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Expat.com : la force du lien…

| Publié le 5 septembre 2016
Thèmatique :  Acteur associatif   Bons plans   Conseils   Portrait   Routes du Monde 
             

Plus d’un million sept-cent mille Français vivent à l’étranger. Une diaspora qui, jusqu’à il y a peu, n’était reliée d’aucune manière. Pas davantage aux Français qui, à leur tour, envisagent cet autre voyage, plus long et plus impliquant, qu’est l’expatriation… Et puis Julien Faliu a jeté une bouteille à la mer, proposant à tous de créer un espace commun d’échanges, d’information et d’entraide. Et ils ont répondu « oui ! ». En masse (1,6 millions d’inscrits !). Une sacrément belle histoire. Apéritif…

Voyageons Autrement : Comment a débuté l’aventure d’expat.com ?

Julien Faliu : Tout jeune ingénieur en informatique, je travaillais sur un projet professionnel trilingue qui devait me conduire aux Etats-Unis et pour lequel j’avais passé l’ensemble des entretiens préparatoires quand un certain 11 septembre est advenu. Et tout s’est arrêté. Au lieu de quoi, je suis entré chez Alcatel et, après un passage par Montpellier, toujours avide d’horizons lointains, je me suis inscrit à un programme d’échanges de 6 mois à Londres où je suis en réalité resté plus de deux ans.

Julien Faliu

VA : C’est là que tout a basculé ?

JF : Oui, parce que je cherchais des informations pratiques et concrètes sur l’expatriation (en Espagne) et n’en trouvais pas. Comme la vie à Londres était vraiment chère et qu’on m’offrait la possibilité de travailler à distance depuis Madrid, je me suis mis en tête de m’installer dans la capitale espagnole et ai cherché de l’info avant de me lancer… Et là : rien ! Rien d’intéressant, d’utile, de frais. Sauf… sur les blogs personnels. J’ai donc fini par m’intéresser à ce qui se racontait sur la blogospshère où j’ai découvert une activité d’une richesse insoupçonnée : Cambodge, Japon, Argentine, chacun racontait ses (mes)aventures et donnait des conseils à foison, des informations pratiques précieuses que vous ne trouviez nulle part ailleurs. A mon tour, j’ai donc créé un blog pour raconter mes propres pérégrinations et apporter ma pierre à l’édifice tout en me disant qu’il y avait vraiment quelque chose à faire avec cette formidable énergie et tous ces trésors de renseignements éparpillés.

VA : Et ce « quelque chose à faire » finalement, vous l’avez fait ?

JF : Oui, car cela ne m’a plus lâché une seconde, de jour comme de nuit et je me suis demandé comment je pourrais concilier mon travail et ce projet qui tournait en boucle sous mon crâne. En échangeant avec d’autres personnes, qui travaillaient dans l’informatique, sur l’île Maurice, j’ai alors compris (ces personnes de bonne volonté, sur place, m’y ont bien aidé !) que l’île Maurice était tout à fait le genre de pays où l’on pouvait monter sa boite et dégager un peu de temps pour ses projets personnels. Et c’est ce que j’ai fait : j’ai trouvé des investisseurs pour mon projet professionnel, j’ai déménagé sur l’île Maurice et j’y ai travaillé tout en consacrant une journée par semaine à mon projet perso : monter un grand site internet fédérant tous les expatriés du monde : expat.com

Home-TV52 

VA : Et cela a tout de suite « marché » ?

JF : Tout de suite, car les besoins d’information, de communication et de lien des gens sont considérables. En réalité, depuis le départ, c’est moi qui court derrière ce projet, qui semble m’avoir choisi et qui ne demande qu’à vivre sa propre vie. Aussitôt que j’ai eu lancé l’idée, j’ai pu compter sur le soutien de dizaines d’expatriés blogueurs qui ont tout de suite saisi l’intérêt de cette « fédération » des énergies et se sont mis à participer et à m’aider sans compter. A tous points de vue. Le site naissant a connu un tel engouement que j’ai bientôt lâché l’autre boulot (rémunéré), me suis mis à mon compte et ai ouvert le site à la publicité pour faire entrer un peu d’argent et pouvoir me payer ainsi que les frais de fonctionnement. Comme le site commençait à brasser de plus en plus de monde, j’ai également pu compter sur l’apport de quelques soutiens plus réguliers, comme la Caisse des Français de l’Etranger et divers déménageurs spécialisés intéressés à communiquer sur le site. Entre 2008 et 2010, durant toute la « professionnalisation » du site, ma vie a néanmoins ressemblé à une grande traversée du désert et je ne remercierai jamais assez tous les expatriés qui, bénévolement, ont donné de leurs temps pour nous aider à avance quand même.

