Juliette Costantini, Serial wwoofer des Amériques
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Le wwoofing est une forme de voyage par le volontariat qui séduit de plus en plus d’adeptes. Lancé en Angleterre en 1971, le mouvement du wwoofing (Willing Worker on Organic Farms) s’est progressivement étendu à une quarantaine de pays. Envie de faire un break dans sa vie, de découvrir le monde autrement, de sortir des sentiers battus, de s’immerger dans la réalité rurale des pays, de vivre des expériences interculturelles fortes, de s’initier aux écotechniques ou au jardinage bio, de voyager longtemps tout en optimisant son budget de voyageur…C’est un peu pour toutes ces raisons qu’un beau jour Juliette Costantini a pris son baluchon pour aller découvrir les Etats-Unis, le Canada et le Mexique en mode wwoofing. Témoignage à chaud d’une Serial wwoofer.
Comment est-né ce projet de voyage au long cours ?
J’avais une envie depuis plusieurs années en ayant eu un travail social très intéressant mais très prenant. J’avais toujours enchainé le travail et les études sans jamais connaître de moment de latence. J’avais appris que les québécois prenaient une année off pour voyager ou faire de l’humanitaire. Durant l’été 2011, j’ai rendu mon appartement, stocké mes affaires chez un cousin et mis le cap sur les Amériques.
Dans quel style as-tu décidé de faire ton voyage ?
J’ai voulu alterner des moments de voyages et de travail dans des fermes qui pratiquaient le wwoofing pour sortir des sentiers battus. Je voulais prendre le temps de vivre la vie locale et pouvoir rencontrer les habitants. J’ai prévu un budget de 600 euros par mois dédié essentiellement aux transports. J’ai voulu cette flexibilité pour choisir les endroits. J’ai ainsi alterné wwoofing, couchsurfing et hébergement chez des amis et de la famille dans trois pays: le Canada, les Etats-Unis et le Mexique.
Qu’as-tu apprécié dans tes expériences de wwoofing ?
Cela me faisait une pause dans le voyage pour me permettre de réfléchir à l’étape suivante et cela m’a permis d’acquérir de nouvelles compétences et connaissances. Au Canada dans une ferme bio sur l’île de Vancouver, j’ai participé à la récolte des fruits et des légumes.
J’ai ainsi appris à faire le tri, le contrôle qualité, la vente sur un marché local. J’ai passé trois semaines dans les montagnes de Catedral Lake park, dans l’éco lodge la plus haute du Canada. Je faisais du house keeping (ménage, préparation des chambres, aide-cuisinière et finalement cuisinière pour 40 personnes). Mon copain Aurélien, lui, coupait du bois avec un indien. Nous étions une équipe moitié volontaires, moitié salariés. J’ai apprécié car j’ai eu l’impression que les propriétaires n’utilisaient pas tant les volontaires comme main d’oeuvre. J’ai eu une réflexion éthique sur la place du volontariat. Il y avait tout de même un équilibre pour assurer la gestion du lieu.
Aux Etats-Unis, nous avons loué un van pour visiter les parcs nationaux de Washington, Oregon et Californie. Nous avons trouvé un ranch de cow boys hippies en Arizona. Les propriétaires avaient une trentaine de chevaux et étaient aussi chercheurs d’or. Avec eux, c’était surtout nous qui prenions les devants pour savoir comment les aider concrètement. Entretenir le campement, construire un poulailler, nourrir les chevaux, aider à faire la cuisine…nous faisions des activités au jour le jour, ce qui correspondait à leur style de vie.
Ce qui m’a marqué ? les personnalités rencontrées: le vieux cow boy de 80 ans qui monte à cheval, sa femme Betty, une ancienne maitresse d’école qui avait travaillé dans des réserves indiennes. Beaucoup de discussions et d’échanges culturels.
Au Mexique, je me suis rendu seule en Basse-Californie où j’ai vécu un mois au ranch La Venta, tenu par un couple d’américains très ouverts. Bob est chef de chantiers et Liz, sa femme, est guide équestre, peintre et excellente cuisinière. Ils vivent en autonomie totale : leur ranch fonctionne sans raccord au réseau d’eau, ni à celui d’électricité. Panneaux solaires pour l’électricité, pompe à eau fonctionnant à l’énergie solaire, potager et verger bio… ils produisent un excellent vin de mangue, du miel et du vin rouge.
