L’Institut d’Économie Durable ouvre deux formations axées sur la durabilité des entreprises.
L’Institut d’Économie Durable (Lefebvre Dalloz) propose des Formations Durabilité en initial et en alternance pour former de futurs experts capables de porter la transition au cœur des entreprises. Des formations techniques et exigeantes au cœur de Paris La Défense qui allient connaissances fines et prise en compte des enjeux de demain. Guillaume Leblond, son directeur, qui a porté le projet depuis sa fondation, revient sur la raison d’être de cette école d’excellence.

VA/ Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs
J’ai aujourd’hui 34 ans et j’ai fondé L’institut d’Économie Durable avec FROJAL, l’actionnaire familial majoritaire du groupe Lefebvre Dalloz, leader Européen de la connaissance sur les métiers du chiffre et du droit. Avant cela j’ai travaillé à l’international dans le développement du secteur privé Afrique notamment avec le Groupe La Poste.
L’éducation et la pédagogie ont souvent été au centre de mes activités extra professionnelles en tant que professeur de FLE ou tuteur dans des programmes d’égalité des chances. J’ai ainsi été tuteur d’un groupe d’élèves de 3ème d’un collège de Drancy avec qui je passais tous les samedi matin pendant un an. L’objectif : ouvrir leurs horizons scolaires et professionnels avant le lycée afin de déjouer des tendances observées à l’autocensure.
VA/ Pourquoi un Institut d’Economie Durable, pour répondre à quels enjeux ?
La transition des organisations devient de plus en plus technique, structurelle et ambitieuse à mesure qu’elle vient modifier les règles du jeu et les incitations de nos économies et de nos entreprises. FROJAL et Lefebvre Dalloz sont experts dans ces sujets techniques : finance et gestion (Vernimmen), comptabilité et fiscalité (Francis Lefebvre), règlementaire et droit (Dalloz).

Lefebvre Dalloz est aussi le 3ème acteur en France de la formation professionnelle continue sur ces sujets. Francis Lefebvre avait commencé sa carrière dans la formation initiale à la fin du 19e siècle.
Il a fait sens pour la famille FROJAL de renouer avec ses racines et de combiner ses atouts pour apporter sa pierre à l’édifice dans l’un des grands enjeux de notre temps en fondant une école ambitieuse et ancrée sur l’expertise et les « hardskills ». L’enjeu auquel nous répondons est la formation d’étudiants et de jeunes professionnels de plus en plus techniques pour porter la transition au cœur des entreprises. On ne fait plus de la RSE comme on en faisait il y a 15 ou 20 ans. Il s’agit de former des experts en reporting extra-financier, des contrôleurs de gestion ESG capables de réconcilier Business Plan et plan climat, analystes ESG pour flécher les investissements vers les acteurs les plus vertueux etc.
VA/ Le fait que les grandes entreprises vont dorénavant devoir intégrer un « état de la durabilité » (CSRD) dans leur reporting a-t-il joué dans le projet de création de l’école ?
Oui et non.
Les règlementations telles que la CSDR sont encore en gestation et sont changeantes. 2025 a apporté son lot de surprises avec l’allègement significatif en cours du dispositif CSRD (élévation des seuils des entreprises assujetties, reports de calendrier) dans un contexte de course à la compétitivité « face » notamment aux USA de Donald Trump qui s’affranchissent de toute contrainte environnementale.
Ce qui n’est pas changeant, en revanche, c’est la nécessité pour les entreprises de mieux mesurer leurs impacts et leurs vulnérabilités. La bonne nouvelle est que même si les régulateurs ralentissent, les investisseurs et les consommateurs restent vigilants et de plus en plus exigeants. Le sujet de fond du reporting extra financier interne et externe reste donc d’importance.
Les entreprises sont en outre vulnérables aux conséquences du changement climatique. Un dirigeant d’un groupe du CAC 40 nous confiait récemment que plus une semaine ne passait sans qu’un de ses sites industriels ne soit arrêté quelque part dans le monde : sécheresse, inondation, incendie, risque de pollution d’un cours d’eau. Les entreprises sont demandeuses des bons indicateurs et de la bonne mesure des risques.

