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Bonne Saint-Valentin et bon singlisme !

| Publié le 14 février 2023
Thèmatique :  Conseils   Ingénierie 
             

Le 14 février, c’est bien connu, c’est la fête des amoureux (difficile de passer à côté avec toutes les pubs et promos qui nous incitent à offrir des cadeaux à l’être aimé.e). Cette journée rappelle cependant aux personnes qui ne sont pas en couples, qu’elles sont seules ! Les célibataires souffrent de plus, de certaines discriminations, notamment des pressions sociales et des inégalités financières. Au sens de l’INSEE je suis en femme seule sans enfant (comme si j’avais raté ma vie), comme plus de 25 millions de français. Et dans le tourisme, on voit beaucoup d’offres structurées ou de séjours pour les familles, les couples, les groupes, … En les voyageurs solo dans tout ça ?

Qui sont ces célibataires ?

Un célibataire est une personne en âge de se marier et que ne l’est pas (Larousse). Sont pris en compte dans cette tranche : veufs, divorcés, couples non mariés (pacsés, concubins) ainsi que les « vrais célib » c’est-à-dire les personnes seules qui ne sont pas en couple. Il va concerner toutes les catégories socio-professionnelles et est principalement urbain (1 parisien sur 2 est célibataire). Selon les revenus, on distingue plusieurs typologies de célibataire : fauché débrouillard (étudiant), famille monoparentale avec revenu modeste (voire précarité financière), citadin branché et hyperactif avec un revenu élevé ou encore le pré-retraité – sénior avec un revenu en diminution.

Selon leur style de vie, on distingue plusieurs catégories de célibataire : city campus (18-25 ans : revenu modeste, profil urbain), éco single (18-24 ans : revenu moyen vivant en zone rural, profil employé et attention au budget), single branché (18-34 ans : profil urbain, jeune cadre), city single (35-49 ans : aisé citadin profil épicurien), primary needs (35-49 ans : femme avec enfants à charge), classic solo (50-64 ans : aisé, urbain, profil cadre moyen / enseignant / fonctionnaire), éco solo (50-64 ans : classe moyenne inférieure), dynamic solo (50-64 ans : adulte seul avec de grands enfants qui ne vivent plus dans le foyer familial), papy & mamy tonic ou infatigable (plus de 65 ans : CSP aisée), papy & mamy cabas (plus de 65 ans : retraite modeste).

Discriminations « singlistes »

De manière générale, les célibataires sont adeptes des voyages, de sport, d’activités bien-être et culturelles. Le cœur de cible qui tend à grandir, reste le trentenaire « aisé » sans contrainte familiale et assis professionnellement, cible qui assume pleinement son statut et qui est souvent précurseur de nouvelles tendances. Il s’agit donc d’un marché porteur. Selon une étude IPSOS, le célibataire est hédoniste, ouvert, appréciant les nouvelles expériences et impulsif dans ses achats.

SINK : quésako ?

Rien à voir avec l’évier (« sink ») mais S.I.N.K. pour « single income no kids » en référence aux DINK (double income no kids).

Les DINK sont des couples sans enfant avec un revenu plus élevé. Il s’agit de couples très actifs, qui ont la soif de découverte. Ils privilégient les équipements de qualité voire haut de gamme et sont adeptes des courts séjours réguliers. Ils pratiquent des activités diverses (sportives, culturelles, artistiques, militantes) et ont souvent des achats coup de cœur, quitte à casser leur tirelire.

Les SINK sont l’équivalent DINK version solo : ils ont fait le choix (pour le moment) de ne pas avoir d’enfant et privilégient leur carrière et vie professionnelle, sans obligation familiale. Indépendance financière, et liberté de certaines contraintes, les SINK peuvent se concentrer entièrement sur eux-mêmes et leur entourage, sans tomber dans un égoïsme de ne pas vouloir d’enfants (c’est un choix assumé). Ils vont être pleinement autonomes sur le plan économique et travaillent beaucoup.

