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Virée mythique au Costa Rica, le pays durable de la « Pura Vida »

| Publié le 16 avril 2015
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Le Costa Rica, “pays aux habitants les plus heureux du monde”, “la petite Suisse d’Amérique Latine”, « la Mecque de l’écotourisme”, « la nation sans armée” collectionne les qualificatifs sans rougir. Et pour cause, une des démocraties les plus stables d’Amérique Latine, un pays ou l’on valorise plus l’éducation, la préservation de l’environnement et la santé publique que l’armée ou le développement du PIB, 25% de son territoire classé en aires naturelles protégées, 5 % de la biodiversité de la planète, leader mondial incontesté du tourisme durable, une expression populaire qui résume son état d’esprit: Pura vida ! « Nature, paix, bonheur » en trois mots, tout est dit.

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De virée dans ce paradis vert pour assister à la tournée académique de fin du Master en Gestion du Tourisme Durable de la UCI (le plus ancien d’Amérique latine) que je poursuis depuis 2 ans, je jubile d’impatience de découvrir le programme concocté pour ses étudiants.

P1130052Je commence ma tournée par l’Université de la Coopération Internationale (UCI), une institution pionnière depuis 20 ans dans le domaine de l’enseignement du développement durable, basée à San José, la capitale. Sa mission : co-créer des solutions éducatives et de coopération qui contribuent à la construction d’une société intelligente dotée d’une éthique universelle, au travers d’alliances participatives, responsables et solidaires.

Un modèle d’avant-garde basé sur l’éducation par compétence, les TICS, des espaces d’apprentissage dynamique, des modalités de titularisation internationale, un corps professoral de renom, des formats d’enseignement innovants virtuels ou présenciels…l’éducation du futur, sans aucun doute. Plus de 3000 diplômés originaires de 54 pays donnent la dimension internationale de ce centre d’études cosmopolite. Une université qui se veut intelligente, virtuelle, compétente, stratégique, connectée, diverse, flexible, positive et mondiale.
10500285_10154134361672925_1034742028146634315_nNotre groupe en est le reflet: 12 étudiants, 8 pays : Mexique, Colombie, Costa Rica, Chili, Bolivie, Nouvelle-Zélande, Argentine, France. Une chilienne vit en Nouvelle-Zélande, une bolivienne aux Etats-Unis, un français au Mexique…
Au sein de la UCI, tout est pensé en faveur de l’environnement: poubelles de tri sélectif, signalétique visuelle pour encourager l’économie d’énergie, bac à compost, wc économes en eau, murs verts, jardín et étang forment une harmonieuse ambiance « Développement Durable ».P1120690

Le Directeur argentin du Master Fabián Román -un petit air de Nicolas Hulot-, également co-fondateur de l’ITSALyC (Instituto de Turismo Sostenible para América Latina y el Caribe), nous reçoit chaleureusement. Suit le Recteur de la UCI, Edward Müller, qui nous donne une conférence thématique sur “tourisme et changement climatique”, soulignant que nous aurions besoin d’une demi- planète supplémentaire pour maintenir notre niveau de vie actuel dû à l’alarmante baisse de biocapacité (Capacité d’un pays à maintenir ses écosystèmes) de nos pays. Selon lui, la perte de la biodiversité est le plus grand défi actuel à relever, de là l’urgence de conserver les paysages, les écosystèmes et les espèces animales comme végétales. Il termine sur les tendances du tourisme à venir: la recherche d’expériences authentiques, de culture vivante, d’observation de la biodiversité et…de solitude. L’Homme, face à lui et à Dame Nature.

P1120711Toujours à San José, nous visitons ensuite Cooprena, un groupe coopératif spécialisé dans le développement du tourisme rural communautaire qui travaille avec 26 organisations sociales de tout le pays, en leur fournissant des services d’assistance technique, de financement, de marketing et de comercialisation à travers son agence Simbiosis tours. Leur publication “Costa Rica authentique, le guide du tourisme rural communautaire” me fait rêver, je pense à tous ces pays qui manquent cruellement de ce type d’outil pour valoriser ce segment si porteur du tourisme durable. 1300 touristes, majoritairement européens “baby-boomers”, visitent mensuellement les structures afiliées à cette dynamique organisation. Bel impact pour les communautés rurales du Costa Rica.

