A World For Travel : s’adapter et transformer le tourisme
Devant se dérouler à Evora au Portugal les 5 et 6 novembre et organisé par Eventiz Media, le forum A World For Travel, dont le but est de « transformer le voyage pour préserver globalement et localement, en même temps et dans le même but, à la fois l’humanité et la planète », s’est résumé à une conférence virtuelle de trois heures autour de la nécessité et de l’urgence de transformer le tourisme. Synthèse des interventions et des pistes d’action.
S’adapter à la situation de crise sanitaire
« S’adapter est un des maîtres mot de la situation actuelle », analyse Christian Delom, secrétaire général du forum A World For Travel, après les interventions de Rita Marques, secrétaire d’état au tourisme du Portugal et de Zurab Pololikashvili, secrétaire général de l’UNWTO – United Nations World Tourism Organization – dépeignant tous deux la situation actuelle critique du tourisme. Zurab Pololikashvili a toutefois apporté une note positive en soutenant que la situation « était aussi une chance de transformer le tourisme vers les communautés rurales, les femmes et les jeunes« .
Des chiffres alarmants et des actions à entreprendre
Pour pouvoir s’adapter, il faut prendre connaissance des faits. Gloria Guevara, présidente du WTTC – World Travel and Tourism Council – a exposé des chiffres alarmants sur les répercussions de la pandémie du COVID 19 et de la crise sanitaire sur l’industrie du tourisme : dans le monde entier, 43% des employés du secteur ont perdu leur emploi cette année et la perte de PIB atteint le même taux, comparé à 2019. Gloria ne s’arrête pas là et projette des chutes encore plus fortes si la situation ne s’améliore pas. « Nous ne pouvons pas attendre l’arrivée d’un vaccin, nous devons faire avec le virus », affirme-t-elle. Comment ? Un question à laquelle elle apporte des éléments de réponse : « Il faut regagner la confiance des voyageurs et des acteurs du secteur du tourisme, instaurer des protocoles sanitaires qui leur permettent de sentir en sécurité, restaurer le voyage international, rouvrir les frontières, utiliser les nouvelles technologies pour tout ce qui concerne les certificats et les tests liés au COVID, et éviter la quarantaine aux personnes testées négatives », suggère-t-elle.
Mike Horn : « La capacité de rêver »
Inspiré et inspirant, l’aventurier Mike Horn intervient ensuite, affublé d’une barbe de deux jours : « Le COVID est entrain de changer notre monde mais nous ne pouvons pas arrêter d’aimer le monde que nous créons en nous« , commence-t-il avant d’enchaîner sur notre capacité à tous de rêver et de nous encourager à le faire. Bien que le grand homme soit un habitué des expéditions lointaines, il invite à repenser nos choix de voyages : « Quand on en aura fini avec les restrictions liées à la crise sanitaire, nous voyagerons moins mais de manière plus qualitative. Nous privilégierons les endroits qui se trouvent autour de nous. Nous investirons de l’argent dans l’économie locale ». Il ne remet pas seulement le choix des destinations lointaines en question mais aussi nos manières de voyager : « Nous n’avons plus besoin de voyager avec des groupes d’inconnus, mais plutôt de le faire en famille, avec nos amis, et visons des expérience de qualité » ! Avant de conclure, il revient à la situation actuelle : « Ne voyez pas le côté sombre, soyez prêt pour la suite, prêt à vous investir car, en tant qu’être humains, nous sommes les seuls facteurs dominants du changement« .
Le durable doit être la norme
Lors des deux panels suivants l’intervention de Mike Horn, les intervenants arrivent aux mêmes conclusions : le durable ne doit plus seulement être une tendance mais doit devenir la norme. Gloria Guevara intervient de nouveau en mettant en garde les acteurs du tourisme qui ne seraient pas encore à la page : « Profitez de ce temps de crise pour vous former, proposer des offres écoresponsables« , propose-t-elle. « Il faut en effet écouter les nouvelles générations de voyageurs plus enclins à des expériences de tourisme durable », surenchérit Christian Delom.
Le tourisme est un privilège
A quelques minutes de la fin de la conférence virtuelle, Oliver Martin, membre partenaire du cabinet de consultants canadien Twenty 31, fait une remarque plus que pertinente : « On devrait d’abord se poser la question de savoir si le tourisme doit revenir. Et notre industrie n’a pas répondu à cette question. Du coup, c’est difficile de convaincre les gouvernements, les professionnels du tourisme et les voyageurs que le tourisme doit être de retour ! Avant le COVID, on disait que le tourisme était un droit, qu’il contribuait à la construction de la paix… Mais après 9 mois de crise, sans tourisme, le monde continue. Le tourisme n’est pas un droit, c’est un privilège et notre industrie doit croire à cet état de fait sinon les usagers et les communautés n’y croiront pas« . Une remise en question de la définition du tourisme qui fera sans doute réfléchir avant d’avancer dans les fameuses transformations suggérées. Une belle leçon à méditer avant le prochain meeting du forum A World For Travel prévu en mai 2021 en présentiel à Evora.
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Par Elisabeth Blanchet
Ancienne prof de maths, je me suis reconvertie dans le photo journalisme en 2003 à Londres où je vivais. J’ai travaillé pour différents magazines dont Time Out London et j’ai développé des projets à longs termes dont un sujet les préfabriqués d’après-guerre, une véritable obsession qui perdure, les Irish Travellers -nomades Irlandais- dans le monde, les orphelins de Ceausescu - je suis des jeunes qui ont grandi dans les orphelinats du dictateur depuis 25 ans -. Je voyage beaucoup et j’adore raconter des histoires en photo, avec des mots, en filmant, en enregistrant… Des histoires de lieux, de découvertes mais surtout de gens. Destinations de cœur : Royaume-Uni, Irlande, Laponie, Russie, Etats-Unis, Balkans, Irlande, Lewis & Harris Coup de cœur tourisme responsable : Caravan, le Tiny House Hotel de Portland, Oregon – Mon livre de voyage : L’Usage du Monde de Nicolas Bouvier – Le livre que je ne prends jamais en voyage : L’oeuvre complète de Proust à cause du poids – Une petite phrase qui parle à mon cœur de voyageur : « Home is where you park it »
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