On parle principalement de SINK pour les femmes. Le terme est défini comme « une femme urbaine avec un seul revenu et sans enfant ». (Urban Dictionnary, 2008). La SINK peut appartenir ou non à une classe privilégiée, son éducation et son emploi lui donnent une image plus claire de l’endroit où elle veut aller. Elle occupe un emploi à temps plein qui ne la satisfait pas nécessairement sur le plan artistique, mais elle sait que la responsabilité signifie souvent faire quelque chose pour le moment.

Le SINK ne doit pas être confondu avec un hipster. Et quand on tire encore plus loin le fil, on entend de plus en plus parler des « self-partenerd », c’est-à-dire en couple avec moi-même, expression médiatisée grâce à Emma Watson, féministe dans l’âme.

De vieille fille à célibattante : seule, sans enfant mais libre !!

Les célibataires et majoritairement les femmes souffrent du cliché de la « vielle fille », expression évoquant qu’une célibataire n’a pas réussi à trouver un mari, qui vit avec ses chats et avec un physique ingrat. Mais ce célibat est peut-être choisi et libérateur de la charge mentale de trouver sa moitié (la fameuse théorie de l’escalator : se « caser », devenir propriétaire et se reproduire). Les femmes célibataires sont traitées par la société avec une certaine forme de dédain, alors qu’il ne s’agit plus aujourd’hui d’un échec mais d’un choix de ces femmes « contemporaines et modernes » (ce qui ne veut pas dire qu’une personne en couple de l’est pas). Non, la célibataire n’est pas particulièrement égoïste, aigrie, négligée ou frigide (exemple de la pauvre Bridget Jones qui se goinfre de crème glacée en chantant Céline Dion parce qu’elle est seule). L’autrice Marie Kock, dans son ouvrage « Vieille Fille » nous parle de « date de péremption des femmes » (horloge biologique quand tu nous tiens !), ou des clichés de la femme célib ultra carriériste (se rapprochant des comportements virilistes masculins). Il faut juste voir qu’une personne célibataire l’a peut-être voulu et que le célibat n’est pas définitif.  La vieille fille pour reprendre l’autrice est « le contre-exemple de la méritocratie relationnelle », car on va considérer qu’elle n’aura pas fait d’effort pour sortir de son célibat, contrairement à un vieux garçon qui sera seul plutôt par timidité.

(Source : Getty Image – Saul Herrerra)

Je vous invite de plus à lire « Sorcières » de Mona Chollet qui va encore plus loin sur le regard et le jugement que porte la société sur les femmes seules et sans enfant. Le célibat c’est « juste » un nouveau mode de vie, une forme de courage, du temps et une liberté supplémentaire, où l’on assume de dire « fuck » aux bonnes convenances sociétales.

Discriminations envers les célibataires : le singlisme

Le célibat n’est pas un fardeau (c’est plutôt un luxe de faire ses propres choix) malgré la pression sociale d’être seul.e. Outre cette injonction, le célibat coûte cher, car on paie tout, tout.e seul.e : chambre d’hôtel sans tarif single, montant des impôts malgré une contribution fiscale importante des personnes seules (tranche haute d’imposition), difficile accès à un logement ou à un prêt bancaire. On parle alors de “singlisme”, c’est-à-dire des discriminations des célibataires. Allant du regard condescendant de vos proches ou inégalités financières, le singlisme est bien présent dans notre société « moderne ». Le terme est inventé par la psychologue Bella DePaulo qu’elle définit comme « la stigmatisation des adultes célibataires, incluant les stéréotypes négatifs sur les célibataires et la discrimination envers ceux-ci ». Elle assure de plus qu’il existe plusieurs lois et dispositifs qui bénéficient uniquement aux personnes (légalement) mariées. Même si une majorité de célibataires vivent heureux, les stéréotypes persistent. La chercheuse rappelle qu’il ne faut pas enfermer une personne dans son statut amoureux. On évite donc la pitié envers son pote Jules, juste parce qu’il est seul et encore moins de chercher à tout prix à lui arranger un rencard avec une autre personne célibataire. Tout le monde peut être victime de singlisme (homme, femme, homo / hétéro, …).