P1120724Cap vers le Volcan Poas qui abrite le Parque National le plus visité du Costa Rica avec plus de 300, 000 visiteurs annuels, et parfois des pics de fréquentation à 3,500 les fins de semaine. Nommé Réserve de la Biosphère en 1988, il fait partie d’une des 166 aires naturelles sylvestres du pays. S’y déroulent, outre l’écotourisme, des activités de recherche et d’éducation environnementale. Des sentiers très bien équipés nous emmènent rapidement aux abords du cratère situé à une altitude de 2708 m, le second le plus important au monde pour son diamètre (1320m). Ronald Jímenez, le Chargé du programme de volontariat nous donne une conférence dans le Centre d’interprétation du Parc sur les caractéristiques du Volcan Poas. Le trafic d’espèces sylvestres, les accès illégaux, la difficile insertion des communautés locales, le manque de personnel représentent les principaux défis du Parc.

10980189_10155165630130543_3564407403694389044_oLa visite suivante fut celle de la Finca Rosa Blanca, le premier écolodge construit au Costa Rica il y a une vingtaine d’années par la famille de Glenn Jampol, un des pionniers de l’écotourisme du pays, sur ce que fut initialement un terrain de moto-cross ! Le travail assidu de ses propriétaires au cours des années l’a finalement transformé en un magnifique jardin d’eden tropical et en une réalisation architecturale digne d’une oeuvre de Gaudi. Pionnière dans l’eco-hotellerie de luxe, la Finca Rosa Blanca a également une plantation de café bio qui peut se parcourir à pied pour s’initier aux subtilités de sa culture. Un “barrista-maison” anime, à la demande des clients, des sessions de dégustation de café. Très avancée sur les questions de tourisme durable, la Finca Rosa Blanca détient la certification maximale de l’Institut Costaricien du Tourisme en la matière: 5 Feuilles. Danina, la chargée de ce thème nous donne un tour pédagogique au cours duquel nous observons ces engagements concrets: panneaux solaires, système de nettoyage d’eau de la piscine par ionisation, potager bio qui alimente la cuisine du restaurant, tri des déchets, décoration intérieure et extérieure réalisée par des peintres locaux, soutien à une école publique voisine, organisation de nombreuses activités écotouristiques… les résultats sont palpables.
P1120733Le lendemain, retour dans les salles de cours de l’UCI où chacun des étudiants présente son pays sous l’angle du tourisme durable. Moment fort instructif agrémenté d’une démonstration…de classe de tango argentin par le Directeur du Master, Fabián Román. La consultante Alejandra Cuña, professeur du cours du « Diseño de productos en Turismo Sostenible » nous présente le fameux modèle de certification du tourisme durable de l’ICT, l’Institut Costaricien du Tourisme: le Certificat pour la Soutenabilité Touristique (CST). cst1Projet initialement porté par des biologistes, lancé officiellement en 1997, il marqua une véritable innovation en son temps comme instrument de mesure et de certification du secteur touristique en matière de soutenabilité. Aujourd’hui ce système unique au monde peut évaluer et certifier hotels, tour opérateurs, restaurants, agences de location d’autos et parcs thématiques. Les entreprises certifiées sont listées sur le site internet du CST facilitant leur identification par les touristes. Avantage en or pour les candidats : la procédure d’audit est gratuite et assurée par le personnel fonctionnaire de l’ICT. On croit rêver. Reflet d’une ferme volonté politique en faveur d’une avancée tangible du tourisme durable. Moyens, acte concret, résultats, point barre ! Combien de pays en sont encore aux discours pompeux et creux ?

P1120789Pour l’étape suivante, nous partons vers le Volcan Arenal pour découvrir un cas d’entreprenariat original de tourisme durable, nous avait-on prévenu. Au bord d’un chemin de terre, un panneau en bois indique : “Rancho Margot, self sufficient organic ranch”. Le ton est donné. Arrivés au milieu de nulle part, nous avons l’impression P1120817d’être dans un décor du film du Seigneur des Anneaux. La nature est abondante et luxuriante. Vue magnifique sur le volcan et la forêt primaire. Des sources d’eau naturelle jaillissent de la terre. Les toits des édifices sont recouverts de végétation. Le Rancho Margot se trouve au milieu d’un magnifique terrain boisé de 400 hectares au sein de la Réserve de la Biosphère Eau et Paix de l’Unesco. Nom évocateur, n’est-ce pas ?

