Impact du tourisme sur le réchauffement climatique
Les impacts du changement climatique sur le tourisme et sa nécessaire adaptation
Marie LOOTVOET, consultante de TEC-conseil
Impact du tourisme sur le réchauffement climatique
État des lieux
Le transport constitue la concentration principale des émissions de GES du tourisme. Une enquête statistique réalisée sur les déplacements touristiques des Français révèle que 6 à 8 % des GES émis en France sont dus aux seuls déplacements touristiques. Paradoxalement, même si la voiture est largement dominante dans ces trajets, l’aérien représente à lui seul 62.5 % des GES pour une faible proportion des séjours. L’explication : un kilomètre parcouru en avion équivaut à plusieurs centaines de kilomètres avec d’autres modes de transports en termes d’émission de CO2.
Le lien entre les distances parcourues et les GES donne au tourisme de proximité un attrait certain dans une démarche de lutte contre le réchauffement climatique. Mais, la problématique du développement des pays du sud par le biais de l’économie touristique ne peut être évacuée du débat. Tout comme le problème de l’égalité devant le voyage : 5% des Français représentent à eux seuls 50% des GES touristiques.
Stratégies de limitation
Au vu de la tendance actuelle de croissance des GES, le secteur du tourisme, comme les autres secteurs, ne peut s’affranchir des efforts à mener dans ce cadre. Le droit de chacun à voyager doit pourtant être préservé, et il est important de mieux le répartir au sein de la population.
Un travail a été mené sur un scénario de développement durable, avec des projections différentes, tout en gardant comme hypothèse que l’on veut pouvoir continuer à voyager, éventuellement loin. Plusieurs leviers de limitation des émissions de GES dans le secteur du tourisme sont identifiés. Mais, chacun pris isolément, ils ne sont pas à la hauteur des enjeux. Ces leviers doivent être combinés pour garantir l’efficacité globale :
Le levier technique : les progrès technologiques en matière d’efficacité énergétique dans le secteur de l’aviation sont réels, mais atteignent aujourd’hui leurs limites. Ce gain potentiel en efficacité énergétique est insuffisant pour compenser l’augmentation du trafic aérien.
La répartition modale : favoriser le train ou le transport terrestre collectif par rapport à l’aérien. Il est intéressant de noter l’effet positif du à l’ouverture du segment TGV Valence-Marseille sur la limitation du recours à la voiture individuelle. La volonté politique doit être extrêmement forte pour accompagner une telle évolution.
Les prix : il faudrait une très forte augmentation des prix (pétrole, séjours) pour que ce levier devienne efficace, et, par ailleurs, la question de la démocratisation du tourisme se pose.
L’évolution de la culture du voyage : il est nécessaire de réfléchir à la fin de l’hypermobilité. Un tourisme plus lent, des séjours plus longs. La notion de rupture avec le quotidien comme justification du voyage doit aussi être prise en compte : si le quotidien, notamment pour les urbains, s’améliore par l’intégration de loisirs, d’espaces verts… cette nécessité de rupture sera moins prégnante. Le facteur culturel est le facteur essentiel pour atteindre des modes de vacances plus durables. La campagne de publicité du CDT des Bouches-du-Rhône est à ce titre intéressante.
Le scenario de développement durable du tourisme à 2050 passe par une répartition différente de la mobilité, à la fois en termes des distances et de modes de transports. La question de la volonté politique et son implication dans l’évolution de la culture du voyage se pose. Les destinations doivent d’ores et déjà réfléchir à des positionnements, notamment par rapport au transport, et des actions à court ou moyen terme.
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Par Rédaction Voyageons-Autrement
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