Quant aux activités, ils proposent de belles ballades à cheval dans les alentours. Les hébergements sont d’accueillantes petites maisons individuelles. Ils ont construit une piscine en pleine nature avec le désert comme superbe cadre de vue.
Je me suis occupée de nourrir les chevaux, poules et moutons, de l’entretien du verger et du potager, des espaces verts. J’ai pris beaucoup de plaisir à dresser un cheval de 5 ans. De là, je suis allée admirer les baleines grises à Bahia Magdalena où elles vont accoucher et me suis rendu en train dans le spectaculaire canyon del Cobre dans l’état de Chihuahua où vit l’ethnie des Tarahumaras.
Comment était perçu ton rôle de volontaire ?
Avec les cow boys en Arizona, il y avait clairement une recherche de lien social avec les voyageurs. A l’écolodge au Canada, nous avions certes un rôle de main d’oeuvre mais j’ai beaucoup apprécié les échanges interculturels avec les autres volontaires, les propriétaires et les clients…cela mettait de l’épice dans l’ambiance !
Au Mexique, ce fut un mix entre les deux: travail et recherche d’interculturalité avec les volontaires.
Voyager en tant que femme seule au Mexique t’a t-il posé des soucis ?
Pas plus qu’en France. En respectant des règles de bon sens, je n’ai fait que des belles rencontres. Aucune situation risquée, j’ai fait du stop à plusieurs reprises.
Mes prochaines étapes : après Mexico city, voyage vers le sud, dans le Chiapas et le Yucatan où j’irai faire du wwoofing avant de rentrer en France, je l’espère, en bateau-stop !
Où as-tu utilisé le couchsurfing (réseau mondial d’hospitalité) ?
J’ai pratiqué le couchsurfing au Canada chez une dame d’une cinquantaine d’années qui revenait du Nepal…la deuxième fois, c’était à Zacatecas au Mexique où j’ai été logée chez une étudiante à qui j’ai appris à faire des crêpes. On m’avait indiqué qu’un groupe de couchsurfers se réunissait dans un bar…Un d’entre eux m’a servi de guide dans la ville. Des rencontres très sympas !
Quels enseignements t’a apporté ce voyage ?
A ce stade, le voyage m’a permis de prendre du recul sur ma vie professionnelle et m’a fait réaliser que je souhaitais réorienter mon travail avec les chevaux. En rentrant, je compte bien explorer les possibilités dans le monde du cheval.
Plus je voyage, malgré les différences culturelles, plus je m’aperçois que les liens d’humanité restent les mêmes. Nous sommes tous liés par un même socle d’humanité que l’on soit un américain de Basse-Californie, un Tarahumara ou un voyageur rencontré sur son chemin. La curiosité vers l’autre, le besoin d’échanger restent des constantes dans le voyage. Les gens les plus riches sont souvent les moins ouverts comme si l’argent créé une carapace qui les rend moins accessibles. Quelques fois, je me disais qu’en France, on retrouvait des paysages similaires. Comme quoi, on réalise la richesse de son propre pays en en visitant d’autres !
Enfin, l’itinérance en sac à dos m’a vraiment ouvert d’autres horizons sur la philosophie de la vie…
Sites utiles
Guide des réseaux d’hospitalité Voyager presque gratuit, Editions Solilang
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Wwoofing : voyager et apprendre
Par Manuel Miroglio
Consultant-Formateur Spécialiste en Tourisme Responsable et Solidaire Co-fondateur du Cabinet conseil SPE Tourism Co-organisateur du 1er Forum National du Tourisme Responsable 2010 Co-organisateur du 1er Festival Partir Autrement 2008 Coproducteur et coréalisateur du documentaire "La Caravane solidaire en Afrique, sur la piste dun tourisme responsable" 2008 Membre du comité de sélection des Trophées du Tourisme Responsable de voyages-sncf.com 2009-2010 Membre associé de l'Association pour le Tourisme Equitable & Solidaire Membre du réseau Ecoturismogenuino.ning.com Membre du Réseau Archimède, acteurs du tourisme solidaire en Ile-de-France
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