La Faute, une vie en Corée du Nord

Après deux ans d’âpres négociations, Michaël Sztanke obient un visa pour la Corée du Nord afin de réaliser un documentaire. Il y restera dix jours, dix jours qui lui inspireront cette fiction documentaire basée sur son expérience sur place. Que dire ? La Corée du Nord est sûrement l’un des pays les plus fermés au monde. Le contrôle de la population y est total. Alors celui de deux journalistes occidentaux…

La Faute est inspirée d’une anecdote réelle. Alors que Michaël demandait à son guide ce qui se passerait si celui ci égarait son badge officiel à l’effigie de Kim Jong Un, ce dernier lui répond : « on n’égare pas son badge ». L’histoire démarre donc sur cette inexcusable faute, celle de Chol Il, qui travaille au Ministère des Affaires Etrangères. En suivant son inéluctable chute, le livre balaie la réalité d’un pays éprouvé par des années de totalitarisme. On y découvre un peuple exsangue, traumatisé par l’oeil de Pyongyang, sans aucune liberté individuelle. On y croise des femmes qui tentent de fuir en rejoignant la Chine du nord et des réseaux mafieux qui profitent de ces situations de détresse. On y voit des enfants aux corps décharnés par la famine, celle de 2012 qui a frappé les provinces rizicoles de Hwanghae et dont on sait si peu de choses en occident. Et d’ailleurs, qui a entendu parler de la grande famine de 1997, qui sait qu’alors, un million de nord-Coréens ont péri ? L’ambiance est lourde dans cet ouvrage, aussi lourde que les menaces qui pèsent sur les épaules de  Chol II alors qu’il promène ses deux journalistes en sachant pertinemment que le moindre faux pas lui sera fatal, des faux pas où la frontière entre négligence et malveillance est souvent ténue, aussi ténue qu’est la vie des hommes et des femmes en Corée du Nord.

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La Faute, une vie en Corée du Nord, texte de Michaël Sztanke et illustrations d’Alexis Chabert. Editions Delcourt. Mai 2014. 112 p. 15,95 €