Du singlisme touristique …. aux vacances en solo « adaptées »

Le tourisme se doit d’être inclusif, surtout quand la majorité des acteurs touristiques se mettent au durable (ah le social, parent pauvre du tourisme, toujours et encore !!). Certaines personnes seules n’osent pas partir en voyage, justement parce qu’elles sont seules (peur de tenir la chandelle en partant en vacances avec d’autres couples, freins financiers, …). Les séjours sont globalement peu adaptés à nos SINK.

Source UCPA

« La notion de voyage en solitaire peut avoir quelque chose d’intimidant lorsque l’on ne s’y est jamais essayé. Surtout, cela soulève de nombreuses questions : vais-je être en sécurité ? Quel itinéraire suivre ? Qui va bien pouvoir me prendre en photo pendant que je regarde l’horizon d’un air songeur au milieu d’un panorama à couper le souffle ? ». (Lonely Planet).

Malgré une pluralité d’opérateurs de voyages qui proposent des offres solos, peu sont vraiment adaptées au public des célibataires, tant sur la proposition des activités durant le séjour que sur le tarif proposé (double peine pour le célib : il part seul et paie plus cher que les autres parce qu’il est seul). On met le backpacker ou autostoppeur dans le même panier que la personne qui recherche farniente, détente et confort. Certains chercherons à faire des rencontres (amicales et plus si affinités) et d’autres d’être peinards et se retrouver avec soi-même. Mettez-vous à la place d’eux (la fameuse carte de l’empathie utilisée en design thinking). Pour designer son offre de voyageur solo, jouez la carte de la liberté. Travaillez de plus sur des offres en last minute, le célib veut pouvoir partir sur un coup de tête, à l’improviste. Enfin, justifier le prix de la prestation (pourquoi payer une chambre twin ?) pour éviter l’effet vache à lait discriminant du touriste solo. J’ai vu pas mal de suggestions de voyages solo (Voyageurs du Monde, Lonely Planet ou encore Partirseul.com) mais je n’ai pas vu de grandes différences avec les offres duo ou groupe (hormis le prix). Si votre territoire de destination est plutôt positionné séniors ou familles, cette cible des célibataires n’est peut-être pas prioritaire.

Quelques exemples de séjours « adaptés » aux solos :

  • Le positionnement « bande de potes » de l’UCPA, réputée comme le « Tinder des vacances ». Le groupe propose des offres permettant de tisser son réseau social en vrai (et non pas derrière un écran) et axées sur la pratique d’activités sportives et récréatives / bien-être.
  • La stratégie différenciatrice Cpournous, agence de voyage dédiée aux solos « modernes, exigeants et actifs » qui proposent différentes offres adaptées (soirée, voyage, sortie, club type chat) et segmentées par catégories d’âge et d’intérêt, le tout dans une ambiance amicale.

A vous de créer de nouvelles opportunités pour structurer et adapter vos offres à la cible solo.

Pour aller plus loin


Bonne Saint-Valentin et bon singlisme ! | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Caroline Le Roy
Bretonne et fière de l'être, j'ai toujours été sensible aux enjeux du développement durable tant dans mon bénévolat associatif que sur mon rapport à la nature. J'ai pu évoluer dans le réseau des parcs naturels régionaux où j'ai eu la chance d'accompagner des acteurs touristiques du changement. Ma sensibilité a rapidement évolué en engagement puis en militantisme. Mon défi professionnel est de développer un tourisme respectueux de la planète et des hommes grâce à l'accompagnement et le conseil aux professionnels sur les nouvelles tendances touristiques et sur les attentes des clientèles toujours plus exigeantes. Enfin je souhaite faire prendre conscience d'une conciliation possible entre transition environnementale et besoin client appliquée au tourisme et au quotidien. Je suis actuellement en préparation d'une thèse doctorale sur le vaste (mais non moins passionnant) sujet de la performance environnementale du tourisme.
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