Sujet d’examen : La fast fashion
Et si on faisait l’école buissonnière ? Aujourd’hui, pas de sujet « voyage » au programme mais une réflexion sur la fast fashion. La quoi ? Mais oui, vous savez, ces sites et autres magasins peu recommandables qui nous incitent à renouveler régulièrement notre garde-robe au point de faire de l’habillement un produit jetable, jouant sur les rotations de vente et le renouvellement rapide des collections. Bref, du business, du bas de gamme, du peu cher mais à quel prix ? C’était d’ailleurs le sujet d’examen de tout un bataillon de Master 1 inscrit à la Green and Social business school de Boulogne….
Ventes privées et sites en ligne
Quand on réfléchit à la fast fashion, ou que l’on écoute les étudiants exposer un à un leur travail, on se dit que finalement, forcément, la fast fashion est à la mode ce que le low cost est au tourisme. Et d’ailleurs, certains sites mêlent les thématiques avec bonheur, à l’image de vente privée voyage qui vend autant des vêtements, des chaussures, des accessoires de mode, de la lingerie, de la maroquinerie, des bijoux que du bien-être ou du voyage, bref, un gloubi-boulga consumériste ou tout réside dans l’attractivité du prix, – 70% pour des marques, et autant de bonnes affaires que l’on vous fait miroiter pendant que de l’autre côté de la chaine, tout un pan de l’industrie textile tire la langue. On ne sera donc pas surpris qu’en ce jour d’examen, les étudiants s’en soit donnés à cœur joie pour citer les grandes marques du marché tout en tentant également de leur trouver quelques possibilités de rachat, des causes enjambées comme autant de pansement à l’âme quand le greenwashing ne suffit plus.
Et pendant ce temps…
Et pendant ce temps, dans notre cher Hexagone, les boutiques ferment, les unes après les autres. Nous ne pouvons ici les citer tant la raison du plus fort est toujours la meilleure mais il suffit de constater, de regarder ces centres-villes qui se vident peu à peu de leurs commerces, ces fameuses devantures aveugles aussi déprimantes que des arrosoirs. Il est loin ce samedi des années 1980 où de frétillantes bandes de jeunes gens filaient dans les villes moyennes courir la jambe et le pantalon. Et là, pas question de pointer une fois de plus le Covid, la baisse avait commencé bien avant, – 15% pour le marché de l’habillement dès 2019 d’après l’Observatoire économique de l’Institut français de la mode cité par l’excellent site informatif Novethic. Depuis les redressements judiciaires s’enchainent, les ados sont rivés à leurs écrans où les achats en ligne explosent, et en dépit des marques engagées qui tentent de mettre un peu de seconde main dans tout cela, les conséquences restent dramatiques pour tout un secteur qui doit toutefois aussi faire son mea-culpa. Quid du tournant numérique ? Quid du développement durable ? Trop souvent ignorés, ces révolutions des modes de consommation n’ont pas toujours été anticipé dans les enseignes traditionnelles.
Alors cet examen ?
Et les étudiants ? Ils en disent quoi de tout cela ? Hé bien des choses intéressantes. En ce jour d’examen, certains avaient choisi de présenter des marques engagées, à l’image de ce concepteur de baskets responsables, des chaussures à base d’huile de banane, de canne à sucre et d’écorces de riz (ce n’est pas une blague !) mais aussi de caoutchouc sauvage de plastique recyclé qui ont demandé des années de recherche à la marque, la première à avoir conçue des chaussures de course sans pétrole. Vous avez deviné ? Autre stratégie de nos futurs diplômés, dénoncer, et là, il y a de la matière. Allez, on vous laisser à nouveau chercher. Qui emploie de jeunes enfants, des prisonniers dans de véritables chaines de fabrication où les conditions de travail sont déplorables ? Ou plus récemment, qui soutient de jeunes athlètes dopés pour promouvoir sa marque ? Je suis sûre que vous avez trouvé. Et savez-vous qu’en sus, l’industrie textile occupe la deuxième place du podium des industries polluantes après le pétrole. Comme quoi pas besoin d’être dopé pour monter sur le podium, il suffit de générer 1,2 milliards de tonnes de C02 par an, davantage que les transports maritimes et aériens réunis (2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre) ! Je me demande finalement si je ne vais pas reprendre mes sujets de tourisme. Ce sera peut être un peu moins déprimant. Un peu….
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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