Qu’est-ce-que le tourisme communautaire?
Lors de nos voyages à l’étranger l’argent que nous dépensons bénéficie-t-il vraiment aux populations des pays visités? Le tourisme communautaire, géré directement par les habitants, va dans ce sens! Baptiste Martin, étudiant passionné en tourisme et développement durable, a travaillé aux côtés Ernest Canada Mullor, coordinateur de Alba Sud (association hispanophone spécialisée dans la recherche et la communication pour le développement en Amérique Latine). Il nous partage le fruit de ses recherches et réflexions autour de la notion de tourisme communautaire.
Qu’est-ce-que le tourisme communautaire?
Baptiste: « Il s’agit d’une forme de tourisme qui a débuté dans les années 1970. Elle couvre des sphères telles que le développement économique, la durabilité, la justice sociale et l’indépendance. Le tourisme communautaire est un tourisme dans lequel les résidents locaux (souvent ruraux, pauvres et économiquement marginalisés) invitent les touristes à visiter leurs communautés en proposant des activités et/ou un hébergement à la nuit. »
Le tourisme communautaire est un tourisme organisé par et pour les communautés locales. Il peut revêtir différentes formes sur le terrain. Son équivalent en langue anglaise est le terme community-based tourism (CBT). Lorsqu’il est mis en oeuvre par des communautés à la culture ancestrale (Quechuas au Pérou, Mapuches au Chili, etc…), on utilise aussi parfois le terme indigenous tourism (tourisme autochtone). Une organisation internationale existe d’ailleurs depuis 2012, la World Indigenous Tourism Alliance (www.winta.org). On associe aussi le tourisme communautaire au tourisme solidaire, équitable, rural…
Exemples de tourisme communautaire
L’association québécoise Village Monde avec sa plateforme de réservation www.vaolo.com donne un important coup de pouce au développement et à la commercialisation du tourisme rural (souvent communautaire) à travers le monde.
En France, l’Association pour le Tourisme Equitable et Solidaire (ATES) rassemble des agences de voyage à but non lucratif qui s’inscrivent elles-aussi dans ce mouvement. Vous pourrez faire confiance au sérieux et à l’authenticité des séjours proposés sur leur site Internet.
Découvrez les courtes vidéos documentaires ci-dessous. Elles furent réalisées par Florie Thielin, membre du collectif de Voyageons-Autrement.com, lors de ces 2 ans à travers l’Amérique Latine. Toutes ces initiatives peuvent être considérées de tourisme communautaire. Vous verrez cependant qu’elles revêtissent de bien différentes formes:
- Pérou, Lac Titicaca, ASTURS: voir la vidéo
- Pérou, Andean Lodges: voir la vidéo
- Pérou, Cascade de Gocta: voir la vidéo
- Bolivie, TUSOCO: voir la vidéo
- Colombie, Posada La Joviseña (côte Pacifique): voir la vidéo
- Brésil, île Ilhabela, Bonete: voir la vidéo
- Paraguay, Réserve naturelle et lodge Mbaracayu: voir la vidéo
- Nicaragua, Hotel con corazon: voir la vidéo
- El Salvador, LARECOTURH: voir la vidéo
- Amazonie équatorienne, autour de la rivière Napo: voir la vidéo
*Activez les sous-titres sur Youtube en cliquant sur l’icône en bas à droite des vidéos. Désolé, ils ne sont parfois disponibles qu’en anglais… Contactez Florie si vous souhaitez l’aider à les ajouter en français!
Pour un développement durable du tourisme communautaire
Baptiste: « De plus en plus aujourd’hui les voyageurs commencent à choisir des agences de voyages ou des séjours responsables, des hôtels éco-labélisés, des restaurants proposant une cuisine biologique et locavore… Cette évolution de notre façon de consommer est déjà un grand pas en avant pour le secteur du tourisme et pour l’humanité en général. Cependant, je me demande encore pourquoi le tourisme communautaire ne semble pas vraiment tirer son épingle du jeu. Il me semble que l’on n’en parle pas autant que le tourisme social, inclusif, responsable ou encore durable.
L’un des plus grands obstacles au développement du tourisme communautaire me parait être la pénurie de ressources matérielles et non matérielles: connaissances dans le secteur du tourisme, langues, éducation, etc… Les problèmes rencontrés proviennent plus spécifiquement des méthodes et techniques utilisées pour sa mise en œuvre et sa commercialisation, mais aussi de si la communauté fut aidée ou non par une organisation extérieure. C’est notamment ce qui ressort des travaux de nombreux auteurs sur ce sujet, tels ceux d’Ernest Canada Mullor d’Alba Sud.
On observe aussi des dérives. En effet, dans certains pays où ce type de tourisme commence à se développer, certaines organisations externes sans scrupules (agences de voyages, entre autres) prennent simplement le contrôle des communautés et des populations. Les communautés locales font confiance à ces agences car elles leur promettent des clients. En réalité, ils ne sont pas intéressés par le développement d’un tourisme qui aide la population locale, mais plutôt par le profit financier qu’elles pourront en dégager. On peut alors se demander si, finalement, la population locale bénéficie réellement de ce type de tourisme…
Dans ce contexte, le gouvernement a un rôle important à jouer, qui consiste à assurer le fair-play et le soutien de la communauté dans ses relations avec des entités externes. Une responsabilité cruciale est indispensable pour le bon fonctionnement du tourisme communautaire.
Pour un développement durable d’un projet de tourisme communautaire, il faut trouver le bon équilibre entre les 3 piliers: économique, socio-culturel et environnemental. Mais surtout il doit être économiquement viable, géré de manière responsable et professionnelle, avec entre autres un réseau d’aide et d’experts, et ne pas générer de jalousies et conflits au sein de la communauté. »
———— EN SAVOIR PLUS ————
Consultez:
- les études menées par CBI (an anglais) : www.cbi.eu/market-information/tourism/community-based-tourism/community-based-tourism-europe
- le site Internet d’Alba Sud: www.albasud.org
- les travaux de l’étude de cas Bernarda Morales, Maison Las Mujeres Stibrawpa, Yorkín, Costa Rica; Étude des travaux du Dr. Andrea Giampiccoli et du Professeur Melville Saayman.
Baptiste Martin: « C’était l’un de mes premiers articles, j’espère que cela pourra vous intéresser et vous convaincre de l’importance du développement de ce type de tourisme. Je suis enthousiasmé par ma prochaine recherche et analyse sur le tourisme ! Bien sûr, je suis très ouvert à tous types de commentaires, n’hésitez pas à partager votre opinion sur ce projet en commentant ci-dessous ou simplement à me contacter sur LinkedIn.«
Par Florie Thielin
Florie Thielin fait partie du collectif de voyageurs-rédacteurs-journalistes de Voyageons-Autrement. Elle accompagne aussi des professionnels du tourisme dans leur stratégie marketing et digitale. Originaire d'un petit village dans la vallée de la Loire, elle vit aujourd'hui à Lyon. Elle a aussi vécu en Russie, Allemagne, Nouvelle Zélande et Espagne. Mais sa plus grande aventure fut en Amérique Latine où elle a sillonné les routes de 16 pays, de Cancun au Cap Horn, pendant près de deux ans. Elle troquait alors ses compétences en marketing pour le gite et le couvert, tout en réalisant des interviews-vidéos sur le tourisme plus responsable avec ses amis d'Hopineo. Elle a aussi mis à jour le guide de voyage du Petit Futé Nicaragua-Honduras-Salvador.
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