VA : Parce qu’en réalité, ce sont surtout les expatriés eux-mêmes qui nourrissent le site, et le font vivre ?…

JF : Bien entendu, tout l’intérêt réside d’ailleurs dans cette dimension collective et participative. A laquelle la grande majorité des gens – au départ, rappelons-le, davantage branchés sur des récits persos, style blog – se sont parfaitement adaptés. De notre côté, depuis 2010 donc, nous proposons nombre de fonctionnalités utiles et pratiques, de l’information également et la possibilité pour chacun de s’emparer du site pour y créer des évènements, etc. mais ce qui fait la chair et la vie d’expat.com, ce sont les gens qui s’y connectent en continu, pas uniquement pour effectuer une demande ou apporter une réponse à une sollicitation ; le site est devenu un véritable réseau social ; le lieu abstrait et immatériel où se retrouvent nombre de Français de l’étranger. Une dimension qui a émergé lors du printemps arabe où l’on a alors vu fleurir en nombre sur le site les témoignages de ceux qui vivaient l’évènement en direct et éprouvaient le besoin d’en témoigner. Et elle s’est encore accrue, renforcée et solidifiée lors des attentats. Les Français qui vivaient à l’étranger se sont alors retrouvés et sentis très seuls et ils se sont naturellement retrouvés sur le site, cet « espace » commun où ils pouvaient entrer en contact avec les autres.

L’équipe d’Expat.com

VA : Un état d’esprit que vous tenez absolument à conserver et entretenir ?

JF : Tout à fait. Car le site est aujourd’hui à la croisée des chemins. Du temps a passé et, depuis 2010, nous sommes devenus une vraie PME. Qui emploie déjà 17 personnes à plein temps ! Les gens trouvent sur le site la plupart des services et informations dont ils ont besoin et, surtout, grâce au réseau humain tissé derrière, chacun est en mesure d’y entrer en contact, dans le pays de son choix, avec des personnes œuvrant dans le secteur d’activité qui l’intéresse, ou dont la vie de famille est identique, etc. Un sur-mesure vous mettant en contact avec des interlocuteurs idéaux pour vous, tel est le plus grand service que vous rend expat.com au départ. Interlocuteurs bien évidemment passées par là où vous allez le faire et se trouvant donc en mesure de vous diriger vers le bon dentiste, la bonne école, le bon contact, etc. Bref, de vous simplifier grandement la vie. Au point que l’un des premiers conseils donnés par les institutions officielles en charge de l’expatriation est de donner l’adresse du site aux futurs expats. Malgré cela, la notoriété d’expat.com est encore insuffisante pour lui permettre de passer un cap et d’être présent absolument partout. En Corée du sud, par exemple, les Français sont encore trop peu nombreux pour que nous y rendions un service vraiment efficace. Sachant qu’il y a un vrai besoin et donc, un marché, faut-il changer de modèle ? S’ouvrir aux investisseurs ? Travailler avec des médias ? (il y a tant de belles histoires qui se racontent sur le site ; incroyables et pourtant … vraies !) Faut-il employer des gens sur place là où l’essentiel est encore effectué par des bénévoles ? Tout est actuellement gratuit sur le site ; un point essentiel à mes yeux, bien dans l’esprit d’internet et de la communauté fondatrice, mais comment continuer d’avancer ?… Je suis en plein questionnement.

VA : Mais néanmoins heureux ?

JF : Personnellement, je suis aux anges ! Je réalise mon rêve d’étudiant informaticien passionné de cultures étrangères : mettre la technologie – ce qu’elle a de meilleur – au service de l’humain – et ce qu’il a de meilleur ! – pour l’aide à se relier à ses semblables. Quelle job, quelle chance ! Alors, oui : « merci ! merci et encore mercis à tous ». Rien que quand je lis les commentaires des gens qui racontent comment le site les a aidé (en les faisant entrer en contact avec d’autres personnes) et combien ils sont, à leur tour, prêts à aider les autres, cela me comble. Aujourd’hui, avec 1,6 millions de membres : 40% d’expatriés, 35% qui s’y préparent et 25% d’émigrés ou de binationaux, vous avez vraiment sous les yeux une ébauche de Wikipédia de l’expatriation !


Expat.com : la force du lien… | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Jerome Bourgine
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