail, si je trouvais enfin une bonne raison de devenir un vacancier engagé? ». Analyse de ce qu’est à l’heure actuelle l’écovolontariat via le prisme de deux associations made in France : Cybelle Planète et Volontaire pour la nature (anciennement A Pas de Loups) Deux entités qui respectent la charte de l’écovolontariat éthique avec des missions et objectifs différents, mais unis sur les principes fondamentaux : solidarité, éthique, respect de l’environnement et des hommes. Un état des lieux qui se veut être un bon moyen de découverte et pourquoi pas d’un essai à aplatir non? Un engagement simple à prendre puisque juste réservé à tout le monde, la seule limite étant votre temps libre.
Alors c’est quoi?
L’écovolontariat est une action solidaire et participative qui consiste à aider, durant son temps libre, un projet lié à la préservation et à la valorisation de la diversité animale, végétale, environnementale, et culturelle. L’écovolontaire est un citoyen engagé et bénévole et ne peut, à ce titre, recevoir de contrepartie financière pour son action. Notons aussi qu’un éco-volontaire n’est pas « au boulot » ou en mission humanitaire et oui il est en vacances, mais il les choisit en s’engageant sur une période ou il va rendre service, donner de son temps et de sa richesse manuelle, intellectuelle... Au delà de cette annonce, on peut aussi noter que certaines missions s’inscrivent dans des cadres très précis liés notamment à l’éducation ou à la santé (Projects abroad a notamment mis en place des programmes à vocation sociale, enseignements, santé ou droits des enfants). En tout cas, chaque séjour est marqué par une mission dans lequel un bénévole va s’investir durant une période donnée que ce soit à l’étranger ou en France. La personne y est encadrée par des professionnels qui vont le guider et lui expliquer son travail et ainsi apporter une plus value importante, que ce soit sur le site même, ou pour l’expérience du volontaire. La nature et sa défense étant évidemment une des parties majeures des programmes mis en place… Pour essayer de saisir la philosophie de l’écovolontaire j’en appellerai à la célèbre citation chère à Pierre Rabhi pour essayer d’expliciter les petites pierres apportées par chacun des volontaires engagés : « je fais ma part », et c’est déjà beaucoup.
Des éco-volontaires et des bénévoles nature
« le volontaire est avant tout une personne soucieuse de donner du sens à sa vie, quelqu’un qui aime s’investir, nous avons des personnes de 30-40 ans qui viennent se renseigner, pour faire une pause dans leurs vies » explique Céline Arnal de Cybelle planète. « C’est une personne curieuse et soucieuse de son environnement qui a envie d’agir. Elle a un peu de temps et une envie de procéder autrement. » Une volonté de donner du sens à son existence pendant un moment, de se sentir utile tout en partant pour des vacances plus qu’originales. Même son de cloche chez « volontaires pour la nature » une des associations pionnières en éco-volontariat en France : « notre moyenne d’âge est comprise entre 30 et 45ans, néanmoins il y a aussi pas mal d’étudiants et de jeunes retraités actifs qui s’investissent ». Et le pourcentage de femmes y est aussi plus important. On ne le dira jamais assez : l’écovolontariat c’est pour tous.
Un cout relativement modéré et des avantages
Chaque séjour est payant (notons que pour chaque séjour vous pouvez déduire une part sur vos impôts!) et les prix varient suivant la mission-séjour, mais les prix restent toujours très attractifs, c’est une condition sinequanone de cet engagement (qui diffère alors de l’éco tourisme ou du voyage naturaliste plus onéreux). Prenons quelques exemples : pour une mission dans la région Rhône Alpes (gorges de l’Ardèche un week end fin mai) avec Volontaires pour la nature, il vous faudra compter avec l’adhésion obligatoire à l’association (25 euros si salarié, 10 euros chômeur), plus 10 euros de participation : Volontaires s’inscrit plus dans une démarche de bénévolat nature. Pour un engagement à l’étranger, le prix augmente un peu tout en restant hyper raisonnable : de 150 à 300 euros pour un programme de protection des tortues marines en Grèce (séjour de 4 semaines) , ou pour la protection des iguanes au Honduras (15 jours minimum). Chez Cybelle (25 missions chaque année), pour un séjour sur un voilier en Méditerranée (suivi des cétacés), il vous en coutera 340 € (7 à10 jours), nourriture comprise, pour l’aide au sanctuaire des éléphants en Thaïlande il vous en coutera (suivant la période de l’année) et suivant la durée 480€ la semaine, dernier exemple : le sanctuaire des félins aux USA : une semaine pour 220 euros, ces sommes étant donné hors déduction fiscale De plus sur chaque montant 70% va financer la mission en elle même et le staff présent sur place, les 30% restant finançant Cybelle en elle même, Pour certaines missions, un bon niveau d’Anglais est requis, ou une bonne condition physique, mais tout cela est fort bien expliqué soit sur les sites internet soit lors du contact téléphonique « qui est primordial » explique Céline Arnal. Et soit dit en passant, nos deux interlocutrices nous ont confirmé que le nombre de demandes étaient en hausse croissante : comme quoi quand on entend parler de la fameuse crise du bénévolat…..c’est somme toute plutôt réjouissant non ?