VA/ Quelles sont les normes environnementales ou sociales devenues aujourd’hui incontournables pour les entreprises ?
Cela dépend de la taille de l’entreprise et de sa situation dans une chaine de valeur (par exemple si elle est fournisseur d’un grand groupe). Il est tentant ici de se lancer dans un cours passionnant mais par soucis de simplification disons qu’il y a des normes environnementales telles qu’ISO 14001, ISO 50001. L’autre avancée de la dernière décennie est l’utilisation de méthodes de plus en plus scientifiques et systématiques pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre (GES) et jauger la robustesse des plans d’actions des entreprises (ici joue la Science Based targets Initiative SBTi et le bilans carbone / GHG protocole)
En matière sociale la norme ISO 26000 adresse l’environnement, les droits humains, les relations de travail, la loyauté des pratiques. Avec le Green Deal, l’Europe est en passe de devenir la zone économique la plus à la pointe en matière de règlementation avec notamment la CSRD (qui porte sur le reporting extra financier) et la taxonomie verte Européenne (qui porte sur la classification des activités et des entreprises afin d’orienter notamment les financements vers les plus vertes/durables). 50 000 entreprises européennes devraient être concernées par la CSRD à horizon 2029. Dans un contexte de concurrence économique, le parlement européen est actuellement en train de revenir sur l’étendue et sur le calendrier de déploiement de ces textes… Nous voyons bien que nous sommes au cœur de la bataille règlementaire.
VA/ Vous proposez un module sur la préservation des écosystèmes, un autre sur le changement climatique, et un 3e sur les enjeux sociaux (au sein de l’entreprise et dans sa chaine de valeur), des enseignants transversaux qui seront incarnés par des secteurs d’activité précis ?
Il sera important pour nous que les études contiennent des projets réels et concrets d’entreprises. Des « Business Cases » que nous construisons en ce moment. Nous sommes donc en discussion avec différentes entreprises dans différents secteurs pour illustrer ces cours oui. Dans l’énergie, dans l’économie circulaire, dans l’industrie. Il n’est pas impossible d’ailleurs que nous bâtissions un cas d’étude dans le secteur du tourisme. C’est un secteur intéressant qui touche à ces trois sujets de par
- Son empreinte foncière (choix des localisations, choix des types de constructions)
- Sa nature d’accélérateur qui met en mouvement des voyageurs.
J’ajoute un point : il est tentant pour des écoles ou des enseignants d’utiliser des exemples phares ou rôles modèles d’entreprises vertueuses pour illustrer des cours. C’est un peu le pendant du «cas Apple » dans la tech ou le marketing, qui est devenu un peu tarte à la crème.
Nous veillerons aussi à nous intéresser à des entreprises ou des secteurs qui ne sont pas des rôles modèles et qui partent de loin. L’idée, se mettre dans leurs chaussures et comprendre les freins à des changements profonds dans leur chaine de valeur, leur modèle d’affaire ; car c’est là que se situent une partie importante des enjeux en 2025.

VA/ Prévoyez-vous de recruter vos enseignants auprès du monde académique ou plutôt du monde professionnel ?
Les deux ! Nous constituons une équipe pédagogique d’une quarantaine d’enseignants et intervenants en couvrant : des intervenants aux profils académiques (enseignants à l’université, chercheurs, etc.) ; des enseignants-praticiens (intervenants qui ont aussi une activité de praticien de la durabilité (RSE/ESG) en entreprise). Ce mix permet d’avoir un continuum pédagogique sérieux ET d’être toujours proche de cas pratiques et concrets vécus en temps réels par les entreprises. Le contexte règlementaire et pratique évolue en effet très rapidement (Green deal, débat sur la CSRD etc.). Ce qui est par ailleurs très important et fait la différence entre une super école et une moins bonne, c’est le suivi pédagogique des étudiants ET des intervenants, pour s’assurer qu’ils sont bien briefés, qu’ils suivent une maquette pédagogique pensée. La force de l’IED est de confier cette tâche à une enseignante et praticienne qui connait très bien les matières et les métiers.
VA/ Avez-vous d’ores et déjà quelques partenariats avec des entreprises pour vos futurs alternants ?
Affirmatif, Lefebvre Dalloz bien sûr en premier lieu. Ensuite nous avons construit ce projet en échangeant avec une cinquantaine de directions RSE et financières de grands groupes et d’entreprises de taille moyenne. Des entreprises du CAC 40, des grands cabinets d’audit ou de conseil. Nous nouons des partenariats de différents types. Pour construire des cas d’usage comme expliqué à l’instant, pour des visites de sites industriels, pour recruter nos étudiants en alternance ou en CDI. Les entreprises sont demandeuses et très positives, cela est très important pour nous.
VA/ D’autres écoles proposent-t-elles des parcours similaires au votre ou est-ce assez nouveau dans le champ des formations ?
Le panorama de la formation initiale est assez chargé oui. L’université et les IAE ont des parcours. Les grandes écoles lancent des Masters spécialisés et verdissent un peu leur tronc commun. Il existe aussi des néo écoles vertes dont la qualité varie. Toutefois, peu de programmes sont vraiment axés double compétence et techniques. Notre croyance forte, étayée notamment par les travaux du Shift Project sur l’enseignement supérieur, est que la durabilité, la RSE, ne doivent plus être enseignées de manière isolée mais croisées avec des socles métiers forts, attendus auprès des jeunes professionnels : en finance, en gestion, en juridique. Un bon professionnel de la durabilité est d’abord un professionnel crédible qui doit savoir parler finance au financier, juridique au juriste etc.

VA/ Récemment, une enquête de Claire Marshal (« Le Cube ») révèle les dérives du groupe d’enseignement supérieur privé Galileo où dans nombre de ses écoles, la finalité économique prend le pas sur la raison d’être pédagogique. Un pavé dans la marre qui prête à réfléchir ?
En effet et nous pensons que cet ouvrage est une dans l’ensemble bonne chose. Il y a eu des dérives et des groupes privés sous pression déraisonnable d’investisseurs financiers ont délaissé l’ambition pédagogique pour devenir des machines à acquérir des étudiants. La France compte 3 Millions d’étudiants du supérieur. Le public accueille 75% d’entre eux, le privé 25%. Le développement d’un secteur privé de qualité est impératif et participe à développer l’excellence française. J’observe que la nature et les objectifs des actionnaires sont déterminants ici. Or nous avons la chance d’avoir un actionnaire stratégique et familial qui n’a pas de velléité court-termiste de revente par exemple. Nous sommes donc très privilégiés, les étudiants et les enseignants ou intervenants avec qui nous échangeons le ressentent.
——– En Savoir plus ————
Dès septembre 2025, l’Institut d’Économie Durable proposera des cursus en initial et en alternance pour étudiants (bac+3 et bac+4) et professionnels en reconversion. Les programmes de master management de l’environnement et développement durable, allieront une expertise en gestion et maîtrise des enjeux RSE : https://ied-paris.fr/

Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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