Leandro, un jeune guide “tico” nous attend pour nous faire faire un tour de la propriété. Il commence par P1120796nous raconter les origines de cet étonnant endroit. Il y a quelques années, Juan Sostheim, un chilien ayant eu une carrière d’entrepreneur dans les domaines de la chimie, des produits de nettoyage et de l’agriculture souffre à la quarantaine d’un malaise cardiaque. Il remet tout en cause et décide de donner un virage a 180º dans sa vie. A la recherche d’un autre style de vie, il voyage au Costa Rica avec sa famille pour se changer les idées. Lors d’une visite de la Réserve biologique de Monteverde, il est fasciné par les efforts de conservation de cette forêt qui abrite 2,5% de la biodiversité mondiale. Il tombe rapidement amoureux d’un grand terrain aux abords du lac Arenal qu’il achète pour réaliser…un vieux rêve de jeunesse.

P1120847Le concept: une ferme intégrée avec un projet en constant mouvement vers la soutenabilité. La vision: Arriver à créer un environnement de petites entreprises interdépendantes pour rendre un village autosuffisant. Le résultat : une ferme bio, un écolodge et…une université vivante. Le cercle est incroyablement vertueux. 90% de ce que produit la ferme est consommé par le personnel et les hôtes de l’éco lodge. Les meubles et cabanes ont été construits sur place avec du bois local de récupération. L’électricité est produite grâce à des turbines
P1120861hydroeléctriques alimentées par l’énergie des cours d’eau qui traversent la propriété, le gaz méthane utilisé pour la cuisine provient d’un biodigesteur qui fonctionne par anaérobie avec les eaux usées des porcheries. L’huile de la cuisine sert de matière première pour fabriquer le savon des hôtes, qui est ensuite recyclé en lessive pour la lavanderie. L’eau qui alimente la partie hébergement et la piscine est chauffée naturellement dans d’immenses tuyaux recouverts de tonnes de compost. Les produits laitiers proviennent des vaches P1120828de la ferme, la viande de l’élevage de porcs, les légumes et fruits des jardins potagers, cultivés de maniére biologique. Rancho Margot pratique un agriculture libre de substances chimiques. Le bétail est alimenté exclusivement de produits naturels. La maîtrise du “Just in time” permet de préparer jusqu’à 15,000 repas mensuels avec un seul réfrigérateur et un congélateur.

P1120821L’impact socio-économique est de taille avec plus de 50 emplois locaux, 12 000 hôtes, 2500 visiteurs et 60 000 repas servis annuellement. Rancho Margot possède une bibliothèque, paie des professeurs pour améliorer l’éducation de ses employés et construit une école. Côté activités touristiques, Rancho Margot propose des visites guidées de ses installations pour démontrer la soutenabilité de ses actions, des excursions à cheval et en kayak sur le lac Arenal, de nombreuses randonnées dans les environs. Côte santé, son environnement relaxant offre également des activités de bien-être comme le yoga, les massages, la méditation, la médecine naturelle. Côté culture, des musiciens nationaux sont régulièrement invités pour animer les soirées, un artisan local élabore sous les yeux des visiteurs des céramiques de style Chorotega.

P1120880Les efforts de Rancho Margot lui ont permis d’obtenir le Certificat de Soutenabilité Touristique de plus haut niveau, tout comme le certificat d’excellence de Trip Advisor et la reconnaissance “Best Place to stay” du fameux guide Lonely Planet.  Cerise sur le gâteau, Rancho Margot a été la première entreprise du Costa Rica à être évaluée « carbone négatif« , absorbant plus de C02 que n’en génère son activité ! Electricité propre, système de chauffage d’eau par biomasse, compostage généralisé, biodigesteurs à gaz, transport minime pour l’approvisionnement, production de la plupart des aliments sur place figurent parmi les bonnes pratiques soutenables qui contribuent à cette prouesse.

