Rencontre avec Stéphane Amiel, gérant du refuge des Estagnous
Article Co-écrit par Alphée Adimi et Geneviève Clastres
Gérant du refuge des Estagnous, Stéphane Amiel a un parcours atypique. A l’image de David Descoins, il a lui aussi participé à l’aventure du label qualité Outdoor. Il nous offre un autre regard sur ce projet qui a été largement évoqué lors du séminaire de clôture du projet Res’Pir.

Stéphane Amiel, refuge des Estagnous@DR
VA/ Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
J’ai exercé le métier d’infirmier libéral en montagne pendant six ans et en parallèle, j’étais accompagnateur en montagne. L’opportunité s’est présentée un jour de reprendre la gérance du refuge des Estagnous, situé dans le Couserans, la partie ouest de l’Ariège. Nous sommes deux gérants au refuge, mon associé Laurent Triolet et moi même. Ce refuge ne fonctionnant que l’été (de mi-juin à mi-octobre), j’ai développé une activité touristique d’accompagnement en montagne pour la saison hivernale. J’exerce maintenant toute l’année. L’été, je suis au refuge. Je consacre l’automne et le printemps aux séjours à pied ou en vtt dans les Pyrénées françaises et espagnoles , également dans la Drôme, l’Herault, la Corse, les Baléares et le Maroc. Enfin, l’hiver, j’anime de la randonnée en raquettes. Je vais attaquer ma treizième saison au refuge.Par ailleurs, depuis deux ans, je suis référent pédagogique de la formation des gardiens de refuges dispensé à l’ISTHIA.
VA/ Comment vous êtes entré dans l’aventure Res’Pir et plus particulièrement dans la démarche Qualité Tourisme Outdoor ?
Je fais partie de l’aventure avec une double casquette, de par mon activité de gérant de refuge, mais aussi de par mon activité d’accompagnateur en montagne puisque je fais partie du bureau des guides ariégeois (qui participe également à la démarche qualité Outdoor). Je suis dans le projet Res’Pir depuis le début. Tout a commencé en 2006, au Salon de la Randonnée à Paris, lorsqu’avec Caroline Bayard (ADT Ariège Pyrénées), nous avons rencontré des professionnels de la randonnée et de l’écotourisme québécois. Nous avons beaucoup échangé sur leur expérience et leur structure (plus privée) et leur retour était très intéressant. Ce qui m’a intéressé dans cette démarche, c’est le fait de se regrouper pour être plus fort. Le volet communication m’intéresse également. Je souhaite que les professionnels du tourisme ariègeois aient une place plus forte et que l’Ariège ait une image active à ce niveau-là. On peut mieux communiquer si on possède un outil de travail performant, ce qui est le cas de la démarche qualité.
VA/ Comment s’est déroulée la mise en place du label Qualité Outdoor dans votre structure?
Il y a eu les audits blancs et le client mystère et, comme tout le monde, je pensais que je faisais du bon travail. Au final, on se rend compte qu’il y a des choses que l’on ne fait pas assez. On est concentré sur la prestation. En tant qu’hébergeur, c’est l’accueil, la propreté des lieux et la restauration qui comptent. Mais à côté de cela, il faut avoir une bonne visibilité sur internet, être présent au téléphone, travailler sur la gestion environnementale. La démarche m’a permis d’avoir une vision plus globale. Les échéances dans le temps m’ont également beaucoup aidé. Les audits, par exemple, nous obligent à faire certaines choses qu’on aurait tendance à laisser de côté.
VA/ Quels sont les principaux arguments pour commercialiser l’offre touristique « qualité tourisme actif durable » ?
Il y a sans aucun doute la mise en réseau. J’ai fait beaucoup de salons à Paris, pour la promotion du refuge, mais cela ne correspondait pas à la demande. Le fait d’être plusieurs et de proposer des prestations différentes est un plus. Aujourd’hui, on propose une destination plutôt qu’une activité. On met en avant l’Ariège comme une destination d’activités de pleine nature. On n’a pas l’emplacement le plus facile, ni la montagne la plus haute, mais on peut proposer un supplément d’âme. L’autre argument, c’est de ne pas vouloir faire un tourisme à tout prix, il faut qu’il y ait une qualité derrière. Cette dernière passe aussi par des rapports humains, par des tarifs corrects… Tout le monde doit y trouver son compte. Attention, cela ne veut pas dire qu’on cherche à sélectionner notre clientèle, on veut plutôt avoir des touristes qui nous ressemblent.

Stéphane Amiel présentant le refuge@DR
VA/ Créer une offre touristique durable «Activités de pleine nature dans l’espace pyrénéen transfrontalier », tel est l’objectif de Res’Pir. A votre avis, celui-ci est-il atteint ?
L’offre existe déjà, mais elle n’était pas assez structurée. Avec le projet Res’Pir, elle correspond plus au schéma de développement touristique de l’Ariège. Nous pouvons même influer sur ce futur schéma et faire évoluer notre offre afin de faire réfléchir les acteurs publics à notre activité. Aujourd’hui, les acteurs du tourisme de pleine nature ont créé une association avec les soutiens financiers et logistiques de l’ADT. A mon avis, à moyen terme, il faudrait que l’on soit plus autonome de ce côté-là, cela nous permettrait d’être plus libre pour être aussi une force de proposition.
VA/ Quels sont les éléments sur lesquels il faudra être vigilant à l’avenir ?
Pour le moment, la confiance règne. A l’avenir, il faudra faire attention à ce que les nouveaux acteurs respectent bien les règles. Même s’il est souhaitable que nous soyons plus nombreux, ce n’est pas toujours si simple quand on est nombreux.
VA/ Quels sont vos projets pour pérenniser votre labellisation ?
J’ai des projets, mais n’étant pas propriétaire du refuge, il y a des aménagements que je ne pourrai pas faire. Par exemple, certains aménagements impliquant des coûts importants du fait de la position géographique du refuge. Je reste toutefois une force de proposition auprès de mon propriétaire. Et j’espère que l’association pourra à long terme me venir en appui.
———- ALLER PLUS LOIN ———-
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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