Quand les campings se mettent au vert !
Après les hôtels, les restaurants, les spas, c’est au tour des campings de réaliser leur transition écologique. Dans l’Hérault, sous l’impulsion du département, 13 campings ont choisi d’afficher des étiquettes permettant aux clients d’identifier l’impact environnemental de leur activité en mesurant différents critères sur une échelle de A à E. Objectif, créer un référentiel national pour entrainer l’ensemble du secteur et sensibiliser toujours plus la clientèle à la préservation de nos ressources.

Les campings de l’Hérault : laboratoire de l’affichage environnemental
Dans l’Hérault, un travail de fond est en cours depuis 2019 grâce au travail conjoint de la Fédération de l’Hôtellerie de Plein Air (FHPA) Languedoc-Roussillon, d’Hérault Tourisme, de l’ADEME et sous la houlette du bureau d’études Betterfly Tourism. Un panel de 13 campings a ainsi été identifié, représentatif de la diversité des établissements présents dans le département : petit camping familial, camping d’envergure des grands groupes, littoral, arrière-pays…. Marie Doray (Betterfly) : « C’est la première fois que nous auditons des campings. Les premiers audits, réalisés d’avril à septembre 2019, nous ont permis de mesurer leur impact environnemental. Nous avons ensuite transmis un plan d’action à chaque structure, que nous suivons sur trois ans. L’an prochain, nous mettrons à jour leur étiquette. » Cette dernière affiche des notes de A à E sur différents pôles (eau, énergie, déchets, etc.) et s’obtient par la prise en compte, via un logiciel, des factures d’énergie, d’eau, des achats de produits d’entretien, des déchets générés, etc. Marie Doray : « Parmi les impacts les plus conséquents, il y a un gros chantier sur l’eau. Beaucoup d’établissements sont reliés à une nappe phréatique, la nappe Astienne, qui présente un risque de pénurie si on pompe trop sur la ressource. En outre, la proximité du littoral présente le risque que l’eau de mer se mélange à l’eau douce (…). » Cet enjeu autour de l’eau est d’autant plus prégnant que l’Hérault compte 248 campings, trois fois plus que la moyenne nationale, dont beaucoup situés sur le littoral. Cette première expérimentation a aussi pour objectif de créer un référentiel à visée national.

Les trois R
Pour l’heure, l’analyse de l’impact environnemental sur les différents campings a permis de déterminer des leviers d’action avec des solutions de bon sens qui s’apparentent à la stratégie classique des trois R : Réduire, Réutiliser, Recycler. Dans le cas concret de la ressource en eau avec des campings excentrés souvent difficiles à relier au réseau d’eau classique, les solutions s’avèrent être un mixte entre des mesures sur site, des consommations moindres via par exemple l’utilisation de réducteurs de débit et une meilleure gestion à l’image des piscines (les parcs aquatiques consomment beaucoup d’eau) avec la réutilisation des eaux grises traitées sur site. Marie Doray : « Parmi les campings sur lesquels nous travaillons, nous avons des notes de A à E, sachant qu’un emplacement nu (tente) est beaucoup moins gourmand en énergie que le locatif ou que les gros campings comprenant aussi en leur sein des bars, restaurants, épiceries. Forcément, plus on monte en gamme, plus l’impact est important. » L’étiquette environnementale est également un outil idéal pour sensibiliser les clients, véritable outil d’information à visée « citoyenne ». Marie Doray : « Il faut en finir avec les mobil home où la climatisation marche à fond, fenêtres ouvertes, pendant que les clients prennent l’apéritif sur la terrasse. » En ce sens, des kits de communication seront proposés aux campings en lien avec les services communication du département, afin de les aider à faire passer des messages sur l’eau, l’énergie, le tri des déchets, le respect des ressources, etc.
Tout un panel de solutions
Dans cinq ans, cet étiquetage sera intégré à la réglementation et donc obligatoire, ce qui illustre tout l’importance de ce référentiel à l’étude qui sera ensuite examiné et validé par l’ADEME. Un travail en cours qui peut inspirer d’autres réseaux, à l’image de ResaSol, qui commercialise plus d’une centaine de campings partout en France (essentiellement dans le sud et sud ouest) avec une forte proportion de campings en bord de mer et une majorité d’établissement classés trois à cinq étoiles, comptant donc de nombreux services et doté souvent de piscines ou de parcs aquatiques. D’ores et déjà, trois campings du réseau ont fait le choix de se labéliser clef verte, une autre solution efficace pour maitriser ses consommations d’eau et d’énergie. Nathalie Bel Baussant (label Clef Verte) : « Au sein de notre réseau, nous avons 227 campings labellisés dont trois dans les Landes faisant partie du réseau Résasol et neuf dans les Landes. »

Sur le front de l’affichage environnemental, le groupe Maeva a également rejoint Betterfly pour mettre en place l’étiquette dans l’ensemble de ses campings. En outre, l’expérimentation à partir des 13 campings audités se poursuit dans l’Hérault. En juillet dernier, un premier document a permis d’identifier sept critères qui vont au-delà des quatre critères classiques et serviront pour le référentiel. Dans le futur, les campings souhaitant réaliser leur transition écologique devront tenir compte de leur consommation d’eau sur site et en cycle de vie, de la consommation d’énergies, de l’épuisement des ressources, de la quantité de déchets produits, de leur impact sur le changement climatique, des coûts, et de la quantité de produits biologique et écolabélisés utilisés. L’hôtellerie de plein air a donc dorénavant tout un panel d’outils et de solution (Affichage, Clé Verte, Ecolabel européen, etc.) pour réussir sa transition et entrainer l’ensemble d’un secteur dans son sillage.
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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