Oui, comme me l’a confié un soir Juan Sostheim alors que je dégustais ses délicieuses pizzas au feu de bois, ”Le message de Rancho Margot, c’est qu’on peut faire les choses différemment”Et que ça marche !

P1130033Pour notre dernière visite, nous traversons de superbes paysages verdoyants avant d’arriver à la mythique réserve biologique de Monteverde située au Nord du pays. Créée dans les années 50 par une poignée d’américains appartenant à une communauté Quaker ayant décidé de déserter l’armée, Monteverde est devenu un exemple mondial de préservation de forêt tropicale P1120933humide et de “cluster” écotouristique. Sur une surface de 10500 hectares sont recensés plus de 3021 espèces de plantes, 755 types d’arbres, 400 espèces d’oiseaux, 120 espèces de reptiles et des milliers d’insectes. Un vrai paradis vert qui représente 2,5 % de la biodiversité mondiale. Destination écotouristique par excellence, la réserve reçoit environ 75000 visiteurs par an, majoritairement étrangers. Nous restons dans l’auberge du “Centro científico tropical”, crée en 1962 pour faciliter les études scientifiques.
P1130027Bien évidemment les installations ont le Certificat de Soutenabilité Touristique de l’ICT. Chauffe-eau solaire, poubelles de tri sélectif, traitement des eaux grises par microorganismes, ampoules basse consommation, régulateurs de débit d’eau dans les douches et lavabos, utilisation de produits biodégradables, plan de gestion des déchets solides et liquides sont quelques-unes des bonnes pratiques adoptées par l’auberge.

Je participe à une visite nocturne de la réserve, où munis de lampes frontales, nous partons découvrir la vie animale qui grouille dans l’obscurité.  Avançant à pas de loup, nous épions ainsi chauves-souris, grenouilles minuscules, gigantesques tarentules et discrets papillons de nuit, bercés par le son incessant des criquets et sauterelles qui résonne au profond de la forêt.
P1120964Le lendemain, nous sommes invités à une présentation du “Centro Científico Tropical” pour en connaître les origines et le fonctionnement. Seulement 2% du territoire de la réserve est ouvert au grand public. La capacité maximale d’accueil est de 200 personnes par jour. Quand elle est atteinte, la réserve ferme l’accès. 10 kms de sentiers banalisés parcourent la réserve afin d’en apprécier la faune et la flore endémique. Nous partons faire une petite randonnée dans la réserve, accompagnés par notre compagnon et guide costaricien Luis Alexander qui nous interprète merveilleusement bien la biodiversité locale. Depuis un pont suspendu au-dessus de la dense forêt, seul Andrés le colombien a pu apercevoir le mystérieux Quetzal, cet oiseau aux plumes de couleurs vives tant prisé par les « bird watchers ». A la sortie de la réserve, un drole de quadripède à la queue zébrée inspecte la qualité du tri sélectif dans le conteneur à poubelles. Au Costa Rica, « los Pizotes” sont les meilleurs gardiens du tourisme durable…

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———- AGENCE LOCALE PARTENAIRE DE VOYAGEONS-AUTREMENT———

Costa Rica Découverte est une agence de voyage française installée à San José, au Costa Rica.

Une Agence spécialisée dans l’organisation de voyages sur mesure, tournée vers l’écotourisme et le voyage responsable.


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Par Manuel Miroglio
Consultant-Formateur Spécialiste en Tourisme Responsable et Solidaire Co-fondateur du Cabinet conseil SPE Tourism Co-organisateur du 1er Forum National du Tourisme Responsable 2010 Co-organisateur du 1er Festival Partir Autrement 2008 Coproducteur et coréalisateur du documentaire "La Caravane solidaire en Afrique, sur la piste dun tourisme responsable" 2008 Membre du comité de sélection des Trophées du Tourisme Responsable de voyages-sncf.com 2009-2010 Membre associé de l'Association pour le Tourisme Equitable & Solidaire Membre du réseau Ecoturismogenuino.ning.com Membre du Réseau Archimède, acteurs du tourisme solidaire en Ile-de-France
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