Bénévolat nature et éco-volontaire main dans la main
Vous l’aurez compris Volontaires et Cybelle ne font pas exactement le même boulot, n’ont pas le même fonctionnement, mais finalement outre les différences de statut ou de typologie (écovolontariat, organisateur de voyages éco participatif, ou volontaires bénévoles pour la nature) les sensibilités environnementales ou humaines sont peu ou prou les mêmes et dénotent d’un engagement sans failles. De même chacun est libre de son choix, et quoi qu’il en soit, il restera respectable, d’ailleurs à terme pourquoi ne pas tenter les deux expériences. Je pense que les deux projets sont complémentaires et louables, il ne faut juste pas se tromper sur ce que l’on souhaite et bien se renseigner avant. S’en suivront une riche expérience et pourquoi pas un engagement plus pérenne dans une association ou une expérience à noter dans un CV… tout est possible.
Comment ça s’organise une mission?
Il y a des constantes : vous partez en petits groupes (maximum 12), vous êtes logés sur place, nourris la plupart du temps (sinon là aussi c’est indiqué). En tant qu’associations engagées, les séjours respectent au maximum la faune, la flore et limitent au maximum l’impact de la mission : ainsi vous allez manger local, bio quelques fois, les douches sont souvent solaires, les campements sont respectueux… logique mais il est bon de le rappeler. Votre temps sera consacré à travailler pour le bien être animal, le respect de la biodiversité, le comptage, l’identification, l’entretien d’espace… bref un vaste programme avec néanmoins un fil conducteur pour la durée du voyage. Vous aurez aussi l’occasion de vous enrichir intellectuellement en découvrant la nature, la région, le pays. Gardons à l’esprit que la convivialité est de mise et que le volontaire doit y trouver son compte! A chaque retour de mission, le volontaire raconte les points positifs et aussi ce qui a moins bien marché, s’en suivent des évolutions. D’ailleurs les deux organisations pré-citées ont signé et respectent la charte éthique de l’éco-volontariat qui en 8 points, rappellent les principes fondamentaux et obligatoires d’un bon organisme.
N’oublions pas non plus les congés éco-solidaires : votre mission lors de vos congés ou RTT peut être financée par votre employeur (public ou privé), celui ci sera ensuite défiscalisé à hauteur de 66% – http://www.cybelle-planete.org/component/content/article/16-news/276-conges-eco-solidaires–faire-de-lecovolontariat-grace-a-son-employeur
Une autre façon de s’engager : le service civique
Je n’oublierai pas une évolution sociétale importante : la création du service civique . Celui-ci concerne en priorité les jeunes (âgés de 16 à 25 ans) qui veulent s’engager dans une mission tout en étant indemnisés. Ainsi, sans restriction quand au niveau d’étude, chacun peut se porter volontaire pour une durée globalement comprise entre 6 mois et 1 an et ce dans des associations, ONG ou même des collectivités. Un 1er véritable engagement marquant dans la vie : il permet de concrétiser ses envies de faire bouger les choses, de donner du temps, de l’énergie, tout en permettant une 1ère expérience à glisser dans son CV. De plus, dans pas mal de cas, le service civique peut s’accompagner d’une poursuite d’études ou de formations. Pour les plus de 26 ans, n’oublions pas non plus le service Volontaire Européen (jusqu’à 30 ans) ou encore le volontariat de service civique (pour les plus de 25ans) qui donne la possibilité d’effectuer une mission d’intérêt public de 6 à 24 mois. Les renseignements pratiques sur : http://www.service-civique.gouv.fr/
Volontaire pour la nature a créé, avec Nicolas Hulot, la plate forme « j’agis pour la planète », de même Cybelle et Volontaire pour la nature comme 9 autres organisations font partie du collectif Francophone pour l’écovolontariat : ce site explique et met en pratique la charte éthique de l’ecovolontariat (par exemple : non utilisation des animaux sur des activités de loisirs, valorisations des volontaires, ou encore préparation de ceux ci à leurs missions).
………………………………..
Sa faire plaisir, s’enrichir humainement en se rendant utile : un engagement différent, quelques fois ponctuel ou parfois pérenne, ces actions se déroulent durant des vacances qui à coup sûr, prendront là un autre sens. Séjour long (15 jours) quand on part loin, ces « vacances différentes »peuvent aussi se décliner sur un week-end ou un séjour court et ce dans une approche plus locale. Un panel riche et varié que vous pouvez retrouver ici :
http://www.cybelle-planete.org/
http://www.volontairesnature.org/
Nous traiterons plus tard des expériences d’ecovolontaires à leurs retours de missions.
Par Guillaume Chassagnon
Amoureux des montagnes, des hommes y vivant. j'aime les parcourir, les photographier, les découvrir et donner envie de les fréquenter. Sac à dos, livres et appareil photos sont mes outils quotidiens. Je travaille aussi pour de la presse quotidienne pour notamment montrer le dynamisme culturel et associatif de mon territoire. A bientôt sur les sentiers, autour d'un bon verre de vin, d'un plateau de fromage ou dans une librairie! Et à la fac d'Avignon of course
Les 5 derniers articles de Guillaume Chassagnon
- Les artisans de Chartreuse dynamisent et accélèrent la transition sur le territoire
- La lente agonie des centres de vacances
- Une tournée par les sentiers au rythme du pas de l’âne
- Au château du Clos de Vougeot : un livre enchanteur!
- 2020 une année qui compte pour les ramassages de déchets en montagne !
Voir tous les articles de Guillaume Chassagnon