Interview de Marie Paule Eskénazi, responsable du Salon du tourisme durable.
Directrice de l’Absl Tourisme autrement, Marie Paule Eskénazi est aussi à l’origine du Salon du tourisme durable dont la 5e édition se tiendra les 14, 15 et 16 octobre à Bruxelles. Afin d’en savoir un peu plus sur ce salon singulier, Marie Paule a accepté de répondre à nos questions.
1/ Pouvez vous rappeler les circonstances de la naissance du Salon du tourisme durable dans votre ville et présenter Tourisme autrement, son initiateur ?
Ayant beaucoup voyagé – je n’ai pas « fait » des pays mais visité plus de 50 territoires – que ce soit pour des raisons professionnelles comme journaliste ou pour le plaisir ; j’ai constaté au fil des ans la dégradation des valeurs du tourisme et l’augmentation des impacts négatifs sur les populations hôtes. Avec quelques amis, j’ai donc créé cette asbl (association sans but lucratif) sur fonds propres. L’ambition : sensibiliser le public et les professionnels à d’autres modes de consommation touristique basés sur le Respect. Très vite, la nécessité de donner une large visibilité à des projets positifs s’est imposée dont la nécessité de créer un Salon. Un projet fou aux yeux de certains dont la Ministre du Tourisme de l’époque qui nous a cependant soutenus. Le 1er salon s’est déroulé en octobre 2006. Ce fut un succès. Nous en sommes à la 5è édition, preuve de l’intérêt du public et des professionnels.
Le Salon représente une des activités de l’asbl Tourisme Autrement qui poursuit par ailleurs son travail de sensibilisation au tourisme durable dans les écoles de tourisme et secondaires et qui développe également des projets de formation de professionnels.
2 / Le tourisme wallon sera particulièrement bien représenté sur votre salon cette année, pouvez vous nous donner deux/trois exemples d’initiatives de tourisme durable en Wallonie ?
Le tourisme de proximité sera bien représenté par la Wallonie et également par le Grand Duché du Luxembourg, un tourisme qui met en valeur les richesses naturelles mais aussi les producteurs locaux.
En Wallonie, soulignons la chaîne des terrils : ces monticules témoignent de l’histoire minière de la région et constituent des mini-réserves naturelles particulièrement riches en biodiversité. Ils complètent également le parcours à la découverte des castors récemment réimplantés. Autre initiative intéressante, les chemins du Rail, à savoir l’utilisation de voies ferrées désaffectées pour des circuits touristiques de mobilité lente qui permettent la découverte de l’ensemble du territoire en se basant sur les richesses locales. Un conseil d’amis : venez découvrir la Wallonie : c’est beau, c’est petit et c’est très accueillant !!!
3/ Avez-vous un thème précis pour l’édition du salon à venir ?
Notre slogan « aux actes citoyens » traduit notre engagement. Nous proposons au public de faire un pas de plus, de ne pas se contenter de se profiler en faveur d’un tourisme durable, d’une planète durable mais d’être un acteur de cette démarche. Donc de passer aux actes en s’informant davantage sur les possibilités – par exemple en visitant le Salon, en consultant les sites web, en participant à des débats et des rencontres – et en les choisissant pour leurs prochaines vacances. Ce slogan s’inscrit dans la foulée des appels à l’indignation, à l’engagement…
Pour la journée pédagogique du vendredi 14 à laquelle participent 1 000 étudiants, nous mettrons l’accent sur la découverte de l’Afrique autrement pour valoriser tous les aspects culturels et environnementaux de ce continent. Enfin, le samedi, nous organisons une rencontre sur le lien entre tourisme et enjeux climatiques. En permanence, des rencontres, conférences sont également organisées. Tout le programme sera mis en ligne à partir du 15 septembre.
4/ Cette année, un espace virtuel au sein du salon permettra de donner une visibilité aux opérateurs venant du sud. Comment avez-vous sélectionné ces différents opérateurs ? Ont-ils déjà des liens avec les voyagistes belges ?
Pour la première fois, le Salon physique sera complété par un Salon virtuel pour les porteurs de projets du Sud avec l’appui de la Coopération technique belge. Ce pavillon du tourisme durable est réservé à des opérateurs en tourisme équitable et s’inscrit dans le cadre de la semaine du commerce équitable.
C’est un pari audacieux qui permet de limiter les dépenses pour les opérateurs et de réduire la production de CO2 (pas de trajets en avion).
A cette date, début août, une trentaine d’opérateurs se sont déjà inscrits. Un certain nombre ont des liens avec les voyagistes belges, d’autres ont participé aux Salons précédents, d’autres enfin ont été acceptés sur dossier (lequel doit mettre en évidence les critères équitables).
5/ Les quatre précédents salons ont permis à 30 000 visiteurs (dont 8 000 lors de la dernière édition) de découvrir diverses initiatives de tourisme durable. Pensez-vous avoir à présent un public fidélisé ?
Sans aucun doute à en juger par le courrier important et les nombreuses sollicitations pour des conférences, animations, etc. Nous sommes d’ailleurs la seule association de ce type en Belgique francophone.
Pour cette 5e édition, nous avons une nouveauté qui devrait se traduire par une augmentation du public : le Salon sera organisé avec la participation d’un partenaire flamand, Living Stone Dialoog, qui partage toutes nos valeurs. Des étudiants en tourisme, multilingues, seront à la disposition du public pour faciliter tous les contacts et apporter la démonstration que le tourisme est un vecteur de rencontres de l’Autre.
6/ Vous avez récemment rejoint le réseau Greeters, avez-vous d’autres projets en cours et au-delà, des liens avec les réseaux du tourisme durable en France ou en Europe ?
En ce qui concerne les Greeters, le réseau bruxellois a essuyé les plâtres avec un énorme succès. Dans les prochaines semaines, un même réseau sera développé dans trois autres villes belges et d’autres demandes sont déjà à l’étude. Nous sommes membres actifs du Réseau international.
Nous avons également contribué à la création du réseau européen de tourisme responsable EARTH et nous entretenons des relations étroites avec l’ATES. Nous avons cependant une spécificité, à savoir que nous ne vendons pas ou ne représentons pas directement les opérateurs. Nous sommes une interface et entendons le rester…
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Plus d’info sur www.salondutourismedurable.be
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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