#TourismeDurable
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Bruno DAVID, Président du Muséum national d’Histoire naturelle

| Publié le 2 février 2017
Thèmatique :  Acteur privé   Conseils   Espaces protégés   Institutionnel   Portrait 
             

Propos recueilli en introduction de la conférence « Qu’est-ce qu’un tourisme responsable ? Les paroxysmes » qui s’est tenu le 20 février 2017 au Muséum national d’Histoire naturelle.

Mon introduction pour l’ouverture de ce cycle prendra la forme d’une histoire. Il y a environ quatre années, je me trouvais sur un bateau de 120 mètres dans le cadre d’une campagne scientifique. Nous avons jeté l’ancre à côté d’une île volcanique qui est un cratère égueulé que la mer a envahi. Nous sommes entrés en zodiac à l’intérieur du cratère, de façon à ne pas perturber l’environnement. Cette petite île, Deception Island, se situe dans l’archipel des îles Shetlands qui borde l’Antarctique. Notre objectif était de réaliser des prélèvements. Un immense navire, chargé de touristes, est ensuite entré dans le cratère. Le navire a jeté l’ancre pour permettre aux touristes – quelques centaines – de débarquer sur la plage de cette île, où l’on trouve manchots, otaries, etc. La biodiversité marine ne comporte pas de crustacés durophages. Depuis quelques années, on observe pourtant des larves de crabes, partant notamment de cette petite île. En effet, ces larves s’accrochent aux coques des bateaux et sont ensuite relâchées. Deception Island est particulièrement sensible car, étant donné qu’il s’agit d’un cratère, il y a des remontées hydrothermales. L’eau y est chaude, parfois brulante. Elle peut donc servir de Cheval de Troie pour des espèces invasives qui pourraient s’installer en Antarctique en profitant par ailleurs du changement climatique.


Cet exemple reflète bien l’interface entre des environnements préservés comme l’Antarctique et une pression touristique croissante, générée par l’envie compréhensible d’observer de magnifiques paysages. Cette pression fait courir des risques considérables à des écosystèmes particulièrement fragiles. Cette dimension se situe au cœur de votre discussion sur l’interface entre le besoin de nature qui s’exprime et le fait que la simple action de s’y rendre, même avec les meilleures intentions, impacte négativement ces sites.


Bruno DAVID, Président du Muséum national d’Histoire naturelle | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Romain Vallon

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